Rakont Mwa : le caveau du Bienheureux Père Laval, un patrimoine national

Un patrimoine national 

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Le pèlerinage vers le caveau du Bienheureux Père Laval a lieu chaque année les 8 et 9 septembre. Des milliers de Mauriciens convergent vers Ste Croix pour prier et rendre hommage à ce prêtre qui a consacré sa vie aux plus pauvres. Depuis le mardi 10 juin 2014, le sarcophage contenant les reliques de l’Apôtre des pauvres a été transféré dans un nouveau et troisième caveau. Le premier caveau avait été construit quelque temps après sa mort survenue le 9 septembre 1864. Le Père Bernard Hym, directeur du Centre de Père Laval revient sur l’histoire de ce monument. 

Le sarcophage, qui est la pierre qui renferme son cercueil, surmonté d’une statue en plâtre du Bienheureux, a été transféré dans cette nouvelle sépulture à l’arrière de l’ancien caveau construit il y a 50 ans. Rappelons que le missionnaire puritain français a été béatifié le 23 avril 1979 par le Pape Saint-Jean Paul II et qu’il y a un an le Pape François était venu se recueillir dans le caveau.

Décès du Bienheureux Père Laval

En 1859, le prêtre tomba gravement malade et mourut le 9 septembre 1864 en début d’après-midi. Ses funérailles eurent lieu le dimanche 11 septembre à 11 heures en présence d’une foule. Les prêtres qui se tenaient, ce jour-là, autour du cercueil du Père Laval soulignèrent que les fidèles leur avaient remis quelque 20 000 objets pour qu’ils les fassent toucher par les mains du défunt. Lors des funérailles, quelque 40 000 personnes étaient présentes autour de la Cathédrale. Cela représentait presqu’un tiers de la population.

A son arrivée à Maurice le 13 septembre 1841 Jacques Désiré Laval s’était essentiellement rapproché des esclaves nouvellement affranchis. Toutefois, cet homme d’une générosité sans égal a véritablement conquis le cœur de la population mauricienne. Il ne jugeait point. Afin de pouvoir s’intégrer dans la vie mauricienne il a très tôt appris le créole et s’adjoindra également le concours d’auxiliaires laïcs noirs pour enseigner le catéchisme aux affranchis.

Vœux du Père 

En 1860, lorsqu’il prêchait la messe dite pour l’inauguration du cœur de l’église de Sainte-Croix, le Père Laval demanda d’être enterré à côté de la croix se trouvant devant l’église.  Le vœu fut respecté et un monument fut construit en son honneur. Mais, comme les lieux attiraient la foule il fut décidé de construire le premier caveau. C’est la nation mauricienne qui contribua au financement du projet. Plusieurs citoyens donnèrent une piastre pour ce projet.

Premier caveau

En 1867, un architecte commença à entreprendre les travaux. Mais, il se retira par manque de moyens financiers et également à cause de l’épidémie de la malaria qui se propageait. Le projet finit par aboutir en 1870, mais le caveau ne pouvait accueillir que très peu de fidèles, car il se trouvait au sous-sol. Le Père Bernard souligne qu’à cette époque, les enfants de l’école du Père Laval se cachaient sous le sarcophage, qui reposait sur du béton, lorsqu’ils jouaient à cache-cache. Contrairement à ce que la plupart des gens pensent, le corps du Père Laval n’était pas sous la statue en plâtre, mais à l’intérieur de la roche qui a été entièrement scellée. Le Père Bernard tient également à préciser que le sarcophage n’a été ouvert que lors de la béatification.

Lorsque le Père Laval décéda, son frère Auguste fit faire une statue en son honneur. L’architecte Max Boullé travailla sur un deuxième caveau destiné à accueillir plus de fidèles. Mais au fil des années, le nombre de visiteur augmenta considérablement. Il y avait plus de 70 000 Mauriciens qui se déplaçaient chaque année vers l’église de Ste-Croix dans la nuit du 8 au 9 septembre et l’attente devant le caveau était très longue. En dehors du pèlerinage, 10 000 à 15 000 personnes venaient se recueillir chaque semaine. Ainsi, en 2013, le diocèse de Port-Louis présenta le projet d’un troisième caveau qui coïnciderait avec le 150ème anniversaire de sa mort prévu pour 2014. Le chantier de construction s’ouvrit le lundi 23 septembre 2013. Un projet qui valait près de Rs 28 000 millions. Le Père Hym, coordinateur de ce projet, avait quelques appréhensions relativement au financement de cet œuvre et en avril 2013, un appel à contribution fut lancé afin de pouvoir réunir la somme requise. Il raconte que les habitants des alentours et même les écoliers contribuèrent à la réalisation du projet.

L’évêché, avec la collaboration de la Mauritius Architects Association, avait organisé un concours d’architecture ouvert aux membres de cette association. Il y eut 9 propositions et le choix se porta sur celle de Mme Sylvie de Leusse. La pose de la première pierre se fit le 22 septembre 2013. Ce troisième caveau dépassait toutes les espérances car il comprenait un espace bien plus grand — pouvant accueillir jusqu’à 250 personnes — plus éclairé et plus aéré grâce aux larges ouvertures. Dès l’entrée dans la salle, le regard du visiteur est attiré par une grande croix. Il s’agit d’une reproduction de la croix auprès de laquelle le Père Laval avait accepté d’être photographié une unique fois. On relève aussi les murs utilitaires. En effet, des étagères ont été installées tout autour de la salle pour permettre aux pèlerins d’y déposer les bougies et les bouquets de fleurs.


L’Apôtre qui unifia la nation mauricienne 

Le Père Laval représente une figure fédératrice qui à œuvrer pour le bien-être de la population. Ce missionnaire puritain était un être exceptionnel, mais lui il ne se voyait guère comme tel. Il se considérait comme un pêcheur, mais, aux yeux de ceux qui l’ont côtoyé, il était un Saint. Au cours de sa mission à Maurice, il a accompli bon nombre d’actes mémorables. En premier lieu, dès son arrivée a Maurice, il a converti près de 67 000 esclaves noirs. Lorsqu’il devint, en janvier 1842, aumônier de prison, il continua cette action. Cet homme s’est ardemment battu pour les pauvres, même s’il était traité comme étant la  » bête noire » de la bourgeoisie.

Des lettres écrites par les prêtres et les fidèles relatent des miracles attribués au Père Laval. Le Père Bernard affirme que le jour de sa mort, une jeune fille souffrant d’handicap sévère et qui allait bientôt mourir, demanda à ses parents de l’emmener auprès du cercueil du Père Laval. En touchant les mains du bienfaiteur, la sienne commença à bouger. Ensuite, elle retrouva la vue, mais n’arriva pas à marcher. On lui confia alors la canne du prêtre. Ce miracle ne fut pas reconnu, car il aurait fallu que la jeune fille retrouve toute la mobilité de ses membres et qu’un médecin confirme le miracle.

Jacques Désiré Laval est né en 1803 à Croth en France. Il venait d’une famille nombreuse et avait un frère jumeau qui mourut peu de temps après sa naissance. Après des essais, plus au moins réussi, de premières études, il sortit bachelier es lettres et es sciences latines à l’âge de 22 ans. D’abord médecin, il ressentit l’appel après avoir survécu à un accident.  Il décida de se mettre au service des pauvres et entra au séminaire à Paris. Devenu prêtre, il mettra plus tard le cap sur Maurice.

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