Assemblée nationale : Les parlementaires en congé ce mardi

L’ICAC : sujet sensible pour Pravind Jugnauth

- Publicité -

À peine la reprise, voilà que le Parlement est ce mardi en congé ! La séance de mardi dernier a été ajournée au mardi 9 mai, tenant compte du jour férié du lundi 1er mai, où seuls les membres du gouvernement ont tenu un meeting, le temps d’une demi-journée, pour faire une démonstration de foule, devenue la tradition des politiques occultant la fête des Travailleurs. Il faudra donc attendre encore une semaine pour que reprennent les débats à l’Assemblée nationale.

Les débats, la semaine dernière, ont été marqués par des signes visibles d’énervement au sein de la majorité, avec tantôt le Premier ministre, Pravind Jugnauth, crispé quant aux questions entourant le rôle et travail réels de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) et de son directeur, Navin Beekarry. Et tantôt le VPM, Anwar Husnoo, s’échauffant sur la question du marché central. Quand ce n’est pas le cafouillage lorsque la ministre de l’Égalité des Genres, Kalpana Koonjoo-Shah, qui devait répondre à une question de la députée PTr Stéphanie Anquetil, qui n’est pas à sa place. Le Speaker, lui, semble disposé, du moins ces dernières semaines, à ronger son frein.
Sooroojdev Phookeer a choisi cette semaine, plutôt que de hurler, de faire rire les parlementaires. Cela, plus particulièrement lorsqu’il répondit – à une question du leader de l’opposition, Xavier Duval, qui, s’estimant victime d’une politique de deux poids, deux mesures suivant l’interdiction par le Speaker qu’il utilise certains mots, voulait savoir si sa question était correcte – “Intelligence is not the monopoly of the Chair”. Ce qui a même fait sourire Pravind Jugnauth, sans pour autant déstabiliser le leader de l’opposition, qui a alors fait remarquer au Speaker, tout sourire, “Why is everybody laughing at you?” Quoi qu’il en soit, avec ses “Be patient” prononcés à plusieurs reprises à l’adresse des membres de l’opposition, dont le leader de l’opposition, Sooroojdev Phookeer semble en train d’apprendre, lui aussi, à être patient…
La PNQ du leader de l’opposition, consacrée mardi dernier à l’ICAC et à son directeur, Navin Beekarry, plus précisément entourant le nombre de condamnations enregistrées pour les délits de corruption aux termes de la Prevention of Corruption Act pour la période 2019-2022, a été révélatrice du salaire mensuel de Rs 650 000 que touche Navin Beekarry. Chiffre avancé par Xavier Duval, soit trois supérieurs à ceux des juges de la Cour suprême, qui n’aura pas été démenti par le PM. Cependant, Pravind Jugnauth, indiquant que le contrat de Navin Beekarry avait été renouvelé le 29 juin 2021 pour une période de cinq ans, prenant effet le 1er juillet de cette même année, s’est gardé de répondre à l’interpellation de Xavier Duval concernant le salaire du directeur de l’ICAC. Il l’a renvoyé aux réunions du comité parlementaire prévues sous la Prevention of Corruption Act, qui définit les attributions et fonctions de cette instance parlementaire, et lors desquelles les membres de l’opposition peuvent siéger et obtenir les informations relatives. Pour se tirer d’affaire, Pravind Jugnauth a joué la carte du passé, une habitude systématique des membres du gouvernement pour mettre à faux les membres de l’opposition. Il a rappelé les réponses données par le gouvernement PTr-PMSD à de semblables des interpellations sous l’ancien gouvernement…
Dans une longue tirade pour aborder la question de Xavier Duval quant au nombre de convicted cases à l’ICAC pour la période de 2019-22, le chef du gouvernement, sous l’œil exaspéré du leader de l’opposition, a expliqué que le but de l’ICAC est d’éduquer la population et d’encourager le soutien public dans le combat contre la corruption. Tout en se penchant sur les allégations à l’effet qu’il y a eu un cas de corruption, d’enquêter sur ce cas de corruption et d’enquêter sur la conduite de n’importe quel fonctionnaire estimé être lié à cette corruption… Le PM a insisté que le but de la commission n’est pas d’obtenir une condamnation à n’importe quel prix, ce qui relève, dit-il, du but ultime du processus de la poursuite qui ne peut être engagée que par le DPP, ou avec son assentiment, comme prévu par la Constitution. Pour Pravind Jugnauth, il ne serait donc pas approprié de mesurer la performance de l’ICAC sur une période donnée en termes de nombre de condamnations obtenues, tenant compte que la commission n’a aucun contrôle sur l’engagement des poursuites judiciaires et, éventuellement, les condamnations.
Si le leader de l’opposition a fait ressortir que, selon ses informations, “ICAC has only secured thirteen convictions. Et que ces cas n’ont trait qu’à des petty cases, soit des pots-de-vin de Rs 500 ou encore des paires de screwdrivers…”, Pravind Jugnauth a tenté de renverser la vapeur en comparant les chiffres de 2006-2014, indiquant qu’à cette période, soit sur une période de neuf ans, il y a eu 154 convicted cases, dont 60 sous les dispositions de la FIAMLA. Comparativement à la période 2015-2023, l’on dénombre 155, dont 22 sous la FIAMLA. “If you want to compare, you can see… This is very telling”, devait dire le PM.

