Séisme en Turquie et en Syrie: dernière ligne droite pour retrouver des survivants

Les secours en Turquie et en Syrie poursuivent jeudi leurs efforts dans un froid glacial pour rechercher des rescapés dans les décombres, les chances de survie s’amenuisant trois jours après le séisme qui a déjà fait plus de 15 000 morts.

- Publicité -

Les 72 premières heures sont cruciales pour retrouver des survivants, plus de 90% des rescapés étant secourus au cours de cette fenêtre, rappelle Ilan Kelman, chercheur en catastrophes naturelles à l’University College de Londres (UCL).

Alors que les excavatrices s’affairent jour et nuit, la nouvelle chute des températures rend les conditions de vie infernales pour ceux des rrescapés qui n’ont nulle part où aller.

Dans la ville martyre turque de Gaziantep (sud), les températures ont chuté jeudi à -5°C tôt dans la matinée.

Un secouriste creuse pour atteindre un garçon coincé sous des décombres le 8 février 2023 à Kahramanmaras, en Turquie, deux jours après un puissant séisme

Des gymnases, des mosquées, des écoles et des magasins ont accueilli des rescapés pour la nuit. Mais les lits restent rares, et des milliers de personnes passent leurs nuits blotties à l’intérieur d’une voiture ou dans des abris de fortune.

« Nos enfants sont gelés », s’indigne Ahmet Huseyin, père de cinq enfants, qui a été obligé de construire un tel abri près de sa maison détruite à Gaziantep, proche de l’épicentre du séisme de 7,8 qui a frappé lundi la région.

 

– « Brûler des bancs » –

« Nous avons dû brûler les bancs du parc et même certains vêtements des enfants. Il n’y avait rien d’autre », ajoute ce père de famille. « Ils auraient pu au moins nous donner des tentes », maugrée-t-il en désignant les autorités turques.

En visite dans la région, le président Recep Tayyip Erdogan a esquissé mercredi un mea culpa face à la montée des critiques. « Bien sûr qu’il y a des lacunes, il est impossible d’être préparé à un désastre pareil », a-t-il estimé.

Depuis le tremblement de terre, la police turque a arrêté une douzaine de personnes pour des publications, sur les réseaux sociaux, critiquant la manière dont le gouvernement a géré la catastrophe.

Twitter a ainsi été inaccessible sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile turcs dans la nuit de mercredi à jeudi avant que le service ne soit rétabli, sur fond de ces  critiques.

« Twitter a été informé par le gouvernement turc que l’accès sera réactivé sous peu », a tweeté jeudi (mercredi soir aux Etats-Unis) le patron du réseau social, Elon Musk.

En Turquie, 12.391 morts ont été recensés, dont au moins 3.356 la province d’Hatay, selon un dernier bilan.

Sur le parking du principal hôpital d’Antakya, dans cette province, Rania Zaboubi slalome entre les corps déposés sur le bitume. Dans l’obscurité et le froid, elle ouvre un à un les sacs mortuaires à la recherche de son oncle, disparu dans le puissant séisme.

« Nous avons retrouvé ma tante, mais pas mon oncle », lâche-t-elle d’une voix étranglée.

Cette réfugiée syrienne, voile sombre et sabots aux pieds, a perdu huit membres de sa famille dans la tragédie.

D’autres rescapés vérifient aussi les corps alignés, de dépouilles en dépouilles, parfois à la limite de l’évanouissement.

Pour la Turquie, il s’agit du pire bilan depuis le séisme de 1999, d’une magnitude de 7,4 et qui avait fait 17.000 morts dont un millier à Istanbul.

– Lenteur de l’aide en Syrie  –

Au total, en comptant la Syrie, 23 millions de personnes sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables », a mis en garde l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En Syrie, 2.992 corps ont pour le moment été extraits des décombres, selon les autorités ainsi que les secouristes dans les zones rebelles.

Dans les régions où l’aide tarde à arriver, des survivants se sentent bien seuls. A Jandairis, en zone rebelle en Syrie, « même les immeubles qui ne se sont pas effondrés ont été très endommagés », explique Hassan un de ses habitants qui veut rester anonyme.

« Il y a environ 400 à 500 personnes piégées sous chaque immeuble effondré avec seulement dix personnes qui tentent de les sortir. Et il n’y a pas de machines », ajoute-t-il.

Dans le village de Besnaya, à la frontière avec la Turquie, Malik Ibrahim déblaie sans relâche les décombres, à la recherche de trente membres de sa famille, tous ensevelis sous les ruines. Dix corps sans vie en ont déjà été retirés.

« Il reste vingt personnes sous les décombres. Je n’ai pas de mots, c’est une catastrophe. Nos souvenirs sont enterrés avec eux. Nous sommes un peuple sinistré dans tous les sens du terme », confie cet homme de 40 ans.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -