Reculer pour mieux sauter, dit l’adage. C’est un peu ce qui pourrait résumer l’explication donnée par le ministre des Arts et de la Culture, Avinash Teeluck, pour justifier ce troisième renvoi des élections municipales, hier, lors de la conférence de presse hebdomadaire du Mouvement Socialiste Militant (MSM). Il intervenait aux côtés de la députée Sandra Mayotte et du ministre du Commerce, Soodesh Callychurn. Les trois membres du gouvernement ont abordé d’autres sujets d’actualité, dont la nomination du nouvel évêque, Jean Michaël Durhône, et l’introduction du regressive mark-up pour les pharmaciens.
« Il faut adresser d’abord les problèmes de structures, d’organisation et de politiques des collectivités locales », déclare le ministre Avinash Teeluck. Il expliquait, hier, les raisons derrière la décision du cabinet ministériel de reporter les élections municipales dans deux ans, soit en juin 2025. Et ce, pour la troisième fois en huit ans.
« On ne doit pas oublier que dans le passé, il y a eu des renvois, notamment à cause du Covid. » Si le Covid n’est de nos jours plus trop d’actualité, Avinash Teeluck a évoqué, cette fois, la nécessité de « changer de perspective » au vu des changements socio-économiques. « On regarde les choses dans une différente perspective. La population elle-même a évolué et il est important de pouvoir avoir une réflexion en profondeur par rapport au fonctionnement de nos collectivités locales, dont nos village councils et nos municipalités », dit-il.
Selon lui et les autres membres du gouvernement, les circonstances actuelles, sur le plan légal et structurel, ne seraient pas propices pour la tenue de telles élections. « Avec les lois actuelles, les collectivités locales ne peuvent pas répondre à l’appel des citoyens, à cause de problèmes financiers, etc. Ce n’est pas adapté au changement. » Il poursuit que, d’ailleurs, « les infrastructures actuelles des village councils et des municipalités ne sont pas adaptées pour s’aligner aux sustainable development goals et à la politique centrée sur l’économie circulaire adoptée par le gouvernement… » Évoquant également des problèmes d’ordre politique au sein des différents executive councils, il soutient qu’il est important d’adresser certains problèmes avant de s’engager dans des élections.
Le gouvernement estime qu’il est ainsi nécessaire de mettre en place un comité ministériel pour repenser tous ces paramètres en amont de la tenue d’élections. Répondant aux questions de la presse sur les propos de l’opposition concernant « la peur du gouvernement à faire face aux citadins », Avinash Teeluck a répondu d’emblée qu’ « on n’en attendait pas moins de l’opposition qui, elle, n’a même pas eu le courage d’organiser un meeting le 1er mai ! » À une autre question sur le bon fonctionnement de la démocratie, il a répondu par l’interrogative. « Les deux premiers renvois, on n’avait pas le choix, il y avait le Covid. Et pour ce troisième renvoi, je pose la question : est-ce qu’il n’est finalement pas plus démocratique de permettre la mise en place d’un council pour tous les citadins et villageois de discuter avec le gouvernement ? Une fois les amendements appropriés faits, il y aura ensuite les élections ! »
Inscrire les supermarchés à Mopri
Le ministre du Commerce, Soodesh Callychurn a pour sa part parlé de la nouvelle application Mopri lancée par le gouvernement pour la protection des consommateurs. Permettant à ces derniers de consulter et de comparer les prix pratiqués sur le marché, il souligne que « bientôt, la loi sera modifiée pour obliger tous les supermarchés de l’île à s’inscrire sur cette plateforme, car à ce jour, tel n’est pas le cas. » Concernant la fluctuation de prix de certains produits, il dit suivre la situation de près. S’agissant du regressive mark-up sur les médicaments et les menaces des pharmaciens à ralentir leurs opérations auprès de la population, Soodesh Callychurn indique que la date pour la mise en application de la nouvelle mesure a été revue, et qu’elle a été renvoyée au 30 mai. « Cela nous donne le temps d’analyser toutes les propositions. En tout cas, on prend toutes ces menaces au sérieux. Et il faut savoir que l’on ne va pas rejeter toutes les propositions des pharmaciens. »
De plus, il a exprimé sa satisfaction face à la baisse du taux de chômage, comme indiqué dans le récent rapport de Statistics Mauritius. Avec un taux de 7,7%, Soodesh Callychurn, qui porte aussi la casaque du ministre du Travail, estime que les efforts ont porté leurs fruits au gouvernement pour former et encadrer les jeunes et les femmes, pour une meilleure insertion dans le marché du travail. Quant au prix de l’essence, il souligne que des rencontres se font entre officiers du ministère et le Petroleum Pricing Committee (PPC) pour « revoir son fonctionnement. »
La députée Sandra Mayotte a quant à elle félicité le nouvel évêque, Jean Michaël Durhône, pour sa nomination. « Il s’agit d’une personne d’une grande humilité et simplicité, et qui est très proche de ses paroissiens. Au nom du nom du gouvernement et du Premier ministre, nous adressons nos sincères félicitations au nouvel évêque. » Elle a aussi commenté la perquisition chez Sweetie Ramlugun-Law, la veuve de l’ancien trésorier du Parti travailliste, déclarant qu’ « on aimerait que la police nous informe des raisons derrière cette perquisition et des conditions dans lesquelles elle s’est produite. »