Histoires de Mode : Comment et pourquoi le style de Frida Kahlo est-il devenu légendaire ?

Vous connaissez son visage, les fleurs sur sa tête et son look inimitable. L’artiste mexicaine Frida Kahlo est devenue, sans le vouloir, une icône de la mode. Alors qu’une exposition lui est consacrée au Palais Galliera décryptage d’un look iconique.

- Publicité -

Il est rare que le look d’un artiste devienne presque plus connu que son œuvre, mais l’image de Frida Kahlo est si emblématique que son style — de son monosourcil jusqu’à ses vêtements indigènes — est devenu la source d’inspiration de nombreux créateurs au cours des décennies qui ont suivi sa disparition.

Un grand nombre de sa garde-robe et de ses objets personnels ont été mis sous clé par son mari après sa mort et ont disparu de la vue de tous pendant 50 ans. Ils ont ensuite été redécouverts en 2004. Grâce à eux, nous avons désormais un accès sans précédent à la psyché de l’artiste, à sa vie privée et à sa démarche artistique.

Vous pouvez enfin les apprécier pour la première fois en France, grâce à la fructueuse collaboration entre le Musée Galliera et la Casa Azul, où elle est née et a vécu, et qui est aujourd’hui le fameux Museo Frida Kahlo, à Mexico.

Mais pour comprendre le pourquoi de son look, il faut aller au-delà des aspects physiques de son identité et explorer la vie privée de l’artiste, afin de découvrir les événements qui ont influencé la construction de son image publique, qu’elle utilisait comme un outil de communication tout autant que comme un bouclier de protection.
Frida Kahlo, la mise en lumière des vêtements traditionnels mexicains

Atteinte de polio quand elle était enfant et après avoir souffert d’un accident de bus à 18 ans, Frida Kahlo utilisait de nombreux dispositifs médicaux pour aider à la réhabilitation de son corps. Pour faciliter ses mouvements et cacher ces corsets, plâtres et outils métalliques en tout genre, elle a commencé à porter des vêtements traditionnels indigènes. Ses préférés ? Les robes Tehuana et les rebozos (châles tissés).

Mais elle portait aussi ces habits pour mettre en valeur son héritage indigène et pour exalter sa « mexicanité ». C’est alors que ce style est devenu part entière de son art : une robe ou une chemise brodée, une jupe ample, entourée d’un rebozo, un gros collier préhispanique, et le tout couronné d’une iconique tresse, souvent ornée de fleurs du jardin de son Casa Azul (Maison Bleue).

Plus de 70 ans après sa mort, de nombreuses personnes dans le monde entier associent directement cette image de Frida Kahlo à l’essence même du folklore mexicain. D’une certaine manière, sa fierté pour son héritage est devenue le symbole de la fierté que les Mexicains ont commencé à ressentir à l’égard des cultures préhispaniques. Son style est ainsi devenu un emblème de l’identité nationale.

Une artiste symbole du lien entre mode et handicap
Tout au long de sa vie, Frida a dû subir plus de 30 opérations liées à cet accident de bus. Mais de ses souffrances et outillages encombrants, elle sut tirer de l’art et de la beauté. Elle ne cessait de peindre et d’illustrer ses plâtres, ses corsets, ses chevillères, non seulement dans le but de les embellir, mais aussi de les intégrer à son identité et de donner un sens à la relation compliquée qu’elle avait avec son propre corps.

Dans les derniers mois de sa vie, Frida même fut amputée sous le genou, ce qui l’a conduit à porter une jambe de bois. Même si celle-ci, comme le reste des appareils, restait plutôt cachée sous ses larges vêtements, l’artiste n’a pas résisté au désir de la décorer et ainsi se l’approprier.

Si ses dispositifs médicaux sont restés cachés lors de ses apparitions publiques, ils ont été révélés dans son art après sa mort, et illustrent à la fois un courage face à la souffrance et une volonté d’exploration et d’esthétisation du corps.

Frida Kahlo, précurseur d’une mode non-binaire ?
L’exploration de son image ne concernait pas seulement l’ethnicité et l’héritage culturel, mais aussi le genre. Frida soulignait qu’elle avait « une moustache et, en général, le visage du sexe opposé ». Dans sa jeunesse, elle portait parfois les costumes de son père et tirait ses cheveux en arrière pour présenter une image androgyne. Son monosourcil et son visage sans maquillage ajoutaient de façon quotidienne une touche masculine à sa tenue.
Frida a également peint un célèbre autoportrait après son divorce de l’artiste Diego Rivera, sur lequel elle porte des cheveux très courts et elle est entourée de mèches de cheveux.

Elle porte également un costume trop grand (que l’on peut supposer être celui de Diego). C’était sa façon de se défaire de sa féminité pour montrer qu’elle n’avait pas besoin d’un homme, qu’elle pouvait constituer elle-même sa propre présence masculine.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -