Mauritius Art Corner : Rachel Caprice, ou quand l’art combat le chômage

Rachel Caprice, une habitante de Beau-Bassin de 25 ans, est une jeune artiste peintre convertie en entrepreneuse pendant le confinement de l’année dernière. L’art et la peinture ont toujours été sa passion. Et pour éviter le chômage technique, elle a fait de cette passion un moyen d’avoir des revenus. Décision qu’elle ne regrette pas aujourd’hui. Son entreprise, baptisée Mauritius Art Corner, est aussi spécialisée dans la fabrication de produits artisanaux, à savoir de bougies, d’objets décoratifs pour la St-Valentin et de “gift boxes” à l’occasion de la fête des Mères, entre autres.

- Publicité -

Rachel est une jeune artiste peintre locale avec de grandes ambitions, qui ne se limitent pas à elle. La jeune femme, convertie en entrepreneure, a monté son entreprise dans le but de promouvoir ses œuvres certes, mais aussi promouvoir le talent artistique des Mauriciens. Elle veut que les gens reconnaissent la vraie valeur de l’art et l’effort derrière chaque tableau, tattoos, entre autres. Elle souhaite notamment encourager les jeunes générations à vivre pleinement leur passion pour l’art.

Pour la petite histoire, l’art et la peinture sont des pratiques auxquelles Rachel s’adonne depuis qu’elle est petite. « Entre l’art et moi, c’est une belle histoire d’amour. J’ai commencé à pratiquer l’art depuis que je suis en primaire. Ma passion pour cette filière a grandi au fil des années. Puis, je suis arrivée au secondaire, où j’ai décidé de poursuivre ma passion. En Form V et en HSC, j’ai même choisi de faire l’art comme matière principale », relate Rachel.

Après le secondaire, cette ancienne étudiante du collège BPS, à Beau-Bassin, avait un choix à faire concernant sa carrière. « J’avais deux options : soit je poursuis mon parcours dans le domaine de l’art et de la peinture ou j’accepte un emploi dans le secteur du tourisme. Puisqu’à l’époque, il n’y avait pas de débouché dans le domaine de l’art à Maurice, j’ai décidé de sécuriser mon emploi dans une agence touristique. J’ai été au service de la compagnie pendant deux ans et demi, mais en parallèle, je vivais pleinement ma passion », dit-elle.

En effet, outre son emploi, Rachel trouvait du temps à peindre des tableaux qu’elle vendait à des gens de son entourage. Elle prenait des petites commandes de personnes qui étaient impressionnées par son talent d’artiste peintre. « Dans un premier temps, je prenais des commandes des gens qui me connaissaient déjà. Par la suite, d’autres gens ont vu mes œuvres chez mes clients et ont pris contact avec moi. C’est ainsi que j’ai développé mon premier réseau de clientèle. Un couple m’a même proposé de leur peindre neuf tableaux. C’était vraiment encourageant », affirme la jeune femme.

Rachel avait tout ce dont elle avait besoin pour être heureuse et devenir une femme accomplie : un boulot à plein temps et vivre pleinement sa passion pour l’art. Toutefois, la pandémie de COVID-19 viendra bousculer ses projets. « Quand Maurice a été frappée par la pandémie en mars l’année dernière, et avec le confinement qui s’est ensuivi, la compagnie n’opérait plus, puisqu’il n’y avait pas d’arrivées touristiques. J’étais à la maison. L’occasion pour moi de profiter de ces congés forcés pour me consacrer pleinement à la peinture des tableaux. D’abord, l’idée était de peindre pour m’exprimer et me libérer des sentiments négatifs, comme la colère et la tristesse, entre autres. En même temps, ce sera l’occasion pour moi d’avoir un revenu puisque je me suis retrouvée au chômage technique », fait-elle ressortir.

Rachel a tout d’abord créé une page, baptisée Mauritius Art Corner, qui est d’ailleurs le nom de son entreprise, sur Instagram, notamment pour la faire connaître et exposer ses tableaux au public. « Évidemment, j’ai commencé à recevoir des clients qui m’ont contactée pour que je fasse des tableaux pour eux. Si, dans un premier temps je ne recevais que des clients individuels, par la suite, j’ai même eu des commandes d’entreprises qui souhaitaient des tableaux pour leur bureau. Outre les tableaux, je pratique aussi du Wall Painting pour diverses occasions, à savoir à l’occasion d’une fête ou pour les bébés », explique-t-elle.

La jeune artiste peintre puise son inspiration de tout ce qui l’entoure. « Contrairement à d’autres artistes, je n’ai aucune idole. Je puise mon inspiration de moi-même, de la vie de tous les jours, et des choses qui m’entourent. Je peins des tableaux de paysages et je fais également des portraits. Je fais des tableaux interprétatifs, c’est-à-dire attribuer un sens à une œuvre. Ce sont des tableaux très réalistes et je joue beaucoup avec les couleurs, ce qui s’avère d’ailleurs ma signature », précise Rachel. Et d’ajouter qu’elle a entamé plusieurs recherches sur Internet en vue de se perfectionner dans le domaine.

Sa réinvention l’année dernière comprend aussi son choix de se lancer dans l’artisanat. Rachel raconte que la période des festivités approchait et qu’elle a alors profité de cette occasion pour exploiter son savoir-faire dans l’artisanat. Étant donné qu’elle est une artiste, l’artisanat n’était pas aussi compliqué. « J’ai commencé à faire des bougies pour la fête de Noël. J’ai effectué des recherches sur les techniques, notamment sur Google et Pinterest. Je visionnais aussi des Tutorials sur YouTube pour me perfectionner. Je mettais les bougies dans des verres transparents que je décorais avec de la peinture. Mon copain m’a beaucoup aidée dans ce côté-là », dit-elle. Rachel a même eu l’opportunité de mettre en vente ses produits dans diverses foires organisées à travers le pays.

Après ce parcours d’un an, Rachel n’a plus envie de retourner dans le secteur du tourisme. Elle dit avoir trouvé son bonheur dans la peinture et l’artisanat. « J’ai passé de bons moments et je ne compte plus reculer », confie-t-elle. Sa plus grande mission consiste à venir en aide à tous les artistes locaux qui n’ont pas d’ouverture sur le marché. « Sur ma page Instagram, il n’y a pas seulement mes tableaux, mais aussi ceux d’autres artistes locaux. Je les invite à faire des tableaux et de m’envoyer des photos. Ensuite, je les afficherai sur ma page Instagram. Si un client est intéressé, je le référerai à l’artiste. Bien sûr, j’obtiens une toute petite commission dessus, que j’économise pour organiser une grande expovente à l’intention des artistes peintres locaux », fait-elle ressortir.

Par ailleurs, Rachel ambitionne de pouvoir créer plus d’opportunités pour les artistes peintres locaux, encourager plus de personnes à participer dans son exposition d’art. « Je souhaite regrouper le maximum d’artistes à cette exposition d’art afin qu’ils puissent partager leurs idées et leurs connaissances ou expériences. Je veux aussi lancer des campagnes de sensibilisation à travers cette exposition. Nous pouvons aussi pratiquer le social à travers l’art. Récemment, j’avais participé à une exposition pour venir en aide à des chiens errants. Cet argent peut être utilisé pour acheter de la nourriture pour chiens. Nous pouvons éventuellement organiser d’autres événements de ce genre », dit-elle.
Enfin, sur le plan personnel, Rachel s’apprête à essayer de nouvelles techniques de peinture pour proposer du nouveau à ses clients. Ainsi, elle apprend à faire de la peinture japonaise et envisage de faire des tableaux en fusionnant le style mauricien et japonais.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -