Premier album de madii madii et jason le boucher : Leur Vérité inspirée de la vie

Dévoilé par Ilizion, Si ou le, Montre mwa lamour, entre autres singles, Madii Madii et Jason Le Boucher lancent leur premier album. Vérité comporte dix titres qui s’appuient sur une musique rythmée et des textes qui racontent la vie sous ses différents aspects. L’amour, la souffrance, la mort les deux jeunes de Barkly ont choisi la musique comme échappatoire pour vivre et survivre aux fléaux après avoir pu s’enfuir des filets de la drogue synthétique. En marge de la sortie de l’album prévue pour le 28 septembre ils ont décidé d’en parler.

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Comme pour toute première fois, le stress est présent. Madii Madii et Jason Le Boucher se considèrent encore « un peu novices » surtout qu’il s’agit là de leur tout premier gros projet musical. Faire de singles, des clips, des reprises, participer à des concerts et s’exposer sur le net, jusqu’ici cela semblait un peu facile.

A quelques jours du lancement de Vérité ils sont conscients de l’ampleur de la tâche : « Ou ça passe ou ça casse.” N’empêche, à 24 ans et 28 ans respectivement, Madii Madii et Jason Le Boucher – de leur vrai nom Madyson Jean et Jason Janvier – sont déterminés à prendre ce risque. “Notre démarche est d’encourager les gens à réfléchir sur l’importance de la vie. Tout est venu d’après notre feeling et nos expériences. Nos conversations tournent souvent autour des choses dont nous sommes témoins. Nous nous demandons souvent pourquoi les gens ne voient pas ce qui se passe autour d’eux. Kuma dir dimoun pa trouve ou fer sanblan pa truve. Il nous a semblés important de faire cet album pour rétablir certaines choses, engager une réflexion en profondeur et surtout dire les choses telles qu’elles sont”. D’autant qu’ils n’oublient pas le conseil de Désiré François qui leur avait offert leur première scène et qui leur avait dit “tou letan koz la verite”.

Bien que l’amour, la mort, les séparations, entre autres sujets sensibles ou tabous sont souvent abordés par d’autres, le duo veut, à sa manière, apporter une pierre à l’édifice. Et aussi contredire ceux qui ont tendance à dire “pena lavenir kan ou habit ou viv dan enn geto”. Madii Madii affirme : “Il est tout à fait possible de vivre dans un ghetto. Il faut juste être capable de prendre sa propre route, d’avoir sa propre personnalité sans suivre qui que ce soit. Si ou suiv dimoun ou pou pran enn move lavi. Ek fode ena enn servo byen for. La preuve, nous sommes nés, nous avons grandi et nous habitons ici à Résidence Barkly. Mais, nous avons pu suivre notre propre route”, souligne l’auteur, compositeur et interprète. Il faut dire que le jeune homme parle aussi par expérience.

Laba et autres cicatrices

Ni ange ni démon. Madii Madii porte des cicatrices au cœur : “Ca ne sert à rien de faire semblant ou de nier. Si je veux inciter les gens à réfléchir, je dois d’abord commencer par moi-même pour montrer la bonne foi de notre démarche. Et j’espère que cela aidera d’autres à reprendre confiance en eux”. Sur Vérité, il y a un des titres Laba qui compte énormément pour Madii Madii. Après une grande inspiration, il ouvre son cœur : “J’ai eu vraiment du mal à accepter l’assassinat de ma sœur Anaïs. Ce n’est que cette année que j’ai réalisé qu’elle n’était plus là. Ki linn kit nou a zame”.

Ce texte est resté longtemps inachevé avant que Jason Le Boucher ne trouve un accord et que Madii Madii trouve enfin la force de rajouter le point final. Parler d’Anaïs, de celle qui fut aussi sa confidente et sa meilleure amie, demeure encore très sensible pour l’aîné de la famille: “ Cet épisode m’a beaucoup changé. J’étais devenu une personne très agressive et renfermée sur moi. Je ne parlais à personne sauf à Jason. C’est la musique et le soutien du public qui m’ont permis de reprendre le dessus. Comme je le dis dans le morceau j’avais une boule sur le cœur. J’ai eu le courage de le terminer, car j’ai vu d’autres personnes souffrir comme moi. J’ai voulu aider à les libérer, et, en même temps m’aider à me libérer de cette souffrance.”

