Allégations de harcèlement sexuel et de pratique de paris illégaux : JMLS toujours pas interrogé par la police 45 jours après

Le Blue-Eyed Boy de la GRA et du GM a pu quitter le pays et revenir, et s’apprête à repartir malgré des accusations comprenant des « arrestable offences » formulées contre lui

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Le silence de la police devant ces graves allégations dont « illegal betting on a quasi-industrial scale » s’apparentant à une « protection of the Dark Prince » inquiète les avocats de la dénonciatrice, Mes Valayden et Goodary

Béatrice Kwan Tat déclare avoir fait l’objet d’actes de brutalité policière au CCID, d’intimidation et de brimades

Dans le sillage d’une dénonciation pour fraude de Rs 3 millions en juillet dernier au préjudice de SMS Pariaz, l’un des cinq suspects, Béatrice Kwan Tat, ancienne employée de SMS Pariaz et épouse du fils d’un cousin du magnat des paris, a proféré en juillet dernier de graves allégations à l’encontre de Jean Michel Lee Shim, le vrai patron de SMS Pariaz. Elle a accusé son patron de harcèlement sexuel, d’attouchements sur sa personne et de pratiques de paris illégaux. Deux mois et demi après, la police des commissaires Servansingh et Dip n’ont toujours pas pris la moindre mesure contre l’accusé, ne serait-ce, à ce stade, que le convoquer pour consigner sa version des faits. Cette situation est jugée choquante par l’entourage de la présumée victime et ses hommes de loi qui se disent sans voix devant le fait que Jean Michel Lee Shim a pu quitter le pays avec de telles accusations et revenir comme si de rien n’était.

Week-End a rencontré l’auteur de ces accusations, Béatrice Kwan Tat, née Roussel, au cours de la semaine écoulée en présence de son avocat, Me Rama Valayden, qui lui offre ses services pro bono. Elle a d’emblée raconté les circonstances brutales de son arrestation, à son domicile de La Tour Kœnig, qui a eu lieu malgré un courrier de son avocat daté du même jour, le 19 juillet, adressé au DCP Hemant Jangi du CCID. « Je ne m’y attendais pas du tout. Je dormais profondément avec mon petit dernier quand les policiers ont débarqué chez moi. Ils m’ont arrêtée sans autre forme de procès et m’ont obligée de me débarrasser de mon enfant. Je suis partie en laissant tout derrière moi. Mon incarcération a duré exactement 21 jours…, loin de mes trois enfants », déclare-t-elle.

Pourtant, dans ce courrier, Me Valayden a clairement fait comprendre à la police qu’il avait bien été informé par l’inspecteur Dowlut du CCID que Béatrice Kwan Tat était attendue pour un interrogatoire under warning dans l’affaire du détournement de Rs 3 millions. Mais comme sa cliente était malade et que lui-même n’était pas en bonne santé, il avait informé la police qu’ils ne pourraient donc se rendre à la convocation du 19 juillet et de fixer un nouveau rendez-vous. Les policiers avaient décidé autrement en allant chercher l’accusée à son domicile. Lors d’une des séances d’interrogatoire, Béatrice Kwan Tat, qui était détenue dans une cellule au poste de police de Sodnac, avait signifié son intention de dénoncer un homme d’affaires, connu sur la place publique, pour harcèlement sexuel à son encontre. Me Valayden avait entre-temps rencontré un haut gradé du CCID en présence de sa cliente le jeudi 22 juillet, quand il avait demandé que cette plainte soit enregistrée “in camera”, étant donné que l’accusé est une personnalité très proche du pouvoir. La police n’avait pas d’objection et avait indiqué qu’elle sera consignée le vendredi 23 juillet au plus tard

L’homme de loi avait fait comprendre à la police que la plainte de sa cliente « doit être traitée différemment du cas allégué de détournement de Rs 3 millions » et que ces deux dossiers « ne doivent pas être mélangés ». Simultanément, Me Valayden avait adressé un deuxième courrier à la police, cette fois adressée au commissaire de police, Khemraj Servansing, en date du 23 juillet, l’informant que Beatrice Kwan Tat « has a very sensitive declaration to make which comprises, inter alia, sexual assault and sexual harassment by her former employer who is a very influent and affluent person ».

La demande a été formulée pour que la déposition de Mme Kwan Tat soit consignée le samedi 24 juillet en présence d’au moins une femme policière et les autres enquêteurs, car la crainte que sa cliente soit victime d’une maldonne en cellule policière est réelle dans un contexte où le principe de « pot de terre contre pot de fer » est évident.

Devant le silence du commissaire de police Servansingh, une nouvelle demande de l’avocat lui est adressée expliquant que tout délai est favorable aux personnes puissantes qui peuvent trouver le temps de préparer des défenses. Ce ne sera que le jeudi 29 juillet, soit cinq jours après la demande initiale, que Béatrice Kwan Tat est enfin entendue entre 18h et 22h au poste de police de Sodnac par le sergent Makhaan.

Dans une nouvelle lettre de Me Valayden adressée le 30 juillet au commissaire de police, outre les accusations de harcèlement sexuel, Mme Kwan Tat a fait des révélations avec des informations extrêmement sensibles concernant un mécanisme de paris illégaux, tout en donnant les noms et adresses des personnes impliquées. Le commissaire Servansingh est prié de faire agir rapidement ses services pour éviter que les preuves soient effacées. Aucune action n’a été enclenchée dans ce contexte, et Mme Kwan Tat, pas très loquace, devait néanmoins confirmer à

Week-End : « Le JMLS Building à Coromandel est bien le centre opérationnel et il y a de véritables experts en informatique qui font tout cela. Mais d’autres bureaux sont utilisés dans le cadre de ces paris illégaux. J’ai appris que l’un d’entre eux dans la banlieue de la capitale a été fermé et que les machines ont été déplacées. » Devant le silence embarrassé de la police, Me Valayden a adressé une nouvelle correspondance à l’Acting Commissioner of Police, Anil Kumar Dip, le 4 août, soulignant que « Mrs Béatrice Kwan Tat has on Thursday 29th July 2021 evening, given a declaration at Sodnac Police station to sergeant Makhaan, a very professional officer, against one M. Jean Michel Lee Shim for sexual harssasment and also of the involvement of the latter in cases of illegal betting. She has two more statements to make but unfortunately up to now same have not been recorded ».

