COVID-19, le variant Delta, l’été et la climatisation

Avec la COVID-19, les annonces de décès prennent deux fois plus de colonnes dans le journal. Toutes les mortalités ne sont pas liées au coronavirus, mais il y a des cas qui se sont détériorés, sinon qui n’ont pas eu l’attention nécessaire à cause de la pandémie prédominante. Les vagues de chaleur peuvent aussi mener à plus de morts. Avec l’été qui s’annonce encore une fois infernal sous l’impact du changement climatique, il faut s’attendre à des cas de déshydratation, d’épuisement, de troubles respiratoires et de complications cardiovasculaires, sinon d’aggravation de l’état de santé de personnes vulnérables à une canicule. Les climatiseurs font partie de notre quotidien, leur vente affichant une hausse moyenne de 50% par an. Mais si nous ne savons pas gérer la climatisation, le risque que la pandémie se propage davantage est significatif, surtout avec le variant Delta qui fait tant de ravages déjà. Cela s’applique tant à la climatisation dans les bâtiments que dans les bus et les voitures, comme dans les salles spécialisées dans les hôpitaux.

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Ignorance

Fin 2019, l’OMS tarde à alerter le monde sur le risque d’une pandémie. L’inévitable arrive et si nous nous rappelons bien les faits, il y a aussitôt une polémique sur le rôle des climatiseurs dans la transmission du coronavirus. L’OMS tarde à s’imposer et des instances professionnelles, telle l’ASHRAE qui défend le secteur en question, viennent de l’avant avec ses propres directives en matière de climatisation. Le fait est que nous savons aujourd’hui que les climatiseurs conventionnels ne sont pas conçus pour filtrer et éliminer le coronavirus. Au contraire, si nous ne savons pas les utiliser, nous risquons sérieusement de propager la pandémie. ASHRAE, comme une vingtaine d’organismes de ce domaine au monde, propose différentes directives et normes afin de faire face à la pandémie mais trop d’utilisateurs, et aussi de professionnels, les ignorent.

Par exemple, contre la COVID-19, les climatiseurs doivent avoir des filtres de qualité MERV 13 au minimum. Mais souvent ces filtres ne sont pas disponibles, ou compatibles avec les modèles et les pressions employées dans différents contextes. Des fois, des unités de stérilisation à l’ultra-violet C sont nécessaires ou des climatiseurs personnalisés sont proposés pour une meilleure protection. Toutes ces solutions sont coûteuses. Il faut aussi compter avec une consommation énergétique accrue entre 20% et 150% lorsque la climatisation est ajustée afin de réduire les risques de transmission du coronavirus. À titre d’exemple, à Shanghai seulement, la demande que pour ce besoin a multiplié par 5 avec pandémie dans les bâtiments publics pour atteindre 5 5223 GWh. Comme comparaison, pour tout notre pays la demande en électricité n’était que d’environ 3000 GWh.

Management de l’énergie

De la Chine jusqu’ici, comme dans le reste du monde, la climatisation est fréquemment inévitable. Le défi est de l’alimenter par des moyens écologiques comme avec les énergies propres. D’un côté, il y a la menace de catastrophes causées par le réchauffement de la terre à cause de l’usage des énergies fossiles, et de l’autre il y a le besoin de faire face à la pandémie en ayant recours à plus d’énergie. C’est là que le management de cette dernière devient crucial.

Mais dans toutes ces situations, avec la prévalence de la COVID-19, il faudra repenser le design des systèmes où la climatisation est appliquée. Ci-jointe est une illustration puisée des dernières recherches de Zhang et al. (2021) pour montrer comment il faudra faire avec la pandémie dans les moyens de transport public, dans les salles d’opération chirurgicale, dans les unités d’isolement, dans les bureaux ou dans les salles d’examen.

Ventilation naturelle

Selon l’UNICEF, plus de 168 millions d’enfants ont manqué l’école pendant plus d’une année avec la pandémie. Certes, comme ici actuellement, les cours en ligne sont possibles mais en aucun cas cela n’est une solution en soi, et pour tous. Il faudra rouvrir les institutions éducatives un jour, même si cela se fera autrement par rapport au passé. C’est sans doute là que la ventilation naturelle a son importance. Dans une île tropicale qui ne connait pas de températures extrêmement élevées de l’ordre de plus de 40oC, même avec le changement climatique pour le moment, des cours à l’extérieur en plein air sont envisageables assez fréquemment. Lorsque c’est l’humidité ambiante qui résulte en la sensation d’une chaleur étouffante, la ventilation naturelle à contre-courant peut être efficace au lieu de la climatisation conventionnelle.

En Corée du Sud, une étude a démontré que, même partielle, une ventilation naturelle peut être performante. La possibilité de contamination du coronavirus dans une classe est réduite à moins de 1 % lorsque la circulation d’air est de 1, 100 CMH pour une durée de 3 heures avec le port du masque. Avec des climatiseurs conventionnels, mais en laissant les fenêtres ouvertes partiellement, il est possible de prévenir la transmission du virus. Certes, la consommation d’électricité sera plus élevée, mais il y a urgence à empêcher la propagation du coronavirus particulièrement avec des formes aussi virulentes que le variant delta. Il est de même pour les formes mécaniques de climatisation comme les ventilateurs d’usage qui peuvent aider à la dispersion des aérosols contaminés. Ces ventilateurs positionnés correctement avec des flux bien dirigés sont efficaces lorsque, par exemple, il y a des plafonds élevés et des ouvertures suffisantes.

Conclusion

Au moment où les retombées, si minces, de la COP-26 sur le climat nous rappellent autant l’urgence de s’adapter au réchauffement de la terre qu’au besoin d’une transition énergétique radicale, la pandémie de la COVID-19 nous place à la croisée des chemins. L’exemple de la climatisation, un processus des fois nécessaire, nous interpelle concernant nos choix de sources d’énergie comme dans la considération de critères anti-COVID-19 dans le design de nos bâtiments et autres infrastructures.

La ventilation naturelle, y compris en extérieur, est une opportunité dans les climats tropicaux surtout lorsque les directives et normes sur l’usage des climatiseurs ne sont pas maîtrisées par rapport à la pandémie, sinon se trouvent être trop coûteuses à mettre en œuvre. Avec l’été, une mauvaise gestion de l’énergie peut coûter des vies avec la transmission du coronavirus. Sans oublier le fardeau sur l’importation que représentent les énergies fossiles et leurs impacts sur la santé et l’environnement. Une climatisation nullement adaptée pour empêcher la transmission du virus peut avoir des conséquences graves, que ce soit dans une salle d’opération chirurgicale, dans un avion bondé de passagers, dans un immeuble occupé ou même dans un bus tel que nous le voyons sur nos routes aujourd’hui.

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