Enjeu — À 12 jours de la réouverture des frontières : Le rendez-vous incontournable et crucial du 27 pour Air Mauritius

Le feu vert au Rescue Plan des administrateurs, la clé d’un nouvel écosystème au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport avec l’incorporation d’Airport Holdings Ltd

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Deux autres étapes préalables à la sortie sous administration volontaire de la compagnie aérienne : le “delisting” des titres à la Bourse de Maurice et le “buying out” des Minority Shareholders

La date du 1er octobre avec la réouverture des frontières pour préparer la voie à une reprise de l’industrie du tourisme est une étape phare au titre du Government Business à l’approche du dernier trimestre de cette année. Toutefois, des indications sont que d’autres tournants décisifs et majeurs, avec des répercussions plus conséquentes, devront être abordés en amont ou encore en aval à cette étape. Ainsi, la convocation pour le lundi 27 de la watershed meeting des créanciers de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, sous administration volontaire depuis le 22 avril de l’année dernière, représente un quitte ou double pour le gouvernement, qui est le majority shareholder de cette entité, jusqu’à tout récemment the jewel in the crown of the Republic, peu importe si dans une République il ne peut y avoir de couronne. D’ailleurs, dans une récente communication à des membres du personnel de la compagnie aérienne, les administrateurs nommés, Satar Hajee Abdoola, l’homme des Rs 35 millions de la mise sous administration du groupe BAI et des honoraires de Rs 3,5 millions à SBM Holdings Ltd, et Arvindsingh Gokhool, l’accent est mis sur le fait qu’en cas d’échec de la réunion des créanciers du 27, Air Mauritius ne pourra que mettre cap sur la liquidation.

Sur le plan socio-économique, les restrictions de rassemblements publics, avec un nombre maximal de 50, font que « la voix de la rue est muselée », même si de temps à autre des clameurs se font entendre à Maurice et à Rodrigues. Mais avec l’étape de la réouverture du 1er octobre, la jauge restrictive de 50 personnes pour des manifestations devra être révisée conséquemment avec les sujets de récriminations populaires remontant à la surface. De son côté, la Chambre de Commerce et d’Industrie, à la lumière de son State of the Economy pour 2020-21, n’a pas fait l’économie de commentaires au sujet de l’imposition de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) en remplacement du National Pensions Fund avec la pension à Rs 13 500 d’ici à 2024.

D’autre part, le front diplomatique et de politique internationale devra voir le Premier ministre, Pravind Jugnauth, diriger une première mission officielle à l’étranger en ce dernier trimestre de l’année. Tout indique qu’une forte délégation de Maurice participera au rendez-vous de la COP26 à Glasgow en Écosse au début de novembre compte tenu de l’enjeu du changement climatique pour les îles de la République. Toutefois, des indications recueillies de sources bien informées confirment que Pravind Jugnauth pourrait faire l’impasse sur sa participation en présentiel à l’assemblée générale des Nations unies à partir de cette semaine à New York. Le Premier ministre interviendra par vidéoconférence de Port-Louis, comme cela a été le cas l’année dernière.

En prévision de la la réouverture des frontières du 1er octobre, l’Hôtel du gouvernement suit avec un intérêt redoublé les ultimes étapes menant à la watershed meeting of creditors de la compagnie aérienne nationale du lundi 27 septembre. L’objectif déclaré est de faire sortir Air Mauritius sous administration volontaire pour parachever l’opération Zoli Tifi avec une restructuration des opérations en vue d’atteindre le point of profitability dans un minimum de trois ans, soit littéralement à la veille des prochaines élections générales.

La sortie d’Air Mauritius sous administration s’inscrit dans la logique de la relance de l’industrie du tourisme, avec l’ambition de transporter un peu plus de 600 000 touristes d’ici le mois de juin de l’année prochaine. « Le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, peut se faire fort en déclarant qu’à partir du 1er octobre, le nombre de vols opérés au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport passera d’une quinzaine à une soixantaine par semaine. Mais les major operators du tourisme savent pertinemment bien que la compagnie aérienne avec des ailes coupées constitue un handicap majeur à surmonter pour redonner du lustre au tourisme mauricien », fait-on comprendre dans les milieux autorisés.

Que ce soit dans les rangs du secteur privé ou à l’Hôtel du gouvernement, la condition sine qua non pour améliorer la visibilité de Maurice en tant que destination touristique demeure une Air Mauritius requinquée et dépêtrée des attelles contraignantes de l’administration volontaire. « Il est impérieux que cette étape soit franchie dans les meilleures conditions possibles lors de la Watershed Meeting du 27 avec les créanciers, car à ce stade, l’on ne peut se permettre le luxe de rater ce rendez-vous, au risque de tout perdre », indiquent des sources autorisées.

Plan de sauvetage

L’équation de la watershed meeting s’établit comme suit : « At meeting, creditors of Air Mauritius will have to decide whether to accept the rescue plan which we put forward for the Company. In the event that the creditors accept such a plan, then a deed of company arrangement will be signed. Air Mauritius will then continue, but subject to the terms set out in the deed of company arrangement. If the creditors vote against the rescue plan, and a deed of company arrangement is not agreed or approved by the Court, Air Mauritius is likely to go into liquidation. » C’est ce que fait comprendre l’administrateur Gokhool dans une correspondance adressée à des employés se voyant offrir un nouveau contract of employment.

Ce plan de sauvetage, en gestation depuis bientôt plus d’une quinzaine de mois, passe impérativement par une nouvelle injection de fonds de la part du majority shareholder, en l’occurrence le gouvernement. Le principe de cette opération « met lame dan pos » est acquis. Mais pour quel montant et à quelles conditions ? Pour l’instant, le gouvernement préfère ne pas abattre ses cartes pour éviter d’aiguiser les exigences des créanciers d’Air Mauritius.

