Paul Bérenger sur les Chagos : « Les Anglais took us for a ride ! What’s next ? »

Le MMM a tenu, hier, une conférence spéciale axée essentiellement sur la politique internationale, avec notamment le dossier des Chagos, les relations diplomatiques avec les Maldives, la situation à Gaza, la COP28 à Dubaï et finalement la catastrophe aux Seychelles. Le leader du MMM, Paul Bérenger, a par ailleurs précisé que dans le sillage de la Financial Crimes Commission, une réunion est prévue demain avec tous les députés du MMM, PTr et PMSD pour finaliser le dossier avant le Parlement, mardi.

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«Étant donné que le gouvernement a décidé de rush cette loi scélérate de Financial Crimes Commission mardi prochain, Navin Ramgoolam, Xavier-Luc Duval et moi-même, on s’est consultés ce matin, et on demande à tous nos députés y compris les députés suspendus d’être présents dans une réunion lundi 14h dans le bureau de l’opposition pour planifier notre travail», soutient Paul Bérenger. Il a aussi précisé que c’est Xavier-Luc Duval en sa position de leader de l’opposition qui prendra la parole en premier, et lui en dernier. «On a activé notre panel d’avocats, y compris Gavin Glover, Antoine Domingue et les autres.» Répondant à une question de la presse à ce sujet, il a demandé à être prudent sur ce sujet. « Bizin get bien avan al Lakour siprem, c’est une décision bien sérieuse à prendre», dit-il.

Dans le premier volet des discussions, Paul Bérenger a longuement parlé des Chagos et de Diego Garcia. «Cela fait quatre ans déjà que l’assemblée générale des Nations Unies a dit à la Grande-Bretagne de se retirer et de rendre la souveraineté à Maurice. Depuis le 22 mai 2019, cela avait été décidé.» Par ailleurs, le leader du MMM précise qu’il avait été convenu que les Britanniques se retirent immédiatement ou within a period of no more than six months. On a dépassé quatre ans. De son côté, Pravind Jugnauth, le 3 novembre 2022, a dit au Parlement qu’il était convaincu que l’île Maurice et la Grande-Bretagne arriveraient à trouver un terrain d’entente sur ce sujet by early 2023. On est à la fin de 2023! Et de plus, Pravind Jugnauth, quand il a répondu à une question parlementaire d’Arianne Navarre-Marie, le 17 octobre, a exprimé un optimisme total. Le ton général était extrêmement optimiste», dit-il. Et d’ajouter que Pravind Jugnauth avait même indiqué avoir rencontré le Premier ministre anglais, Rishi Sunak, à la réunion du G20 et qu’ils «avaient assessed progress ».

Cyprus-style deal

Paul Bérenger a aussi rappelé que c’est Pravind Jugnauth lui-même qui a précisé «qu’il y a eu six séances de négociations et a dit qu’il y aurait a 7th one shortly. Tout au long, il exprime de l’optimisme, mais seulement c’est la douche froide lorsque le Daily Telegraph, journal conservateur anglais, du 1er décembre, publie et confirme que ce qui avait été envisagé, c’est un Cyprus-style deal.» Le leader du MMM a ainsi expliqué que lorsque Chypre obtient son indépendance en 1960, la Grande-Bretagne lui avait alors imposé «de couper deux bouts de Chypre pour en faire deux bases militaires britanniques. Zame nou pou aksepte sa dan Moris !» a-t-il martelé.

Par ailleurs, pour Paul Bérenger, l’allusion faite à ce Cyprus-Style deal ne tient pas la route. «Mais en vérité, même ce Cyprus-style deal est clairement off, surtout que les Américains ne veulent pas en entendre parler et que les Anglais sont en train de backpedal. » Paul Bérenger est ainsi revenu sur la rencontre du 7 décembre entre le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Cameron. «Quand on leur a posé des questions sur l’article, ils n’ont pas démenti». Antony Blinken a ainsi insisté pour que les Etats européens reconnaissent la souveraineté de la Grande-Bretagne sur les Chagos et le «so-called British Indian Ocean Territory.» Pour le leader des mauves, et comme l’avait dit Arianne Navarre-Marie au Parlement le 17 octobre, «les Anglais took us for a ride !»

