Mental Health Care (Amendment) Bill : L’opposition boycotte le ministre Jagutpal

L’opposition parlementaire a effectué un Walk-Out lors de l’intervention du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, sur le Mental Health Care (Amendment) Bill. Elle protestait contre la gestion de la deuxième vague de COVID-19, notamment les douze décès de patients suivant le traitement de dialyse contaminés au virus.

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« Pa kapav ekout twa, to bizin demisione. Dimoun inn mor », ont lancé des membres de l’opposition. Seul le député du Parti travailliste Shakeel Mohamed est resté au sein de l’hémicycle pour écouter le discours de Jagutpal car il devait donner la réplique au ministre dans le cadre de ces débats.

« Laont. Pe rod al boner », rétorquaient les membres de la majorité. Ces derniers ont d’ailleurs hurlé de manière plus prononcée en apercevant l’ancien ministre Nando Bodha quitter les lieux. Pour sa part, l’ancien du MSM est resté debout quelques secondes pour regarder en face ses adversaires politiques du jour.

Le Speaker Sooroojdev Phokeer a tenté de restaurer le calme avec ses « Order ! Order ! » habituels. « Laont lor twa Nando », s’égosillaient certains ministres. « Swadizan vre demokrat », laissait échapper de son côté le Premier ministre Pravind Jugnauth.
« Honourable Minister », a lancé le Speaker Phokeer tout en indiquant la sortie à Nando Bodha, sous les invectives de ses anciens collègues. Après avoir effectué ce walk-out et à la fin de la présentation du texte de loi en deuxième lecture, les députés de l’opposition sont retournés au sein de l’hémicycle pour suivre la suite des débats et y participer.

XLD dénonce cette opération de Rubber Stamping budgétaire

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, s’est élevé contre la procédure du vote du Supplementary Appropriation Bill, faisant remarquer que l’Assemblée est appelée à approuver des fonds qui ont déjà été dépensés et ce, à un mois du prochain budget. Il a dénoncé cette injection de fonds dans la National Property Fund Ltd, alors que celle-ci n’a pas encore soumis de comptes audités. Il a également regretté que les ‘assets’ de l’ex-BAI n’aient pas été vendus à leur juste valeur. « Cela aurait permis de payer les dettes et rembourser les clients. » Selon lui, en six ans, « le gouvernement a puisé Rs 24 Mds de l’argent des contribuables dans l’affaire BAI ».

« It is just a rubber stamping exercise. » C’est ainsi que Xavier-Luc Duval a qualifié le Supplementary Appropriation Bill 2020-2021, voté à l’Assemblée. Il a souhaité qu’à l’avenir le projet de loi soit d’abord présenté avant d’engager les dépenses. Il a aussi souligné que c’est la première fois que ce projet de loi dure deux semaines, privant ainsi les parlementaires de leur droit de poser des questions. « Cela aurait pu se faire un vendredi et, le mardi, on aurait eu la séance normale avec des questions. »
Parlant de la Special Covid Allowance, Xavier-Luc Duval dit approuver le fait que des Frontliners, comme le personnel de la Santé ou les policiers, aient eu droit à une allocation de Rs 15 000. Toutefois, il regrette que d’autres, à l’instar des éboueurs et des employés de supermarchés, aient été ignorés. « On aurait pu rectifier le tir à travers ce projet de loi. Il n’est pas trop tard. Surtout que ces travailleurs sont parmi ceux ayant les salaires les plus bas. »

Parlant de la pension, il a fait remarquer que le gouvernement, qui a prévu Rs 375 millions dans ce budget additionnel, « n’a pas prévu une hausse pour compenser le pouvoir d’achat ». De même, il s’est demandé « comment le gouvernement va faire pour respecter sa promesse de la pension à Rs 13 500 dans trois ans », du fait qu’il faudra aussi prévoir pour d’autres citoyens qui atteindront les 60 ans à cette période.
Il souhaite que le ministre des Finances vienne donner des détails à ce sujet. « Il faudra prévoir une hausse de Rs 4 500 par personne pour atteindre les Rs 13 500. Cela représente une hausse de 50% de la pension. Comment va-t-on procéder ? Tout le monde sait que nous n’aurons pas une croissance de 50% dans trois ans et cela prendra des années avant de rattraper celle de 2019. »