Il pense avant tout à ses parents et son petit frère car depuis qu’Anaïs a été tuée par son ex-petit ami en 2016, chacun d’entre eux noyait son chagrin dans la solitude. Mais, depuis qu’il a complété l’écriture de ce morceau, l’atmosphère à la maison est plus paisible. Ils recommencent peu à peu à rire et à se parler. Le verdict rendu au début d’année est loin d’avoir contribué à apaiser leur souffrance. Le meurtrier a été condamné à 20 ans de prison. Madii Madii dit d’ailleurs dans ce morceau “sommes nous vraiment humains ? Est-ce-qu’il est impossible d’être conscient que nous faisons des choses qui ne sont pas bonnes ? Si ou pa kontan dimoun la prefer ou kit li. Kifer bisin tortir dimoun la ou tir so lavi”.

S’il n’a pas d’autre choix que d’accepter le jugement il ne peut cacher son amertume : “Cela n’est pas suffisant surtout pour une personne qui a pris la vie d’une autre. Bisin ena enn santanss spesial pou sa bann dimoun la. C’est le genre d’injustice que je m’engage à dénoncer à travers la musique”.

Quand la colère frappe…

La gorge nouée tentant de retenir sa colère, Madii Madii poursuit ses confidences sur son processus de deuil qu’il explique n’être qu’à moitié. Et ce sera ainsi tant qu’il n’aura pas un face à face avec celui qui a étranglé puis noyé sa petite sœur. « Cela ne veut pas dire que je vais m’en prendre à lui. Mais, j’ai besoin de lui parler. C’est à partir de là que je verrai si je lui pardonne ou pas. Ou si je lui tourne définitivement le dos. J’ai envi de comprendre ce qui s’est passé dans sa tête. Kifer linn fer sa. Mo le so la verite”.
Il concède que par moment, il parvient à faire abstraction de sa colère pour réfléchir : “Je me dis alors que cette personne est humain et qu’il a aussi une vie”. Une réflexion qui découle d’un autre chapitre douloureux de sa vie. Celle de sa séparation avec la mère de son fils : “Nous passions notre temps à nous bagarrer. Ce n’est pas une gloire pour moi de vous raconter ça mais j’assume le fait d’avoir fauté. Enn zour monn sape ek monn donn enn kout tet. Elle a eu trois points de suture sur le front. Aujourd’hui encore, je me reproche cet acte surtout que je ne lui ai jamais demandé pardon. Je regrette amèrement car je suis moi-même à dire que je suis contre la violence et pourtant je lui ai fait ça. Mon père n’a jamais fait du mal à ma mère. Kuma mwa mo finn kapav fer sa ar zanfan dimoun ?” Ce soir-là, il se souvient encore s’être vu comme celui qui a tué sa sœur “Je ne suis même dit que je n’étais finalement pas mieux que lui. Sa finn lontan ronz mwa. Et j’ai failli rechuter dans le synthétique”.

Nou ti ladan plin

Au fil des confidences, Madii Madii révèle d’autres vérités. Comme le fait d’avoir touché à la drogue synthétique. “Wi nou ti ladan plin”. Sans se chercher d’excuse Jason Le Boucher et Madii Madii expliquent : “C’est en voulant essayer. Sauf que nous sommes tombés dans cette trappe. Ce fut très difficile de s’en sortir. Mais, heureusement après nous avons tous les deux pris conscience que nous ne pouvions pas continuer dans cette voie”. Les deux amis se sont lancés le pari de voir qui pourra résister à l’envi de fumer pendant plusieurs jours. Madii Madii fut le premier, mais à chaque fois il rendait visite à Jason Le Boucher pour l’encourager à en faire autant, il se retrouvait à plonger à nouveau. Encore pire, il frôlera l’overdose le soir du décès de sa sœur. “J’avais descendu une bouteille de rhum seul. Je voulais en finir avec ma vie ce jour-là et je suis allé acheter plusieurs doses. Ce sont mes amis qui m’ont sauvé en enfoncant la porte de ma chambre”.

