RADIO-TÉLÉVISION NATIONALE : Les rats qui quittent le navire

Les Mauriciens qui se sont branchés sur la MBC pour suivre les résultats des élections se sont rendus compte de ce que le gouvernement PTr et ses alliés avaient fait de la télévision nationale au cours des neuf dernières années. Une station qui rediffuse une multitude de chaînes internationales mais est incapable de couvrir correctement une élection nationale. En effet, pendant toute la journée de jeudi, le téléspectateur a eu droit à des résultats approximatifs souvent répétés, des directs mal filmés et à un seul invité sur le plateau occupé, pendant toute la journée, par deux journalistes abandonnés à leur sort.
Où étaient donc les journalistes cireurs de souliers qui semblaient tomber en pâmoison en prononçant le nom du Premier ministre qui vient de se faire battre aux élections ? Où étaient tous ces animateurs recrutés sur leur appartenance ou leur proximité politique que l’on voyait sans arrêt sur le petit écran ? Étaient-ils, comme le directeur général, en train de décrocher les tableaux de son bureau pour quitter la MBC à la mi-journée, quand il devint évident que la vague électorale anti-alliance PTr-MMM était irréversible ?
Les deux journalistes en studio ont fait ce qu’ils ont pu pour meubler la longue journée avec les informations qui leur étaient communiquées. Des informations sur le déroulement du décompte électoral, dépassées et présentées de façon bien terne par rapport au travail que faisaient les trois radios privées du pays sur le même sujet. Il faut également souligner la très mauvaise qualité des reportages en direct dans les différents centres de vote. Les images étaient si souvent floues – et le son si approximatif – que l’on avait l’impression parfois qu’elles étaient prises par des tablettes ou des téléphones portables. La qualité des images a encore diminué au fur et à mesure que la nuit tombait. Celles de plusieurs centres de vote, où la proclamation des résultats a eu lieu après la tombée de la nuit, étaient carrément obscures. Comme si la direction de la MBC n’avait pas fait provision des équipements nécessaires, tout au moins de projecteurs !
«Les carapates ont déjà commencé à changer de chien»
Il semblerait que pendant toute cette journée de jeudi, la direction de la MBC avait d’autres soucis en tête que la qualité du programme diffusé sur sa première chaîne. Selon certaines indications, des membres de la direction ont passé la journée – et les jours précédents d’ailleurs – à mettre de l’ordre dans les comptes et à «classer» certains dossiers. Selon certaines sources, la méthode de classement choisie aurait été la destruction de certains dossiers ou leur transfert hors du bâtiment de la corporation.
Depuis jeudi matin, les principales collaboratrices du directeur général démissionnaire – la deputy DG et Team Leader responsable du marketing – qui l’ont aidé à faire la pluie et le beau temps – et fait régner un climat de terreur et de délation à la MBC – attendent de retourner à leurs ministères respectifs. Certains soutiennent que la DDG a été particulièrement active dans le traitement de certains dossiers, dont celui du renvoi de Pamela Patten de la corporation. Des employés qui avaient été envoyés en exil dans des annexes de la MBC sont revenus de leur propre chef à Moka en attendant la suite des événements.
On assiste également à la MBC à un phénomène courant en période électorale à Maurice : les carapates qui changent de chiens. Certains protégés de l’ancienne direction qui avaient obtenu des promotions, des augmentations de salaires «préférentiels», profité des bourses et des voyages et ne travaillant que quand ils le voulaient bien, commencent à se présenter comme des victimes ayant été obligées d’obéir aux ordres.
On cite aussi l’exemple de cet employé qui, ces dernières années, s’était présenté comme un proche de Nita Deerpalsing, ce qui lui permettait de faire ce qu’il voulait à la MBC. Depuis la proclamation des résultats des élections, il s’est découvert un lien de parenté avec Roshi Bhadain, qu’il présente comme un trophée. Ou un bouclier. Il semblerait également que les demandes de longs congés se soient multipliées ces derniers jours ainsi que l’enclenchement de procédures pour des mises à la retraite. Parmi les candidats à la retraite, on cite un employé qui se serait illustré en téléphonant aux radios privées pour dénoncer SAJ. Autrement dit, une adaptation très particulière du slogan «Viré Mam».
 Ceux qui auront la responsabilité de mettre de l’ordre à la MBC et la faire recommencer à travailler comme une station de radio-télévision nationale auront du pain sur la planche. Parce, pendant les dix ans écoulées, la direction de la MBC a sans doute multiplié le nombre de chaînes qu’elle rediffuse, mais elle a fait descendre le niveau des chaînes locales à un niveau jamais atteint. Même pas au temps des gouvernements travaillistes de Ramgoolam père, avant 1982. À cette époque, et en dépit de la politique travailliste, la MBC avait encore un certain niveau. Rappelons-nous de Jean-Roland Delaître, directeur de la MBC, qui resta à l’antenne tout au long de la journée de proclamations des résultats et annonça lui-même la chute de SSR, sans essayer de retenir une larme d’émotion. Il aura accompli son devoir jusqu’au bout malgré les conditions difficiles du 60-0 de 1982. En 2014, c’est au milieu de la journée que le directeur général a décroché ses tableaux de son bureau et lev so paké alé en abandonnant le navire, comme le font les rats. Cette manière de faire illustre le niveau atteint par la MBC pendant les dix ans de la radio-télévision nationale selon Ramgoolam-Callikan.
 
PS : Est-ce que, comme cela a été le cas durant ces dernières années, cet article sera encadré d’encre rouge et montré avec un texte insultant dans le JT de ce soir ?
 
 
 
 

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