The Republic is losing millions of rupees
per week

Le commissaire Dip est également informé par les hommes de loi de Mme Kwan Tat que leur cliente a été frappée, intimidée au point d’avoir peur et fait l’objet de pression de la part des membres du CCID lors des interrogatoires concernant la fraude de Rs 3 millions au préjudice de SMS Pariaz. « Zotte ti pile lor mo lipié mari fort enba la table kan mo pas donne répons qui zotte oulé. Zotte également intimide moi surtout kot péna kaméra zot bouscule moi et dir e moi ki mo pou gagne problem si mo kotinié faire kouma mo pé faire ek ki mo pou rest pli longtan dans kaso loin mo zefan. Zotte profite l’eskalier CCID kot pena camera pou menasse ou ! » devait-elle confirmer à Week-End. Une nouvelle lettre frappée du sceau de « strictly confidential et extremely urgent », douze jours plus tard, est transmise au CP Dip le 16 août, où les avocats de Mme Kwan Tat disent leur inquiétude et leur foi dans le fait que tout est fait pour que celui qu’ils appellent le « Dark Prince » soit protégé et que le temps nécessaire lui est donné pour faire disparaître toutes les preuves. Depuis les graves accusations de Mme Kwan Tat le 30 juillet, rien n’a été fait concernant les gravissimes allégations qui méritaient pourtant une réponse rapide des autorités, ce qui est la norme dans des cas semblables.

La police, la MRA, la GRA, l’ICAC et même le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ministre de l’Intérieur, qui a dû être informé par les deux commissaires de police, Servansing et DIP, lors de leurs briefings quotidiens de cette affaire d’ « illegal betting on a quasi-industrial scale while the Republic is losing millions of rupees per week », sont aujourd’hui dans la ligne de mire d’avoir fauté au moins par inaction. Au cas où le le PM n’aurait pas été informé, il devra prendre ses responsabilités et agir en conséquence. Cet immobilisme de la police et le silence assourdissant des autorités, comme ce fut le cas dans l’affaire de courses truquées dénoncées preuve à l’appui par Paul Bebee, a toujours cours aujourd’hui presque 45 jours après les révélations de Béatrice Kwan Tat. Et ce, malgré une nouvelle lettre de Me Valayden le 7 septembre dernier, qui annonce à la police que les graves accusations à la police, comme le harcèlement sexuel et l’illegal betting qui pèsent sur Michel Lee Shim, le patron de SMS Pariaz, devait prendre l’avion ce jour-là. Jean Michel Lee Shim est parti sans jamais être inquiété. Il est rentré au pays il y a une dizaine de jours. Et toujours rien. Pire, il s’apprêterait selon son entourage à repartir hier soir, ou dans les jours qui viennent pour Londres en prévision du déplacement des membres de la délégation mauricienne se rendant à Glasgow dans le cadre de la COP26.

Affaire plus que jamais à suivre !

 

Les antécédents

Jean Michel Lee Shim, la police et la justice

Jean Michel Lee Shim (JMLS) a déjà eu affaire à la police à Maurice. La saisie de documents en 2009 à la succursale de Goodlands de SMS Pariaz avait permis à l’équipe de la section de la police affectée au Betting, dirigée par le haut gradé de la police Hector Tuyau, de procéder à l’arrestation de l’actionnaire déclaré de SMS Pariaz, qui ne bénéficiait pas d’autant de protection qu’aujourd’hui malgré sa proximité connue à l’époque avec le Parti travailliste au pouvoir. Il avait obtenu une libération sous caution avant que son affaire ne soit rayée par le bureau du Directeur des Poursuites Publiques. À la suite de cette affaire, son nom a étrangement disparu comme Shareholder ou director de bon nombre de ses compagnies, dont SMS Pariaz, où l’actionnaire unique est aujourd’hui officiellement Thandrayan Pazany. Un document de 2015 à la GRA indique qu’il agit en fait comme proxy de JMLS.

Par ailleurs, Paul Foo Kune, propriétaire du réseau de paris Play on Line Ltd, avait déposé une plainte officielle auprès du CCID contre son ancien associé Jean-Michel Lee Shim en mai 2013, l’accusant d’avoir corrompu des secrétaires des juges. Foo Kune a allégué que les pots-de-vin de Lee Shim avaient assuré un jugement favorable concernant les licences octroyées par Sport Data Feed, qui possédait les droits sur les matches de football dans certains pays européens, dont l’Angleterre. Plusieurs fonctionnaires employés dans la magistrature avaient été arrêtés…

Comme il vivait à Londres, qu’il a rejoint précipitamment, ce n’est fut que deux ans plus tard que la police a finalement interrogé Lee Shim, en 2015, après que le MSM a pris le pouvoir. La police britannique avait également ouvert une enquête sur cette affaire après une plainte de Foo Kune dans ce pays. Les Casernes centrales et les autorités anglaises ont dû collaborer dans le cadre de cette enquête de longue haleine. Ainsi, la déposition de Jean Michel Lee Shim à la police en Grande-Bretagne a fini par atterrir aux Casernes centrales pour permettre à celle-ci de voir plus clair dans cette affaire.

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