(COM) Nomination à la commission des athlètes : Contraire à la Charte olympique !

-Peut-on défendre l’olympisme lorsqu’une de ses valeurs fondamentales est bafouée ? -Désormais, aucune obligation pour les représentants d’athlètes de se retirer du comité

Le Comité olympique mauricien (COM) a amendé l’Article 5 (Membership) 2 (c) de sa Constitution lors de l’assemblée générale annuelle tenue le 3 septembre à Trianon. Déjà, nous évoquions cet aspect lié à la Commission des athlètes, plus particulièrement la décision inquiétante du COM de ne plus procéder aux élections pour élire ses deux représentants. Une atteinte à la démocratie et surtout contraire à la Charte olympique. Ce qui est cependant encore plus grave, c’est que le président du COM, Philippe Hao Thyn Voon, est conscient, lui-même, du problème et l’évoque dans une interview, il y a une semaine !

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Le COM peut-il aller à l’encontre de la Charte olympique, «… en tant que document de base de nature constitutionnelle, fixe et rappelle les principes fondamentaux et les valeurs essentielles de l’Olympisme », comme expliqué dans un document de 110 pages ? Certainement pas. Car au cas contraire, ce serait l’anarchie. Sauf que le COM a décidé d’aller en sens inverse, même s’il est clairement précisé que toutes les parties concernées doivent se soumettre à la Charte olympique.

La « Mission et rôle du CIO » — dont forcément des comités nationaux olympiques — étant « d’encourager et soutenir la promotion de l’éthique et de la bonne gouvernance dans le sport ainsi que l’éducation de la jeunesse par le sport, et de s’attacher à ce que l’esprit de fair-play règne dans le sport et que la violence en soit bannie. » Mention y est également faite « de protéger son indépendance, de maintenir et promouvoir sa neutralité politique et de préserver l’autonomie du sport. »

Visiblement, l’amendement de l’Article 5.2 (c) du COM du 3 septembre est en totale contradiction avec la Charte olympique, privant aux anciens athlètes de la liberté d’élire démocratiquement leurs représentants pour siéger au sein de l’exécutif du COM. Car autant que nous le sachions, le chapitre 4 (1) (Composition des CNO) sous-section 1.3 de la Charte olympique parle « des représentants élus des athlètes » et non de nomination ! Est-ce à dire que le COM a eu une dérogation pour omettre ce point aussi important ? Aucune mention n’est faite à ce sujet précis.

Philippe Hao Thyn Voon le dit, lui-même, après la décision d’omettre des élections pour procéder à des nominations. Il avance, dans une interview, qu’une copie de l’amendement a été envoyée au CIO : « En sachant que le CIO renversera une décision d’un Comité national olympique (CNO) s’il juge que cela va à l’encontre de sa Charte. » Décidément, c’est à ne plus rien comprendre !

Ainsi donc, le COM a fait le choix d’aller à l’encontre d’un des principes du CIO en mettant le doigt sur un point très sensible, touchant directement à la liberté d’un membre . Forcément, il va falloir attendre pour voir ce que le CIO décidera sur ce sujet très sensible, lui qui est justement responsable de faire véhiculer et respecter les valeurs fondamentales de l’olympisme.

Ce qui est toutefois sûr, c’est que l’amendement apporté par le COM suscite interrogations et inquiétudes, étant donné qu’enlever le droit de vote constitue une sérieuse atteinte à la constitution du CIO. Donc pas question, à notre niveau, de passer sous silence sur cette entorse, peu importe si Philippe Hao Thyn Voon s’appuie, lui, sur le nombre de candidats restreint aux postes de représentants d’athlètes au sein du COM.

Des interrogations subsistent

Car pour nous, il est clair que la démarche du COM est dangereuse pour la démocratie. Pour mieux comprendre, le nouveau statut se lit comme suit: « Two retired athletes representing both genders having taken part in the Olympic Games. Those athletes shall be nominated by the Executive Committee…» L’ancien, lui, faisait référence à : « Two retired athletes representing both genders having taken part in the Olympic Games. Those athletes will be elected by the Executive Committee. National Olympians Association of the Mauritius Olympic Committee which shall be established according to the IOC Guidelines…»
Déjà, le COM sème le doute en enlevant cette partie de phrase : «…according to the IOC Guidelines…» Ce qui interpelle encore plus, c’est la décision du COM de ne plus imposer aux éventuels représentants nommés la clause de : «…They shall retire from the managing committee at latest by the end of the third Olympiad after the last Olympic Games in which they took part and shall have such voting rights at both General Assembly and the Executive Committee. » Est-ce donc à dire que les représentants d’athlète que choisiront Philippe Hao Thyn Voon et ses membres n’auront plus l’obligation de se retirer du comité à la fin des troisièmes olympiades et après les derniers Jeux olympiques auxquels ils ont participé ?

Même la Sports Act 2016 rejoint les principes fondamentaux de la Charte olympique. A la partie IV (OLYMPIC COMMITTEES) Sub-Part A – Mauritius Olympic Committee, mention est d’ailleurs faite, à la section 2 (b), de : « uphold and operate on the principles of good governance, transparency, democracy, fairness and non-discrimination. »

En somme, cet amendement à la Commission des athlètes et les nouvelles conditions liées à sa constitution sont à déplorer. Si le président de l’Association mauricienne d’Athlétisme (AMA), Vivian Gungaram, a osé toucher ce point sensible, le 3 septembre, en revanche, Philippe Hao Thyn Voon semble faire l’unanimité, tant au niveau des membres de son exécutif que des présidents de fédération présents lors de cette assemblée générale annuelle. Au moins, ont-ils tous saisi l’ampleur de cet amendement avant de l’approuver ? Toujours est-il que ceux qui sont pour ce changement devront désormais assumer leurs responsabilités, non seulement vis-à-vis des athlètes, mais également envers le CIO.

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