Court of Investigation – Naufrage du Tug Sir Gaëtan : Possible « tampering » des pièces à conviction

– L’Attorney General’s Office demande à la Cour d’ordonner une enquête policière

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– Les quatre rescapés confirment que le câble utilisé pour le remorquage n’est pas celui représenté dans les photos prises par les enquêteurs

Coup de théâtre lors des travaux de la Court of Investigation, présidée par l’ancien juge Gérard Angoh, sur le naufrage du Tug Sir Gaëtan de la Mauritius Ports Authority au large de Poudre d’Or dans la soirée du 31 août 2020. Hier, les quatre rescapés de cette tragédie, en l’occurrence Philippe Montagne Longue, Tandore L’Aiguille, Elvis Alain Eléonore et Yan Sun Fong, ont d’emblée déclaré que c’est la bitte d’amarrage de la barge L’Ami Constant, appartenant à la société Taylor Smith, qui avait cédé, et non le câble métallique utilisé pour le remorquage.

D’ailleurs, appelés à identifier ce câble sur les photos prises par les enquêteurs, les rescapés, qui ont été assignés à témoigner de nouveau après leur audition du 7 juillet dernier, ont confirmé que ce n’était pas celui-ci qui avait été utilisé.

Évoquant un possible Tampering, la représentante du bureau de l’Attorney General, Me Yogeshwaree Boodhun, a demandé à la Cour d’ordonner une enquête policière dans cette grave affaire.

Elvis Alain Eléonore, premier à être appelé à la barre des témoins, devait expliquer qu’il était de ceux s’étant rendus au Quai C, au port, pour récupérer le câble métallique qui allait être utilisé pour le remorquage. Invité par Me Boodhun à identifier le câble sur les photos qu’avaient prises les enquêteurs le 7 septembre, soit quelques jours après la tragédie, le témoin a déclaré avec conviction que ce n’était pas celui-là.

L’ancien juge Gérard Angoh et ses assesseurs ont alors suspendu l’audience en vue de dresser un Sketch dudit câble pour demander au témoin une nouvelle fois de confirmer quel type de câble avait été utilisé. Mais Elvis Alain Eléonore est resté catégorique sur le fait que le câble sur les clichés de la police n’était pas celui qu’ils avaient utilisé. Le témoin devait également maintenir que c’est la bitte d’amarrage de la barge L’Ami Constant qui avait cédé, et non le câble utilisé pour le remorquage. « A oken moman lakord pann kase, se la bitte depi barg-la kinn kase », s’est-il appesanti.

« Ti dan sok »

Les trois autres rescapés, Philippe Montagne Longue, Tandore L’Aiguille et Yan Sun Fong, ont aussi été entendus une nouvelle fois. Ils ont confirmé avoir récupéré le câble métallique qui avait été utilisé pour le remorquage. En identifiant les photos prises, tous trois ont aussi indiqué que ce n’était pas le même câble, donnant ensuite une tout autre description de celui qu’ils avaient utilisé. Interrogés par Me Boodhun sur la possibilité qu’il y ait eu une manipulation du câble par d’autres personnes, les quatre témoins n’ont pas été en mesure de répondre.

Les quatre rescapés ont été unanimes à déclarer que ce n’était pas le câble qui avait cédé, mais la bitte d’amarrage de la barge. Yan Sun Fong a été confronté à sa déposition consignée à la police, dans laquelle il avait déclaré que le câble s’était cassé.
En Cour hier, il est revenu sur sa déclaration, indiquant qu’au moment de sa déposition, il était toujours en état de choc. « Sa moman-la ti dan sok, pa ti pe konpran. Me zordi mo pa kapav dir si lakord-la ti kase », a-t-il dit.
Face à ce nouveau développement de taille, la représentante du bureau de l’Attorney General a demandé à la Cour d’investigation d’ordonner une enquête policière pour élucider le mystère entourant ce fameux câble pris en photo par la police et présenté comme celui qui avait été utilisé pour le remorquage. L’ancien juge Gérard Angoh fera connaître sa position à la prochaine audience, prévue vendredi.

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