France : la bataille politique continue après le passage en force de Macron sur les retraites

Quelques troubles sociaux ont éclos vendredi matin en différents points de France au lendemain du passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites, qui fragilise Emmanuel Macron revigore la contestation, dans la rue et à l’Assemblée nationale.

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A Paris, quelque 200 manifestants réunis par le syndicat puissant CGT ont entravé la circulation vendredi matin sur le boulevard périphérique parisien, au lendemain d’une soirée émaillée de violences. Jeudi soir, une manifestation spontanée de quelques milliers de personnes a dégénéré autour de la place de la Concorde, non loin de l’Assemblée nationale, débouchant sur plus de 300 interpellations.

Des incidents ont aussi éclaté dans plusieurs villes de France.

Dans la raffinerie de TotalEnergies de Normandie (ouest), les grévistes arrêteront les installations ce week-end.

« Les salariés ont haussé le ton » et « les principales unités commenceront à s’arrêter à partir de demain » de manière à ce que « normalement, la raffinerie sera arrêtée ce week-end ou lundi au plus tard », a déclaré Eric Sellini, coordonnateur CGT au sein du groupe pétrolier.

Des manifestations sporadiques, comme des blocages de lycées, de plate-formes de courrier ont eu lieu en différents points du territoire, alors que des assemblées générales de certaines branches syndicales (énergie, cheminots) sont prévues dans l’après-midi pour tenter d’encadrer le regain de mobilisation provoqué par le coup de tonnerre politique de jeudi.

Plusieurs responsables syndicaux ont mis en garde contre de possibles « débordements » ou « actions individuelles » de salariés de la base.

L’intersyndicale prévoit elle « des rassemblements locaux de proximité » ce week-end ainsi qu’une neuvième journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars.

A Paris, les poubelles qui ne sont pas ramassées par les éboueurs en grèves continuent de s’amonceler en montagnes malodorantes et les autorités préparent des réquisitions pour en dégager une partie.

Le leader du parti d’extrême gauche La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a « encouragé » les « mobilisations spontanées dans tout le pays ».

Le recours jeudi à l’article 49.3 de la Constitution pour adopter sans vote le projet de réforme des retraites est presque unanimement considéré comme un revers pour Emmanuel Macron, qui a beaucoup misé de son crédit politique sur cette réforme clé de son second quinquennat.

Le gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne est sur des charbons ardents alors que les oppositions vont déposer une ou plusieurs motions de censure avant 14H30 GMT.

 

– Vote lundi –

 

L’une d’entre elles, déposée par un petit groupe parlementaire centriste inconnu du grand public, est celle qui pourrait potentiellement causer le plus de problème au gouvernement par son côté transpartisan.

« Nous avons décidé de retirer notre motion de censure au profit de celle du groupe Liot », a déclaré M. Melenchon, tandis que le Rassemblement national, qui prévoit d’en déposer une aussi, a cependant prévenu qu’il voterait toutes les motions.

Le sort du gouvernement, appuyé par une majorité relative à l’Assemblée, pourrait donc se retrouver entre les mains de la soixantaine de députés du groupe de la droite traditionnelle Les Républicains. Si leurs voix s’ajoutent à celles de tous les autres députés d’opposition, il atteindront la majorité absolue des 577 députés et feront tomber l’exécutif.

Le patron du groupe Eric Ciotti a toutefois prévenu jeudi qu’ils ne voteront « aucune motion de censure ». Faire chuter le gouvernement semble donc un objectif difficilement atteignable pour les oppositions mais des frondeurs pourraient donner des sueurs froides à l’exécutif.

Les motions seront votées au moins 48 heures après leur dépôt, probablement lundi.

En attendant, les ministres font front. « Nous avons vocation à continuer de gouverner », a affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

De son côté, le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui porte ce texte prévoyant notamment un recul de deux ans de l’âge de départ à la retraite, de 62 à 64 ans, a refusé de présenter le recours au 49.3 comme « un échec ». « Il y a un texte et ce texte sera, si la motion de censure est rejetée, mis en œuvre », a-t-il estimé.

Depuis le 19 janvier, des centaines de milliers de Français ont manifesté contre cette réforme, sur fond de grèves reconductibles.

Les différentes enquêtes d’opinion montrent que les Français y sont majoritairement hostiles, même si le nombre de manifestants dans les rues et de grévistes stagne ou reflue au fil du temps.

Le gouvernement français a choisi de relever l’âge légal de départ à la retraite pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ est le plus bas.

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