Ayant connu les travers et conséquences de cette addiction, les deux amis d’enfance se sont donnés depuis pour mission d’aider les autres “Même si nous sommes en contact et que nous voyons passer cette drogue devant nos yeux, nous n’en touchons plus.” Outre la force de leur amitié, c’est aussi leur passion pour la musique qui leur permet de construire leur avenir. “Ca a été comme une thérapie. Il y a eu les nombreux encouragements qui nous ont poussés à persévérer”. Leur victoire lors du concours lancé par Désiré François et d’autres collaborations musicales sont ensuite venu confirmer que c’était la meilleure direction à prendre. “Nous avons encore du mal à vraiment réaliser le niveau que nous avons atteint à ce jour. Dans notre tête, nous sommes toujours les mêmes. Notre force c’est de ne pas prendre la grosse tête.”

Les deux chanteurs ne cherchent pas à être en compétition avec d’autres artistes. Eux préfèrent que le public retienne avant tout le profond respect qui existe entre eux. “Notre mission c’est de propager notre amitié autour de nous. Si nos fans sont en mesure d’écouter nos morceaux etles messages pourquoi ne peuvent-ils pas écouter aussi les autres? ”

Apprendre par la misère

Sans se voiler la face, le duo sait d’avance: “Nou pou bisin rinte pou fer li”. Jason Le Boucher souligne “Il y aura toujours des hauts et des bas. Mais à nous de savoir faire les choses bien. Et si on le fait, il faudra accepter ses faiblesses et ne pas baisser les bras ». Pour sa part, Madii Madii trouve qu’il est important de rester humble. “Même si nous parvenons à devenir grand, il ne faudra jamais oublier d’où l’on vient. J’ai connu la misère.”

A bientôt 25 ans, il veut être un exemple pour son fils Mason, âgé de deux ans. Il ne cache pas sa fierté d’avoir repris ma vie en mains, de vivre de sa passion pour la musique et de surcroit d’avoir réalisé une promesse. Faire que sa mère n’ait plus à travailler : “Mo mama ti travay dan lakour. Elle a subi énormément de maltraitante et a versé beaucoup de larmes. Toulezour li vini so zenou plise telma linn netoye. Li ti travay ziss pou rs 200 par jour”. Enfant, Madii Madii l’accompagnait pour l’aider de ses nombreuses tâches ingrates. “Ayant été témoin de toutes ces injustices, je ne veux plus me taire”. Dorénavant les revenues sont différentes. Mais il demeure très prudent car “je connais la valeur de chaque sous”. Pour exemple, Madii Madii raconte que lors du concert de Désiré François, où lui et Jason devaient se produire sur scène devant près de 4000 personnes, nul ne pouvait savoir qu’ils avaient passé toute journée à brûler du cuivre dans les bois afin de pouvoir se payer un t-shirt chacun et trouver de quoi payer le transport pour se rendre au Swami Vivekananda Convention Centre à Pailles.

Ce qui l’amène à conclure : “Avoir la belle vie n’est pas un fin en soi. Encore moins de jouer la star ou être meilleur que d’autres. Jason et moi nous préférons jouer sur un autre terrain en avançant un pas après l’autre et en se fixant des projets à concrétiser pour nos familles et nos enfants”

Autour du lancement

L’album Vérité comprend quatre solos de Madii Madii sur Laba, Rouler Rouler, Lavi et Premie Fwa ; trois solos de Jason Le Boucher avec Ress Lwin Ar Mwa, Lamour Enn Maladi et Ar twa ; et en duo sur Si ou les, Mo Kontan Twa et Lanpriz. Côté style, l’album propose du séga, zouk, reggae, et afro.

Outre la promotion sur les radios, l’album sera en vente dès le 28 septembre à Rs 250 chez tous les disquaires. A noter que le 3 octobre, une séance vente et de dédicaces est prévue à City Sport de Bagatelle suivi dans la soirée par un Birthday Bash au Safari à Grand-Baie. Le 17 octobre, les deux artistes seront en concert au Shotz à Flic en Flac.

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