- Publicité -

Nico le Mimi :  le PM “pas au courant”…

La vidéo de l’Ivoirien Nico le Mimi, officiellement connu comme Angoran Nicodème, rendant visite aux policiers du poste de Rivière-Noire – et qui a fait le tour des réseaux sociaux – n’a visiblement pas été visionnée par le Premier ministre. C’est du moins ce qu’a laissé comprendre Pravind Jugnauth, mardi. Répondant à la question du député MMM Deven Nagalingum, le chef du gouvernement a soutenu qu’il n’était pas au courant qui  avait invité Nico le Mimi à Maurice et s’il était présent au poste de police de Rivière-Noire, dont le responsable a été transféré depuis la diffusion de ces images. Il a toutefois fourni des informations quant au nombre de séjours de l’Ivoirien à Maurice et ses nombreuses demandes d’extension de visa, agréés du fait qu’il respectait tous les critères. Pravind Jugnauth affirme que Nico le Mimi n’aurait pas bénéficié des services du VIP Lounge et soutient ne pas être au courant de ses relations avec Franklin.

- Advertisement -

PQ’s : Le bazar d’Husnoo
Le bazar de Port-Louis, sis autour de la zone tampon de l’Aapravasi Ghat, avait fait l’objet d’une étude de la part d’experts sud-africains mandatés par l’UNESCO qui a culminé sur des propositions et des recommandations faites au ministère des Arts et de la Culture afin que le projet de moderniser le bazar ne menace pas la valeur universelle exceptionnelle de l’Aapravasi Ghat. C’est ce qu’avait confié à Week-End, le 4 février 2022, l’architecte Gaëtan Siew, en charge du concept design du futur marché moderne. Cet item a fait l’objet de vives tensions entre le ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo, et le député mauve Adil Ameer Meea, qui s’est interrogé sur les conditions d’insalubrité prévalant à la section « poisson, viande et volaille » du marché central et les mesures prises pour remédier à la situation.
Le ministre a répondu que le nettoyage quotidien, le lavage des drains avec des détergents et la présence permanente des inspecteurs sanitaires font partie des mesures entreprises. Mais le ton est monté d’un cran lorsqu’Adil Ameer Meea a tenté d’en savoir plus quant au retard dans la mise en œuvre de la modernisation du marché. Le ministre avait auparavant souligné qu’il attendait le feu vert du comité du patrimoine de l’UNESO, dans la mesure où le site du bazar se situe dans la zone tampon de l’Aapravasi Ghat.
Adil Ameer Meea a alors demandé au ministre les raisons pour lesquelles “la station du métro, qui se trouve aussi dans la zone tampon, n’a pas fait l’objet du même traitement.” Anwar Husnoo en a profité pour souligner que “l’honorable membre ne sait même pas où s’arrête la buffer zone ! La station de métro se trouve hors de la buffer zone de l’Aapravasi Ghat”. Adil Ameer Meea insistant, Anwar Husnoo a laissé poindre son énervement, rétorquant vivement : “To pli kone ki mwa ta ?” Les échanges entre les deux parlementaires ont été très vifs, jusqu’à ce que le Speaker intervienne auprès du ministre pour lui dire : “I am on my feet” et enchaînant avec une “Next question”.

Stéphanie Anquetil félicitée
Kenny mon cher Kenny, aurais-tu vu la ministre Kalpana Koonjoo-Shah ? C’est ce qu’a sans doute lancé Stephane Toussaint au Deputy Chief Whip pour que ce dernier retrouve la ministre de l’Égalité des genres, à qui une question était adressée mais qui n’était plus à sa place. Après avoir regagné son siège, la ministre a ainsi eu à répondre à la députée PTr Stéphanie Anquetil s’enquérant de la situation de bébé S. du shelter L’Oiseau du Paradis. Pas satisfaite de la réponse de la ministre, Stéphanie Anquetil a cité un document officiel du ministère de la Santé pour faire état de la santé de bébé S., admis à l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam de Pamplemousses. Sur la défensive, le Speaker est tenu à authentifier le document. Satisfait, et félicitant même la députée PTR, dont l’exemple devrait être suivi par d’autres, a-t-il dit, Sooroojdev Phookeer a permis à Stéphanie Anquetil de continuer avec sa question. Ce qui devait décontenancer la ministre de l’Égalité des Genres, qui s’est dit surprise qu’un document confidentiel de la Santé se soit retrouvé entre les mains de la députée.

PMQT — Voyages du Speaker : “In the spirit of transparency”, bientôt des explications
Le Speaker compte communiquer les infos sur ses missions parlementaires à l’étranger. Du moins, au début de la séance parlementaire de mardi dernier, Sooroojdev Phokeer a annoncé que, “in the spirit of transparency”, il communiquerait bientôt les informations sur ces déplacements. Cela fait suite à la polémique soulevée du fait que le député l’opposition, Osman Mohamed a vu sa question sur les missions à l’étranger de Sooroojdev Phokeer et son adjoint, Zahid Nazurally, être rejetée.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques