Plage de Bel Ombre – AKNL ne lâche pas l’affaire

Les activistes du collectif Aret Kokin Nu Laplaz (AKNL) ont saisi la Cour suprême pour demander l’annulation du permis de construction accordé par le District de Savanne (DCS) au promoteur West Coast Leisure Ltd, filiale du Groupe HYVEC. Et ce, par voie d’une judicial review. Le promoteur veut ériger un complexe de 33 villas sur la plage de Beau Champ à Bel Ombre. Malgré les revers qu’AKNL a connus en cour, notamment pour la réproclamation de la plage de Pomponette, le collectif a cette fois logé le premier cas en Cour suprême pour violation de la Climate Change Act, proclamée le 21 avril dernier. Les parties concernées se présenteront demain devant la cour.

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«Cette nouvelle loi oblige les autorités à prendre pleinement en compte les impacts du changement climatique quand il s’agit d’accorder les permis de construction et autres autorisations à des projets de développement. Outre d’avoir ainsi modifié la Planning & Development Act et la Local Government Act, la Climate Change Act est venue explicitement inscrire dans les lois concernant les terres de l’État, notamment sur la côte, que toute personne ou entité détentrice d’un bail sur des terres de l’État “shall not alter or change any marsh, lake or sand dunes and mangroves of the State Land” », précise AKNL.

En plus de cet argument de taille qu’AKNL espère fera mouche, les membres du collectif se sont aussi armés de plusieurs rapports d’experts scientifiques sur cette partie de l’île. «AKNL a sollicité tout une série d’experts scientifiques, dont une équipe de géomorphologues sud-africains, spécialistes en wetlands, ainsi que des experts locaux, spécialistes des écosystèmes côtiers, et en matière de changement climatique et développement durable. Les experts sud-africains et mauriciens sont unanimes : le site est unique non seulement pour la qualité des wetlands, de son système dunaire et de la végétation indigène s’y trouvant, mais aussi pour la quasi-absence d’érosion côtière et la présence juste en face, de coraux dans un état de préservation exceptionnel tel que nos lagons d’il y a 20 ans», indique AKNL.

En plus du promoteur qui semble faire fi des nombreux rapports soumis sur l’état de cette région, AKNL déplore aussi l’attitude des autorités et le non-respect du plan national d’aménagement du territoire.

Le NDS ignoré

«Sans même l’entrée en vigueur de la Climate Change Act, ce projet d’hôtel est une violation du plan national d’aménagement du territoire (National Development Strategy) qui a force légale sous la Planning & Development Act. Le NDS dit clairement que les hôtels de plage ne doivent pas être autorisés sur la côte encore sauvage du Sud, entre Blue Bay et Baie-du-Cap, afin de préserver l’attractivité du pays. Bel Ombre est situé au milieu de cette zone. Le NDS n’a eu de cesse d’être ignoré malheureusement, ouvrant la voie à la bétonisation, l’accaparement de ces dernières plages qui pouvaient prétendre à l’étiquette “authentique”. Il est important d’arrêter cette pratique de non-respect du NDS et du SCHZ pour satisfaire les intérêts de quelques-uns. Il est clair que le NDS n’autorise pas d’hôtels de plage, mais plutôt des développements à petite échelle et situé dans les villages, non pas sur le littoral.»

«Le ministre Ramano se prépare ces jours-ci à accompagner le Premier ministre à la COP26 pour la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (United Nations Framework Convention on Climate Change – UNFCCC). En même temps, les pelleteuses du Groupe HYVEC ont commencé à enlever la végétation présente sur la plage de Beau Champ et à fouiller le système dunaire pour poser les fondations du futur hôtel. Ce sera une barrière en béton séparant les wetlands des coraux, et détruisant à jamais les fonctions de la dune. Ce bout de côte encore préservé connaîtra la même érosion que connaissent les hôtels de Bel Ombre», regrette AKNL, qui a demandé à la Cour suprême d’émettre, le temps de statuer sur le Buliding and Land Use Permit (BLUP), un stop order immédiat des travaux.

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