Réouverture des frontières et avant le variant Omicron : Grand-Baie affiche une très timide reprise

La réouverture des frontières après 18 mois était porteuse d’espoir : voir à nouveau les touristes passer du bon moment, à leur aise, à Grand-Baie. Or, cet espoir a été de très courte durée pour ceux qui attendaient une telle situation afin de redémarrer leurs opérations et recouvrer les pertes encourues depuis mars 2020.

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Les rues sont presque vides, les magasins affichent grise mine. Et l’on peut compter, en quelques secondes, le nombre de clients dans les restaurants. Et cela juste avant que le variant Omicron ne s’annonce en catastrophe depuis le week-end dernier suivi de la décision de la France de classer Maurice dans la liste rouge écarlate.

Spécialisé dans la préparation du briani et d’autres mets spéciaux, Sabir Owadally, un habitant de Grand-Baie qui gère un petit étal avec sa famille devant la plage du village, n’a jamais vécu une situation pareille de toute sa vie. Il a pris le relais de son père, qui y était pendanst 45 ans. « La clientèle a chuté de moitié depuis que les frontières sont fermées. Et à la réouverture, les clients se font toujours rares. Auparavant, nous pouvions écouler 110 plats. Aujourd’hui, nous ne vendons que 50. Malgré la fermeture, nous avons usé de nos moyens afin de pouvoir assurer nos activités », confie-t-il sans aucune idée dfe ce que sera le lendemain .

Ayant repris ses activités le 1er octobre, Sabir Owadally fait part qu’il ne prépare plus la même quantité de briani comme il le faisait auparavant. Et d’ajouter qu’il arrive difficilement à tout écouler. « Vu les circonstances difficiles, nous sommes obligés d’arriver tôt le matin et de terminer plus tard que d’habitude. Nous ne pouvons pas revoir nos prix à la hausse même si ceux des matières premières ne cessent d’augmenter. »

Alors que le soleil était à son zénith, et pas un client en vue. « Je dois être constamment debout et essayer de trase pour avoir un client », avoue le propriétaire. Il qualifie les moments qu’il vit de très durs pour lui et sa famille. Afin de pouvoir continuer à assurer ses activités malgré sa condition actuelle, il dit devoir baisser le prix dans l’après-midi pour ne pas avoir à retourner le briani à la maison, quoiqu’il soit obligé de le faire de temps en temps.

Un peu plus loin, Mihir Rughoonauth aide son père à vendre des gâteaux salés et d’autres menus typiquement locaux. « On s’attendait qu’il y ait autant de touristes qu’en 2019 mais ce n’est pas le cas. Nous ne voyons plus les touristes qui aiment la nourriture que nous préparons », regrette-t-il. Or, depuis la réouverture des frontières, une légère reprise a été notée dans ses activités. « Grâce aux quelques touristes qui viennent à Grand-Baie, nous voyons davantage plus de Mauriciens qui viennent aussi. De ce fait, nous avons deux catégories de clients », constate-t-il.

Mais pour ce jeune homme, le business que gère son père n’est plus le même. La quantité de gâteaux préparés au quotidien a chuté dramatiquement, et certains ne sont même pas vendus le soir. De plus, la concurrence n’aide pas. Par ailleurs, pour éviter toute contamination au Covid-19, il a dû installer des cordes pour empêcher que les clients s’approchent à moins d’un mètre.

De plus, chaque client est appelé à respecter la distanciation sociale. « Ces mesures sont importantes. Toutefois, nous passons plus de temps avec un client maintenant. Nous ne pouvons pas servir deux ou trois clients à la fois », avoue Mihir Rughoonauth. À cause de cette situation, il dira que la préparation et la vente de gâteaux et d’autres repas démarrent maintenant à 9h et se terminent à 18h. Le jeune homme garde peu d’espoir que Grand-Baie sera le même village à l’époque où les touristes abondaient. Mais c’était sans prévoir le variant venu d’Afrique du Sud.
Un peu plus loin, Vikash Gooroochurn, aussi habitant du village et marchand de poissons, note que Grand-Baie affiche grise mine. « Je n’ai jamais connu Grand-Baie aussi moche en décembre. Nous voyons très peu de touristes. La vente de poissons a baissé. Les banians et les restaurants n’achètent plus comme auparavant », se désole-t-il. Afin de pouvoir écouler ses achats, il dit être obligé de baisser son prix.

Par ailleurs, il note qu’environ une vingtaine de touristes ne viennent que pour marcher et passer un peu de temps à Grand-Baie. L’apparition du variant Omicron, selon lui, a peut-être calmé l’ardeur des touristes à sortir. De plus, a-t-il ajouté, il se pourrait que les hôtels fassent de meilleures offres aux touristes. De ce fait, ces derniers passent plus de temps à l’hôtel. Ce marchand dit ne pas garder espoir que 2021 finira sur une bonne note.
Face à la plage, des restaurants sont ouverts et quelques clients, un mélange de Mauriciens et de touristes, déjeunent. Dans l’un, à peine quatre personnes sont attablées. Une grande déception pour le gérant. « Nous avons pensé qu’à la réouverture des frontières, plus de touristes allaient venir à Grand-Baie. Mais ce n’est pas le cas. Le nombre de touristes à notre restaurant est très peu. Depuis que le variant Omicron a été détecté, ce nombre a encore drastiquement chuté », déplore-t-il. Le restaurant, selon lui, lutte contre vents et marées afin de pouvoir assurer sa survie.

Tout comme lui, un autre restaurant spécialisé dans la confection de menus chinois voit rouge. « Les affaires vont très mal. Le restaurant est vide. Cette situation dure depuis l’année dernière. Nous arrivons difficilement à soutenir nos activités », soutient le propriétaire qui a souhaité garder l’anonymat. Il gardait espoir que les activités de son restaurant allaient recommencer comme sur des roulettes à partir du 1er octobre. Mais les offres des hôtels, fait-il part, ont ajouté à la déception étant donné que ces établissements font des offres alléchantes.

« Nous dépendons des touristes réunionnais qui viennent régulièrement à Maurice. Ils viennent souvent manger dans les restaurants à Grand-Baie. Mais depuis l’apparition du nouveau variant, ils préfèrent ne pas venir car Maurice a fait une demande d’oxygène à La-Réunion. Ce qui montre qu’il y a un problème », souligne le propriétaire. Maintenant avec le nombre de morts et de contamination, il reste très pessimiste de voir autant de touristes. Il espère que les autorités prennent les bonnes mesures « car le touriste ne voudra pas venir dans un pays où le système de santé est dépassé ». Depuis la réouverture, il n’a eu quelques touristes. Et, certains sont réguliers.

Un petit détour au bazar de Grand-Baie révèle à quel point ce village touristique est au point mort. À peine cinq à six touristes regardaient les produits artisanaux sans acheter. Une gérante qui opère un étal depuis huit ans n’a jamais vu le bazar de Grand-Baie aussi vide. À pareille époque, les touristes arrivent de différentes régions du pays pour acheter des produits locaux. « Nous avons beaucoup perdu depuis ces 18 derniers mois. Et l’ouverture des frontières n’a guère arrangé les choses. En tant que gérante d’un petit business, il a fallu faire plusieurs concessions. Nous ne savons pas ce que l’avenir prépare. Non seulement il y a l’absence des touristes, mais les Mauriciens aussi ne viennent pas », déplore la gérante.

Depuis l’ouverture du bazar de Grand-Baie le 1er octobre, elle dit avoir noté des Français, des Sud-Africains et des Réunionnais. Concernant ces derniers, elle avance que ces derniers auraient dû venir à Maurice en 2020 mais à cause de la fermeture des frontières, leur ticket d’avion avait été repoussé à cette année. « De ce fait, ils ne font pas d’achat », ajoute-t-elle. À cause de ce manque de touristes, elle dit avoir connu plusieurs problèmes de santé tels le stress, l’hypertension.

Pour pouvoir écouler ses produits, la gérante a dû devoir baisser les prix. Son stock n’a pas été renouvelé. « Nous vendons toujours notre stock de l’année dernière », dit-elle. Dans le couloir où elle se situe, 15 étals sont vides. Elle dit devoir croiser les doigts pour que les clients puissent la voir. Tout comme elle, plusieurs autres femmes présentes au bazar affichent une certaine tristesse. Seules tout au long de la journée, elles se réunissent pour parler afin de faire passer le temps.

Et avec l’invité inattendu qu’est Omicron, les perspectives à l’horizon sont encore plus sombres…

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