Au sujet des Rs 11,9 milliards au titre de la BAI Saga, Xavier-Luc Duval a rappelé qu’en 2015, alors qu’il était Premier ministre adjoint, il avait dit qu’il fallait préserver la valeur des Assets de la BAI. Aujourd’hui, le gouvernement demande l’approbation de l’Assemblée pour un montant de Rs 8 milliards pour la NPFL, alors que la compagnie n’a même pas de comptes audités. « Le ministre a dit le contraire, mais je tiens à faire ressortir qu’il y a une différence entre un Audited Report et un Financial Summary. La NPFL a un Financial Summary de trois pages, qui n’est pas audité. Je suis comptable et je sais de quoi je parle. Le ministre ne va pas me dire le contraire », s’est-il appesanti.

Il a également souligné que la NPFL a des ‘assets’ de l’ordre de Rs 11 Mds, mais ne génère qu’un chiffre d’affaires de Rs 33,6 M. « Quel gaspillage ! Si on avait mis l’argent à la banque, on aurait eu plus en termes d’intérêts. C’est pour cela que le gouvernement est en train de maintenir la procédure. Et aussi pour empêcher le public de savoir ce qui se passe à la NPFL. Quel Misuse ! Générer Rs 33 M de Rs 11 Mds. On a une perte de Rs 254 M. »
Xavier-Luc Duval a également déploré qu’après quatre ans, la Commission d’enquête sur la vente de Britam n’ait pas encore émis de rapport. « J’ai beaucoup de respect pour les juges et les ex-juges, mais comment se fait-il qu’après quatre ans à enquêter sur une seule vente, on ne soit pas capable de donner un rapport ? Que fait ce juge ? S’il n’y a rien à dire, si on n’a rien trouvé, il faut le dire. »

Padayachy : « Nous n’avons pas de sang sur les mains »

Résumant les débats sur le Supplementary Appropriation (2020-2021) Bill, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a tenu à répondre aux critiques de l’opposition. « Nous n’avons pas de sang sur les mains comme certains, mais de la sueur sur le front », a-t-il déclaré. Et d’affirmer que lorsque Xavier-Luc Duval était ministre des Finances, « il n’avait pas de considération pour les aînés et leur niveau de vie ». Il en veut pour preuve, selon lui, qu’en 2011, alors que le taux d’inflation était de 6,5%, XLD « avait réussi l’exploit de n’augmenter la pension que de Rs 204, alors que nous, de ce côté de la Chambre, en 2019, nous l’avons augmenté de Rs 2 790, soit 14 fois plus que ce qu’avait fait l’ancien ministre des Finances ».

« En 2008, avec un taux d’inflation frôlant 10%, le gouvernement dont faisait partie Xavier-Luc Duval n’avait donné que Rs 231 aux pensionnés, tandis que la Basic Retirement Pension était de Rs 2 802 », affirme-t-il. « Et le leader de l’opposition ose parler aujourd’hui de respect de soi. Je crois qu’une introspection s’impose, et que c’est pour cela que l’honorable membre est désormais sous Xanax. Je pense qu’il se rend compte du mal qu’il a fait et que peut-être il devrait faire son mea-culpa », avance-t-il.

Le ministre Padayachy a affirmé que les dépenses totales pour l’exercice financier 2020-21 ont été supérieures au montant voté antérieurement par la Chambre. En conséquence, le dépassement des dépenses, à hauteur de Rs 17 milliards, doit désormais être approuvé selon les dispositions de la Constitution, a-t-il ajouté. Or, met-il en exergue, ces dépenses « n’auraient pas pu être prévues en amont » et s’expliquent par les besoins immédiats de la National Property Fund Ltd pour recouvrer sa dette et opérer la restructuration de la National Insurance Company.

