(Expo à l’IFM) Mo Ti Bizin Dir Non de Nicolas Bastien : vie de graphiste

« Dès le départ, je savais que c’était de la folie de dire ‘oui' ».

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Ce lundi, Nicolas Bastien se retrouve devant un mur bourré d’annotations, de commentaires, de marques de tendresse, laissés sur place par quantité de visiteurs. « Les gens se sont accaparés le lieu », découvre le graphiste après avoir décroché les textes et images retravaillées, qui composaient son exposition.

Au final, Mo Ti Bizin Dir Non a mué en une oeuvre participative. Une autre problématique émerge dès lors au vu des fresques : « Où vais-je ranger tout ça? »

La première exposition de Nicolas Bastien a circulé sous les radars médiatiques. Peu de publicité autour, l’exposant n’aimant guère se mettre en lumière. Une ironie, car ce dernier évolue dans le domaine de la communication auprès de Twögether.

« Mo’nn avoy mons lor Kafe Kiltir », souligne-t-il deux jours après le concert (entre Blakayo et Justice Lecoq), qui a rempli l’Institut Français de Maurice (IFM), où se tient son exposition – depuis janvier!

La « bwat vid » à laquelle il avait été confronté en début d’année a finalement pris vie. « Mo’nn inpe atase ar zafer-la. Mo’nn pran enn flas ar sa », laisse échapper Nicolas Bastien.

L’histoire commence par la fin, soit le jour du démontage. Un lundi particulier en l’IFM.

Le défi a ainsi été relevé par cet ancien élève du collège du St Esprit, qui n’a eu de cesse durant sa carrière de se surpasser de la sorte. Aux pressions de la deadline s’ajoutait l’obligeance du Branding : être présent sans l’être, pour occuper la Micro-Folie, l’espace aménagé aux côtés du musée numérique.

Le tout en corroborant à l’univers de Mu.Mu, la créature qui habite la fresque pensée par Emilien Jubeau et réalisé par un collectif d’artistes en l’IFM. C’est d’ailleurs le premier nommé qui demande à son ami de longue date de baptiser l’espace nouvellement aménagé en l’IFM.

Ainsi Nicolas Bastien s’engage-t-il dans des avenues de réflexion… singulière. Comme « matière première », la fresque. Puis les mots « micro » et « folie », que l’artiste souhaite « définir ».

Des « fenêtres », qualifie-t-il, qui mènent à des observations sur des oeuvres repensées selon une vision géométrique. Puis, des écrits pour épouser son introspection. Textes et images composent une sorte de mise en page grandeur nature. Une façon de percevoir le monde que Nicolas Bastien cultive depuis le début de sa carrière à Graphic Press.

Aux critiques de se cantonner à sa zone de confort, une réponse toute simple lui vient : « Mo konn fer zis samem », en rigole-t-il entre deux gorgées de café.

« Si la folie est un texte. Serait-il un texte sans espaces? », s’interroge l’exposant, avant de relever à la plume rouge les fautes comprises dans ce questionnement. Les fautes, elles font parties intégrantes du résultat final, car nécessaires pour cerner le parcours d’un être dont l’analyse n’a de limite que celle imposée par le temps.

Nicolas Bastien fouille, décortique, retourne. Il interpelle instinctivement le résultat d’heures de recherche pour assouvir le flot de pensées constant qui l’interpellent. Aussi doit-il créer, mettre sur page, ériger pour tenter de satisfaire son esprit bouillonnant. Parfois, la réponse – ou des bribes du moins – provient des autres. D’où son intérêt pour un ouvrage collectif.

L’exposition et le livre qui en découle (un pavé détaillant l’ensemble du procédé menant à l’exposition) donnent un aperçu de l’imaginaire de cet ancien Zarbien (groupe d’amis avec lequel il s’était lancé dans divers projets par le passé).

Pour l’épauler dans cette recherche, sept « plumes » ont été conviées à rédiger des écrits à partir de la fresque. Un travail qui prend vie à travers un Atelier « Ecrits-Fresque », et ce, « pour produire une expansion de la fresque sous forme d’écrits ».

La salle dédiée invite en ce monde de déconstruction continue. Où l’imaginaire se décomplexe pour côtoyer le fantastique. L’exposition libère l’expression, qui se matérialise entre le moindre espace vide des fresques.

Au terme d’une aventure de plusieurs mois, pa zis souvenir ki reste. L’hésitation qu’il avait eue à accepter ce défi a rassemblé autour du graphiste, pour qui la suite semble évidente. « La prochaine étape sera de digitaliser tout cela ».



Pinceaux et Plumes

Emilien Jubeau, Kim Yip Tong, Annicka Spangenberg, Sandrine Albert, Max Anish Gowriah et Sarah Honoré ont réalisé « l’oeuvre fantastique » qu’est ce monde de Mu.Mu. Au travail des pinceaux s’est ajouté celui de sept amoureux de l’écriture, qui ont contribué à cette exposition à travers des récits, des poèmes, des observations. Il s’agit de Daniella Bastien, Claire Thévenau, Delphine Berthommier, Abelhakim Chaman, Max Anish Gowriah, Sarah Honoré et Stephan Rezanah.

 

 

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