Cynthia Poulay France : Aux petits soins des cheveux des Agaléennes

30 degrés à l’ombre et voilà que la fibre capillaire se rebelle. L’humidité, par tous temps, est l’ennemi des cheveux. Les femmes le savent mieux que personne. Et ce ne sont pas les Agaléennes qui diront le contraire. Dans l’île du Nord, précisément au village Vingt-Cinq, Cynthia Poulay France, elle, est l’amie des cheveux. L’humidité, elle ne la craint pas. Elle a les solutions les plus efficaces pour que les cheveux affrontent le climat tropical et la chaleur étouffante de l’atoll sans que les frisottis ne prennent le dessus. Depuis presque six ans maintenant, Cynthia Poulay France a ouvert le premier salon de coiffure de l’île, Grace Hairdressing. Son initiative a fait des heureuses de tous âges.

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Il manquait un salon de coiffure à Agaléga. Cynthia Poulay France, 36 ans, a comblé ce vide pour le plus grand bonheur des habitantes. Même si la vie sociale est loin d’être animée sur un atoll d’environ 25 km2, les femmes accordent toujours une attention à leur coiffure lors des occasions spéciales, lesquelles sont, la plupart du temps, des fêtes familiales ou des célébrations religieuses. Et puis, il y a aussi ce désir de changer de tête, de trouver une coiffure pratique qui convient au quotidien et au climat insulaire.

Une passion qui dure depuis 20 ans

« Je pratiquais la coiffure chez moi », raconte Cynthia, du village Vingt-Cinq. Six ans de cela, elle fait une demande auprès de l’Outer Island Development Corporation (OIDC) pour aménager un salon de coiffure dans un local inoccupé. Sa demande est agréée. Ainsi, pendant la journée, la jeune femme, qui travaille comme General Worker pour le compte de l’OIDC, est à son poste dans le quartier des Indiens d’AFCONS, et les après-midis, elle est aux petits soins des Agaléennes qui lui confient leurs cheveux. Cynthia est alors aux anges. La coiffure est le métier qu’elle a toujours rêvé de pratiquer. « Cela fait 20 ans que je fais un métier qui me passionne. Quand j’étais petite, je coiffais et coupais les cheveux de mes poupées. Je faisais même la coloration de leurs cheveux. Mo ti pe pran water colour mo ti pe met dan zot seve », raconte la coiffeuse en riant. Depuis, elle a changé de technique!

Le petit local, qui ne servait à rien, a fi ni par trouver une vocation : devenir le seul salon de coiffure d’Agaléga

« Je rentrais de Maurice avec des produits et accessoires »

Avant de s’installer en permanence dans son île, la terre natale de ses parents, pour y fonder son foyer, Cynthia Poulay France a suivi des formations professionnelles dispensées dans des centres publics à Maurice. « Je voulais me saisir de ces opportunités pour me perfectionner dans le domaine de la coiffure », confie-t-elle. Après les cours, elle entre sur le marché du travail et exerce dans des salons de coiffure, avant de se mettre, d’une certaine manière, à son propre compte. À Agaléga, Cynthia continue de pratiquer sa passion chez elle. Ce n’était pas la peine de se déplacer pour aller chez ses fidèles clientes. Le village Vingt-Cinq est si petit qu’il suffit pour ces dames de faire quelques pas pour être à la porte de leur coiffeuse. « À chaque fois que je rentrais de Maurice, je ramenais des produits, des accessoires et équipements pour faciliter mon travail à la maison », dit Cynthia.

Pour le bien-être des Agaléennes

« Avoir un salon de coiffure dans l’île contribue aussi au bien-être des femmes. Ce salon c’est, au final, un bien communautaire », dit la coiffeuse d’Agaléga. Quand le petit local a été mis à disposition de son projet, il a fallu l’aménager. « Marley France, le père de mes enfants, a fait les travaux de plomberie. Il m’a donné un grand coup de main pour transformer l’intérieur, afin de rendre le salon opérationnel », poursuit-elle. Au fur et à mesure, selon la fréquence de ses déplacements à Maurice, Cynthia a pu doter Grace Hairdressing en équipements essentiels. « Je dois ramener le double de chaque produit et matériel que j’utilise à Agaléga, pour ne pas être en difficulté, en attendant le prochain approvisionnement à Maurice ou si un de mes équipements se casse », raconte-t-elle.

Le salon ouvre à partir de 17h

À son ouverture, les premières clientes poussaient timidement la porte de Grace Hairdressing. « Il faut comprendre qu’avant l’arrivée du salon, les Agaléennes se débrouillaient pour se faire une coiffure spéciale quand il y avait un événement », confie la coiffeuse. Depuis, les rendez-vous sont plus fréquents. Même que pendant la période des fêtes de fin d’année, à Pâques ou à l’Assomption, Cynthia fait appel à sa fille, Isola France, 20 ans, pour l’aider. Cette dernière prend le relais de la gestion du salon quand sa mère est en déplacement à Maurice, comme c’est le cas actuellement. Isola ouvre alors le salon uniquement sur rendez-vous. Elle en a eu trois pour la journée d’hier. « Quand les clientes ne sont pas nombreuses, je peux gérer et les coiffer sans aide », dit la jeune femme, qui vit à Agaléga. Cynthia, qui termine ses tâches comme general worker au courant de la journée, ouvre son salon tous les jours à partir de 17h pour fermer deux heures plus tard. « Il fait aussi trop chaud pour commencer le travail plus tôt », indique-t-elle.

L’incontournable huile de coco

Le samedi, Grace Hairdressing est ouvert pendant toute la journée. À part l’incontournable shampooing, coupe et brushing, Cynthia Poulay France propose aussi les styles tendance à celles qui veulent oser. Notamment les tresses africaines, les extensions et les colorations vives. Depuis quelque temps, elle a introduit le lissage à la kératine dans l’île. « C’est un lissage qui est adapté pour le climat d’Agaléga », dit-elle. Dans son salon, les produits naturels ne sont pas en reste, assure la jeune femme. Et qui dit Agaléga, dit huile de coco. Il aurait été impensable que ce produit naturel phare de l’atoll n’entre pas dans la composition des   traitements, dont le bain d’huile, que  propose la coiffeuse pour l’embellissement des cheveux.

Ses filles, ses héritières

Quant à ses tarifs, Grace Hairdressing n’applique pas les mêmes qui sont en cours à Maurice. Ses clientes déboursent au minimum Rs 250 pour donner du peps à leur chevelure. Et les hommes, dans tout ça? « Je peux faire une coupe pour homme, mais je laisse le soin à mon neveu Emilio de s’en charger. Il s’est lancé dans ce service », concède Cynthia Poulay France, qui ne pense pas s’arrêter là. Si elle a, certes, réalisé son rêve, elle voudrait le compléter en introduisant d’autres prestations esthétiques. Elle confie encore qu’elle a transmis sa passion à ses trois filles: Isola, Anne-Laure, 17 ans, et Shelby, 13 ans. Les deux dernières sont scolarisées au secondaire à Maurice et maîtrisent déjà quelques techniques de la coiffure.

De son côté, Isola France, bien partie pour suivre les traces de sa mère, rêve aussi de posséder son propre salon, « mais à Maurice », précise-t-elle.

 

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