« C’est sans surprise que l’opposition nous a offert un spectacle d’intervention démagogue. Aujourd’hui, l’honorable Shakeel Mohamed s’est encore une fois illustré dans un genre qui ne fait pas honneur à cette auguste Assemblée. Dois-je rappeler à l’honorable membre que nous traversons la pire crise de notre histoire ? Il nous fustige pour avoir sauvé des centaines d’emplois et les dépôts de nos dizaines de milliers de compatriotes », dit-il. « Avec courage et responsabilité, nous avons refusé de sacrifier cette entreprise. Nous, nous n’avons pas de sang sur les mains comme certains. Nous, nous avons de la sueur sur le front », dit-il.

La stratégie du gouvernement, selon lui, « est la préservation, et non pas la destruction ». Et de poursuivre : « Protéger les emplois, les entreprises et les Mauriciens. Voilà ce qui guide le gouvernement. » Il devait déclarer à l’encontre de Shakeel Mohamed : « il parle d’un vol. Je l’invite à regarder dans sa propre famille politique, et plus particulièrement du côté des coffres dégoulinants de billets. »
Poursuivant ses attaques contre Xavier-Luc Duval, le ministre des Finances poursuit : « C’est décevant de voir que le leader de l’opposition continue de se saisir de chaque occasion pour avancer des arguments politiques et sans aucun fondement économique. Cette stratégie n’a pas vraiment l’air de convaincre dans ses propres rangs, à en voir les récentes désertions. Elles témoignent de l’attitude de certains, qui préfèrent plutôt partir que s’obstiner dans l’alliance du désespoir. »
Selon lui, le gouvernement a choisi « la stratégie de la relance » pour l’emporter face à la crise. « J’invite l’honorable Ramphul, qui s’essaie de plus en plus à l’économie, de reconsidérer les leçons qu’il prend avec ses gourous du moment », dit-il. Et le ministre Padayachy de dire que d’après des estimations d’instances multilatérales en 2021, Maurice « fera partie du Top 15 des pays dans le monde avec la plus forte croissance économique ».

Obeegadoo défend les dépenses de Rs 400 M

Le Deputy Prime Minister et ministre des Terres et du Logement, Steven Obeegadoo, a défendu la somme additionnelle de Rs 400 millions adoptée mardi soir à l’Assemblée nationale lors des débats sur le Supplementary Appropriation (2020/2021) Bill. Selon lui, cette somme était nécessaire en vue de la réalisation de plusieurs travaux de développement à travers le pays.

Répondant aux critiques du député de l’opposition Reza Uteem, concernant cette somme additionnelle, Steven Obeegadoo soutient que ce dernier « n’a pas été dans le gouvernement et n’est pas ‘fully conversant’ » avec les procédures budgétaires. Dans son intervention, le ministre a fait ressortir que le ministère des Terres et du Logement « de chaque gouvernement » fait la demande d’une allocation budgétaire maximale afin de répondre à toutes les conditions requises s’agissant de l’acquisition des terres, mais sans pour autant donner de garantie que ces projets seront concrétisés.

« Mais les fonds budgétés ont été utilisés à bon escient », dit-il, se référant ainsi à quelques projets réalisés, à l’instar du by-pass de Cap-Malheureux, de la Terre-Rouge/Verdun/Trianon Link Road, de l’East Coast Trunk Road, du métro ou encore de la construction d’une Grade Separated Junction sur le Dual Carriageway de Port-Louis à Plaisance. Steven Obeegadoo soutient ainsi qu’il y a une liste de 20 projets totalisant une somme de Rs 500 millions. La somme additionnelle de Rs 400 millions, dit-il, concerne la construction d’une nouvelle route de l’autoroute M1 à Hillcrest.