Le leader du MMM a ainsi avancé que désormais, les gens comprendront mieux pourquoi il insistait pour que le gouvernement mauricien ne discute pas qu’avec Londres. «J’avais insisté pour que l’on discute avec Londres et les Américains, et maintenant qu’on réalise qu’on a été taken for a ride, what’s next ? Il n’est pas trop tard. Il faut chercher des discussions avec les Etats-Unis et continuer à avoir des discussions continues avec les Britanniques et ensuite retourner devant l’assemblée générale des Nations Unies», dit-il. Et poursuit que l’on «doit chercher l’appui actif de la SADC et de l’Union africaine.» Il a, dans la même foulée, déploré l’attitude de Pravind Jugnauth à l’égard des pays membres de la SADC et de l’Union africaine en ne prenant pas part aux rassemblements. «Bizin aret fane», a-t-il lancé.

Relations diplomatiques avec les Maldives

Dans le deuxième volet des discussions, restant toujours dans la région indianocéanique, Paul Bérenger s’est appesanti sur le cas des Maldives. «Depuis des années, je demande que Maurice développe de bonnes relations avec les Maldives dans le cadre d’une bonne coopération régionale entre les différentes îles, mais là aussi, le gouvernement n’a rien fait», a-t-il déploré. Il a ainsi expliqué que sous l’ancien gouvernement des Maldives, qui était pro-Inde, les Maldives ne reconnaissaient pas la souveraineté de Maurice sur les Chagos, puis en août 2022, ce même gouvernement a changé d’attitude pour reconnaître officiellement la souveraineté de Maurice. Chose que l’opposition de l’époque remettait en question.

Par ailleurs, il explique que le 28 avril 2023, le Tribunal international du droit de la mer a rendu son verdict dans un litige sur la zone économique respective de Maurice et des Maldives et que le verdict a «coupé la poire en deux». L’île Maurice n’a pas contesté ni les Maldives sous le gouvernement d’alors. Sauf que, le gouvernement actuel, lui pro-Chine, «a challenge ce verdict et va de l’avant.» En outre, après les élections tenues en septembre 2023, le 17 novembre lors de la cérémonie d’investiture, 46 pays étaient représentés, dont le président du Sri Lanka et le vice-président des Seychelles.

«J’ai l’impression que Maurice a brillé par son absence soit parce qu’on a été méprisant, soit on n’a pas été invité, soit on a été invité et qu’on est pas parti. En tout cas, c’est un faux pas diplomatique grave. Et avec le problème Chagos et le litige devant le Tribunal de la mer, mieux vaut tard que jamais, il faut des efforts diplomatiques urgents vis-à-vis des Maldives, et ce, dans notre intérêt.» Il a aussi déploré l’absence des Maldives à Colombo ainsi que la présence du Security Advisor indien représentant Maurice à ce rassemblement important.

En outre, le leader des mauves a réitéré la demande du MMM pour un cessez-le-feu immédiat sur Gaza et sur la mise en place d’un Etat palestinien à part entière. «Nous saluons le secrétaire général des Nations Unies qui fait un travail formidable, un travail héroïque vis-à-vis de tous, surtout des Etats-Unis. D’ailleurs, vendredi, il y a eu une résolution devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Et sur les 15 pays qui ont voté, 13 ont voté en faveur d’un cessez-le-feu. Un seul pays a voté contre et a utilisé son droit de veto pour tout bloquer, il s’agit des Etats-Unis. L’Angleterre s’est abstenue. On demande que la petite île Maurice se joigne à tous ces pays pour demander un cessez-le-feu et qu’ensemble on aille vers l’assemblée générale.»

Cop28 à Dubaï : Dracula à la banque de sang

Le dernier point abordé lors de la conférence de presse était axé sur la Cop 28 qui «out of all places» se tient au Emirats Arabes Unis, soit chez un des plus gros producteurs de pétrole, a fait remarquer Paul Bérenger. «J’ai lu quelque part que c’était comme mettre Dracula en charge de la banque de sang.» Il a ainsi mis l’accent sur la campagne internationale mise en place depuis 2015 sur le Fossil Fuels Non Proliferation Treaty, pour mettre fin au charbon, ensuite au pétrole et au bien moins polluant, le gaz naturel. «Depuis 2015, il y a un mouvement qui s’inspire du Nuclear Non Proliferation Treaty de 2010 qui ne fonctionne pas bien, mais au moins, il existe», a précisé Paul Bérenger.

Ce dernier a félicité la Colombie pour sa prise de position en tant que grand pays et a aussi salué son président de la gauche nouvellement élu l’an dernier.  Paul Bérenger a conclu sa conférence de presse en exprimant, comme ses collègues Navin Ramgoolam et Xavier-Luc Duval, «sa solidarité totale et fraternelle avec les Seychelles.»

Régionale du MMM au No 5 à Terre Rouge

Paul Bérenger met en garde contre la FCC

Lors de la réunion régionale du MMM au N°5 à Terre-Rouge vendredi soir, le leader du MMM, Paul Bérenger, a exprimé ses inquiétudes quant à la Financial Crimes Commission (FCC), la qualifiant de « très dangereuse » et soulignant qu’elle pourrait être encore plus redoutable que l’Independent Commission Against Corruption (ICAC). Il a mis en garde contre les pouvoirs étendus accordés à la FCC, affirmant que cette loi pourrait être plus dangereuse que la précédente.

Rappelant l’importance de la Prevention of Corruption Act (PoCA), Paul Bérenger a expliqué que, sous cette loi, seul le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) avait le pouvoir d’instruire des procès au pénal. Il a critiqué les tentatives du gouvernement de contourner le DPP et a salué le PMSD pour avoir démissionné du pouvoir sur cette question. Il accuse le gouvernement de Pravind Jugnauth de revenir aujourd’hui à la charge avec l’intention de contourner le DPP en accordant plus de pouvoirs à la FCC. Il a averti que cela pourrait être utilisé de manière abusive pour arrêter des personnes et a souligné la nécessité de rester vigilant face à ces développements.

Alliance solide

Le leader du MMM a souligné que l’alliance PTr-MMM-PMSD s’engage à remplacer la FCC une fois au pouvoir. Il a déclaré que si la situation devait être portée devant le Privy Council, ils le feraient sans hésitation. Cependant, il a également noté qu’en attendant, des élections générales pourraient être imminentes, en particulier à la lumière des signes tels que la compensation salariale et les promesses de révisions à la hausse des prestations de retraite.

Paul Bérenger a exprimé sa conviction que l’alliance PTr-MMM-PMSD est solide et prête à remporter les élections générales. Il a mis en garde contre les tentatives du gouvernement de diviser les partis de l’opposition et a souligné que l’enjeu des prochaines élections générales est crucial pour l’avenir du pays.

En ce qui concerne la motion du Premier ministre, Pravind Jugnauth, d’approuver le rapport de l’Electoral Boundaries Commission (EBC) au Parlement, Paul Bérenger s’est demandé pourquoi le gouvernement avait attendu la dernière année de son mandat pour apporter des changements aux délimitations des circonscriptions. Il a appelé les électeurs, en particulier ceux de la circonscription de Pamplemousses/Triolet (N°5), à rester vigilants face aux variations qui auront lieu et à surveiller attentivement les modifications proposées qui pourraient avoir un impact sur la représentation électorale.

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