L’un des points forts de la watershed meeting s’articule autour du creditors package devant être présenté par le tandem Abdoula-Gukhool principalement aux lessors de la compagnie aérienne. À partir du montant agréé et des conditions pour le remboursement, le gouvernement sera appelé à ajuster le montant de cette injection de fonds, qui devrait se situer jusqu’à hauteur de Rs 10 milliards pour sauver la compagnie aérienne nationale. Dans la conjoncture, la crainte porte sur des enchères des créanciers au vu de la décision d’injection de fonds publics.

Mais aucune des sources officielles approchées par Week-End n’a voulu s’aventurer pour avancer un ordre de grandeur de cette opération financière, avec très probablement la Mauritius Investment Corporation Limlted (MICL), la filiale de la Banque de Maurice, appelée à la rescousse en faveur de cet instrument logistique de premier plan pour la relance de l’économie.

Du côté des administrateurs nommés, l’on ne se cache pas pour affirmer que des négociations ont été engagées avec les parties concernées en vue de dégager un modus operandi« There are at present ongoing negotiations with the various creditors of the Company in order to be able to formulate a rescue plan, and put it to the vote at the Watershed Meeting », font-ils comprendre officiellement, avec les invitations officielles pour la réunion du 27 lancées en fin de semaine.

Outre l’approbation des créanciers, étape préalable à la sortie sous administration, les administrateurs nommés devront s’atteler à deux autres procédures délicates, soit le delisting des titres d’Air Mauritius à la Bourse de Maurice, dont la cotation a été suspendue officiellement depuis le 22 avril 2020 et ensuite une opération de buy out des minority shareholders.

Restructuration

En parallèle, le processus de restructuration du personnel avec quelque 2 300 employés à gérer devra être complété dans les meilleurs délais. « At this stage, given the state of insoIvency of Air Mauritius, it is imperative for its survival that its business be restructured. We have held discussions with all trade unions of Air Mauritius in order to try to agree amongst others on new terms and conditions of employment going forward. In most, but not all cases, we have been able to reach an agreement for those employees who are to remain in employment », avancent les administrateurs nommés.

Au chapitre du dégraissage du personnel, les dernières directives officielles sont d’éviter à tout prix d’aller frapper à la porte du Redundancy Board sous la Workers Rights Act. Mais la mise en application de la recommandation d’offrir des contracts of employment au plus grand nombre possible dépendra d’autres facteurs, comme la taille de la flotte d’avions et des types d’aéronefs en opération.

Toutefois, la bombe à retardement des fonds de pension déficitaires, que ce soit pour ceux des employés d’avant 2000 en termes de defined benefits et ceux d’après ce cut-off point sous le régime de defined contributions attend d’être désamorcée. Et à quel coût ?

Un autre point fondamental découlant de la mise en application du rescue plan est le retour à la profitabilité des opérations. « Un plan de restructuration plus serré, pour ne pas dire plus dur, avec une meilleure maîtrise des coûts préconisé par les administrateirs pourra rapporter des dividendes dans un délai de trois ans. Mais tout relâchement pourrait allonger cette période de convalescence opérationnelle », concède-t-on, en rappelant la livraison au cours de la période de 2013 à 2025 de nouveaux avions, les neo A330 déjà commandés et nécessitant des arrangements financiers supplémentaires, d’autant que « the revenue base of the company has, with the advent of the COVID-19 pandemic and the restrictions on international air travel, been reduced to almost nil. »

La carte magique avec les détails d’Airport Holdings Limited, incorporée formellement au Registrar il y a plus d’un mois déjà, soit le 12 août, ne sera abattue par le gouvernement qu’à la conclusion de la watershed meeting du lundi 27. D’aucuns affirment que ce plan piloté par le secrétaire financier et Chairman d’Air Mauritius, Dev Manraj, devra déboucher sur un nouvel écosystème au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport comprenant non seulement Air Mauritius, Airports of Mauritius Limited (AML), Airport Terminal Operations Limited (ATOL) et aussi Mauritius Duty Free Paradise Ltd (MDFP).

« Ce nouveau modèle s’inspire de la formule d’Emirates Airlines, gérant la plateforme aéroportuaire. Tout ce que nous pouvons dire à ce stade est que l’élaboration des différents aspects de la relance de la compagnie aérienne a bénéficié de la contribution et de la collaboration d’airline specialists internationaux », fait-on comprendre, tout en évitant de répondre à la question si un joint venture avec une entité étrangère est envisagé pour la gestion de cette plateforme à multiples fonctions vu que le business model lorgné ambitionne un chiffre d’affaires de plus de Rs 20 milliards, soit dans la catégorie du Top des Tops dans le monde des affaires.

Néanmoins, dans l’immédiat, tout ce que l’on sait des attributions d’Airport Holdings Limited, qui a un stated capital de Rs 100 000, réparti en 1 000 actions, sont que cinq lignes d’activités aéroportuaires sont privilégiées, soit passenger transport, dont Air Mauritius, feeport activityactivities of holding management/investment companies, development of building projects for sale (land promotor and propery developer) et non-specialised wholesale trade (supplier/distributor of general merchandise, seafoods, etc) except liquor and manufactuted tobacco.

En tout cas, le pari de la watershed meeting du 27 paraît risqué, car des enchères trop élevées des creditors pourraient faire de l’ombre à la réouverture des frontières intervenant en fin de cette même semaine. L’épée de Damoclès se résume au fait que « the purpose of the Administration is to try to rescue the Company, or as much of its business as is possible. If this is not achievable, to then obtain a better return for creditors and shareholders, through a realization of the assets of the Company, than in a winding up. »

 

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