Concernant les critiques de Reza Uteem sur les intérêts payés aux propriétaires des terrains acquis par le gouvernement, le ministre Obeegadoo souligne que lorsqu’il existe un accord privé entre l’État et le propriétaire, « il n’y a aucune question d’intérêt, car les titres sont transférés au moment du paiement ». Quant à l’acquisition obligatoire, il affirme qu’une « longue période de temps peut en résulter du fait des démarches », prenant ainsi l’exemple d’un propriétaire ne répondant pas à l’offre de compensation de l’État. Concédant que la complexité de l’application des lois et les retards administratifs peuvent inquiéter, il affirme néanmoins que son ministère a initié une révision complète des procédures s’agissant de l’acquisition obligatoire des terrains par l’État, comprenant des provisions pour la revente. Enfin, au sujet du Digital Stateland Register, Steven Obeegadoo souligne que ce logiciel « fonctionne » et sera « entièrement opérationnel » vers la fin de l’année.

Shakeel Mohamed accuse le GM de promesse non tenue sur la BAI

Shakeel Mohamed a d’emblée dénoncé le choix du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de présenter le texte de loi sur le budget supplémentaire ce mardi pour la deuxième semaine consécutive pour éviter la tranche du Question Time. « Cela démontre la vision qu’il a pour la démocratie et comment il se réjouit d’être différent des autres », dit-il. Cette remarque lui a valu une interruption du Speaker lui demandant d’aller directement au projet de loi.
Abordant le budget supplémentaire il a accusé le gouvernement de n’avoir pas tenu sa promesse à l’effet que l’argent public ne sera pas utilisé dans le cadre de l’affaire BAI. « The fact that he is very economical with the truth is what really astounds me », poursuit-il. « Aujourd’hui, le ministre des Finances vient solliciter l’approbation de l’Assemblée alors qu’il y a un engagement du gouvernement que l’argent public ne sera pas utilisé. Cette violation de l’engagement du gouvernement doit être soulignée », dit-il en s’attaquant aux promesses électorales du Premier ministre aux victimes du Super Cash Back Gold quatre jours avant les dernières élections générales. Cette remarque devait soulever des protestations de Pravind Jugnauth.

« Today we are going to mop up the mess created by the predecessor of this Prime Minister et former leader of the MSM. The MSM has got blood on their hands. It is a fact », a lancé Shakeel Mohamed. Il a été immédiatement rappelé à l’ordre par le Speaker qui lui a demandé de retirer ce qu’il a dit.

« I withdraw it », a dit Shakeel Mohamed en accusant le MSM d’avoir menti à la population. Il a montré un document pour affirmer que la vente des actions détenues par la BAI dans une série de compagnies a produit plus de Rs 2,4 milliards. « Où est parti cet argent ? » s’est-il demandé.

Il a aussi commenté les contacts entre Pravind Jugnauth et les représentants d’Omega Ark pour la vente de la clinique Apollo Bramwell. Il a estimé que ce que l’Assemblée est appelée à voter concerne un trou qui a été créé par le gouvernement estimant qu’Apollo Bramwell a été vendu « below market price », soit à Rs 700M et cet argent a été versé dans le Consolidated Fund et pas à la NIC.

Shakeel Mohamed a accusé le gouvernement de s’être approprié des propriétés de la BAI illégalement pour une roupie. « Pourquoi le ministre des Finances n’a pipé mot concernant l’argent pris par le MSM du groupe BAI ? », s’est-il demandé. À ce stade le Speaker a interrompu une nouvelle dois Shakeel Mohamed pour l’accuser de faire de la politique et qu’il n’a aucun moyen de vérifier ce que dit le député. « Je ne fais que faire mention des documents figurant dans le Hansard », a rétorqué Shakeel Mohamed en, soulignant que le gouvernement puise des fonds publics pour corriger ses erreurs.

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