(Human story) Christine Meunier, mère de quatre enfants : Elle se bat contre la précarité et le cancer

Lors de la première semaine de confinement cette habitante de Sainte-Croix a été contrainte de dormir à la belle étoile sur un matelas avec ses quatre enfants. C’était pour échapper aux menaces d’un gang du voisinage tandis que sa maison se faisait dévaliser. En plus de vivre dans la précarité, cette maman célibataire, âgée de 31 ans, souffre d’un cancer de la gorge depuis deux ans. Christine Meunier vit aujourd’hui dans la peur de ne pouvoir avoir le dessus sur cette maladie qui la ronge. 

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“Je mène plusieurs combats. Je suis à la fois maman et papa de mes quatre enfants qui ont entre 2 et 14 ans. Je n’ai toujours connu que désillusions et pauvreté. Et aujourd’hui, j’ai un cancer de la gorge qui m’affaiblit chaque jour un peu plus”. C’est après maintes tentatives que nous arrivons enfin à nous entretenir avec Christine Meunier. La veille, la jeune femme a dû écouter la conversation téléphonique. Ne se sentant pas bien, elle s’est rendue en urgence à l’hôpital. Le lendemain, elle a fait une mauvaise chute et lors de notre appel vidéo, elle nous a montré son front qui présente une blessure récente. En même temps, elle se frotte la gorge en nous expliquant qu’elle est très enflammée. “Ces derniers jours, je ne me sens pas très bien. J’ai des étourdissements, me sens affaiblie et je ressens de grosses douleurs au niveau du bras”.

Véritable calvaire

Hormis sa maladie, ces dernières semaines ont été très stressantes pour la maman. Avant le confinement, elle habitait à Bambous. Son fils ainé a eu un différend avec des gens du quartier. “Ils l’ont violenté et battu. Les policiers m’ont conseillée d’apaiser les choses en quittant temporairement l’endroit. J’ai résisté dans un premier temps pensant que les choses se calmeraient. Mais les menaces se faisaient plus virulentes, mes enfants et moi avons été forcés de quitter les lieux, au beau milieu de la nuit et de nous réfugier chez des proches à Sainte Croix”. Entretemps, d’autres en ont profité pour enfoncer la porte de sa maison et lui ont tout volé.

Avec quasiment rien en poche, Christine Meunier, qui n’a jamais chômé de sa vie, dût  vivre de l’hospitalité de ce proche. Des problèmes familiaux sont alors survenus. La trentenaire trouva cette fois-ci refuge chez son frère qui habite la même cour. Sauf que ce dernier ne dispose que d’une pièce en tôle pour sa femme et ses enfants. “Le soir; il doit mettre ses meubles dehors pour dormir. J’ai préféré dormir sur un matelas à côté de sa maison pendant une semaine avec mes enfants et mon bébé de deux ans.” De rajouter que : “le confinement ne m’a pas épargnée. Je suis passée par un véritable calvaire”.

Cauchemar éveillé

L’émotion est palpable dans sa voix lorsqu’elle revient sur son histoire. Ses souvenirs les plus douloureux sont toujours à vif. Maman pour la première fois à 17 ans, elle s’est laissée charmer par un jeune homme qui en apprenant sa grossesse a fuit devant ses responsabilités. “Il m’a quittée à la veille de noël. J’étais enceinte, désemparée et sans le sou”. Elle trouva refuge à Pailles chez une dame ou le logis lui fut offert. En échange de s’acquitter des taches ménagères et un loyer de Rs 700. “Je n’ai jamais eu de chance dans ma vie”, poursuit cette dernière. Elle pensait avoir enfin trouvé le bonheur quand elle rencontrae le père de ses deux cadets. Mais déchanta rapidement. “Après quelques années, il s’est révélé être un toxicomane. Mo ti pe bizin travay kot gagne dan lakaz madam, e mem demann dimounn kas pou kapav swayn li ek mo bann zanfan”. Fréquemment, pour s’acheter sa dose quotidienne, il se disputait avec sa concubine. “À l’époque, nous étions squatters à Ti Rodrig où nous vivions dans des conditions inhumaines. Notre bicoque était la plus délabrée de l’endroit. Nous mettions un large plastique au bas pour ne pas marcher dans la terre. Les feuilles de tôles rouillées et trouées ne nous épargnaient pas de la pluie et du froid. Nos meubles étaient aussi en mauvais état.”

Après sept ans de misère, elle prit son courage à deux mains et se sauva de ce cauchemar. Christine Meunier voulut rebondir mais retomba encore une fois sur la mauvaise personne. Le père de son quatrième enfant l’a quittée au bout de 7 mois de grossesse. “Mes enfants et moi dormions un peu partout. Je les envoyais ici et là. En même temps, j’appris que j’ai une thyroïde et débuta sur un traitement lourd nécessitant des admissions fréquentes à l’hôpital”.

Mon monde s’écroule

Pour lui éviter de vivre dans de telles conditions, la jeune femme décida de placer son quatrième enfant en adoption à sa naissance. La maman changea sa décision en voyant son petit bout de chou. D’ailleurs, la dame qui s’était proposée comme mère adoptive l’aida à se remettre sur les rails en l’a soutenant financièrement pour payer un loyer. Christine Meunier trouva une maison à Bambous. Cette même maison qu’elle a dût fuir il y a quelques semaines.

D’autres personnes aidèrent la famille à trouver des meubles et des ustensiles de bases. “Nos affaires étaient dans des boîtes en carton à l’époque. Pas évident avec un nouveau né”. Cette stabilité retrouvée fut courte durée. “Alors que je devais me faire opérer de la thyroïde, j’appris que c’était devenue un cancer de la gorge. J’ai senti mon monde s’écrouler ”.

Depuis, elle a des sessions de chimiothérapie programmée chaque mois. L’angoisse est omniprésente compte tenu de la situation sanitaire dans le pays et les multiples cas d’infection à la Covid-19 dans les institutions de santé. Sachant qu’elle est très fragile, elle est terrorisée à chaque fois qu’elle se rend à ses rendez-vous. “Mes quatre enfants n’ont que moi. Je vis nuit et jour dans l’angoisse car s’il m’arrive quelque chose, qui s’occupera d’eux ?”

En attendant, elle s’est endettée pour s’acheter des feuilles de tôles et des bars de fers pour construire une maison à Sainte Croix sur un lopin de terre que lui a cédé son père. Même si les fenêtres n’ont pas encore de vitres, elle est satisfaite que ces enfants aient au moins un coin à eux. Des âmes bienveillantes l’ont aussi aidée à aménager sa maison avec le strict minimum. “Un canapé-lit, un armoire, une bonbonne de gaz et quelques ustensiles de cuisine”. Aujourd’hui, ses enfants mangent à leur faim grâce aux donations et à d’autres personnes qui la soutiennent dans son entourage et qu’elle remercie du fond du cœur. “La maigre pension que je reçois ne me permet pas de subvenir aux besoins de bases de quatre enfants et de repayer mes dettes pour le moment”. Ce dont rêve par dessus tout Christine Meunier, c’est de vivre assez longtemps pour faire l’avenir de ses enfants, les voir prendre leurs diplômes car :“Ce n’est que l’éducation qui nous permettra de sortir de la pauvreté”.

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