Attaque à Paris: l’identité réelle de l’assaillant au cœur de l’enquête

Trois jours après l’attaque au hachoir à Paris près de l’ancien siège du magazine satirique Charlie Hebdo, les enquêteurs tentaient lundi de faire la lumière sur la véritable identité de l’assaillant, qui s’est présenté jusqu’à présent comme un Pakistanais de 18 ans.

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Cet homme, qui a reconnu avoir blessé grièvement vendredi deux salariés de l’agence de presse Premières Lignes en pensant s’en prendre à des journalistes de Charlie Hebdo, se présente comme Hassan A., âgé de 18 ans, né à Mandi Bahauddin, une ville agricole du Pendjab, au Pakistan.

Cette identité correspond à celle d’un jeune homme entré en France encore mineur, il y a trois ans. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance en région parisienne jusqu’à sa majorité en août, il ne présentait « aucun signe de radicalisation », selon les autorités locales.

Il n’était pas connu non plus par les services spécialisés, n’étant inscrit dans aucune base de données des renseignements.

C’est en analysant son téléphone portable que les policiers de la brigade criminelle et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), chargés de l’enquête sous l’autorité du parquet national antiterroriste (Pnat), ont mis la main sur une photo d’une pièce d’identité.

Selon ce document, Hassan A. s’appellerait en réalité « Zaheer Hassan Mehmood » et aurait 25 ans, ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier, confirmant une information du quotidien Le Monde.

C’est sous cette identité que s’est présenté l’homme dans une vidéo de revendication enregistrée avant l’attaque et authentifiée par les enquêteurs, selon une source proche du dossier.

Dans ce document de deux minutes, qui a circulé durant le week-end sur les réseaux sociaux, l’assaillant revendique son geste à venir, sans faire allégeance à une quelconque organisation, et l’explique par « les caricatures du prophète Mohammed qui ont été faites ».

L’homme n’aurait pas supporté la republication par Charlie Hebdo de caricatures du prophète Mahomet, déjà à l’origine de la sanglante attaque jihadiste qui avait décimé la rédaction du journal en janvier 2015. Charlie les a republiées à la veille de l’ouverture du procès de cet attentat, début septembre.

« Aujourd’hui, vendredi 25 septembre, je vais les condamner », ajoute l’agresseur dans la vidéo, revendiquant avoir pour « guide » le mollah Ilyas Qadri, chef de file du Dawat-e-Islami, un groupe religieux apolitique et non-violent d’inspiration soufie, basé au Pakistan.

– Téléphones portables saisis –

Des perquisitions dans deux des domiciles présumés de cet homme présenté comme « itinérant », dans un hôtel social à Cergy-Pontoise et un appartement de Pantin, près de Paris, ont permis la saisie de matériel, notamment des téléphones portables, dont l’analyse pourrait permettre d’en savoir davantage sur son parcours avant son arrivée en France en 2018.

La garde à vue de l’assaillant, qui parle mal le français et est assisté d’un interprète en ourdou, a été prolongée de 48 heures dimanche, a indiqué une source judiciaire à l’AFP.

Cinq autres gardes à vue sont encore en cours lundi: trois anciens colocataires du principal suspect dans son appartement de Pantin, son petit frère et une connaissance.

Ces auditions consistent pour l’heure à comprendre l' »environnement » de l’assaillant car, selon une source proche du dossier, « tout laisse à penser qu’il a agi seul ».

Cinq autres personnes ont déjà été libérées, dont « Youssef », dès vendredi soir. Cet homme de 33 ans, initialement considéré comme suspect, a raconté à des médias comment il s’est retrouvé en garde à vue, alors qu’il avait en réalité tenté d’arrêter l’attaquant : « Je voulais être un héros, je me suis retrouvé derrière les barreaux ».

Dimanche, le patron de la « task force » antiterroriste de la présidence Laurent Nuñez a estimé dans un entretien à l’AFP que « nous améliorons la détection » en la matière mais « il faut resserrer encore les mailles du filet ».

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a jugé que les Français et leurs dirigeants avaient « peut-être (…) collectivement » évacué la menace du « terrorisme islamique » et qu’il lui revenait de leur « rappeler la réalité ».

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