Ranjiv Woochit (député PTr) : « Collendavelloo doit démissionner dans un souci de transparence »

Député depuis six mois, Ranjiv Woochit, candidat élu du Parti travailliste dans la circonscription No 5 (Pamplemousses/Triolet), craint pour l’avenir du pays. Selon lui, la population « en a ras le bol du gouvernement » au regard de la gestion quotidienne des affaires. La COVID-19 Act, le budget et le scandale au Central Electricity Board sont les quelques exemples qui, pour lui, montrent à quel point le gouvernement « agit avec un amateurisme sans précédent ». Constatant qu’ils sont des milliers de Mauriciens qui veulent descendre dans la rue pour exprimer leur frustration, il est d’avis que le Premier ministre adjoint et ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, doit démissionner de son poste et qu’une commission d’enquête doit être instituée pour faire la lumière sur l’affaire Saint-Louis.

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Les habitants de la circonscription No 5 vous ont fait confiance l’année dernière lorsqu’ils vous ont accordé leur soutien lors des législatives. Qu’avez-vous apporté de plus dans cette circonscription ?

Après les élections de l’année dernière, nous avons appris qu’elles avaient été truquées et nous avons déposé une affaire en cour. Mais lorsque nous sommes arrivés au mois de janvier, j’ai commencé mon travail. Pour être précis, j’ai fait plus de travail au niveau social en soutenant les fêtes religieuses et les habitants de Fond-du-Sac lors des inondations.

Cependant, au mois de mars, nous sommes entrés en confinement et nous n’avons pas pu réaliser d’autres choses. Mais pendant la période de confinement, ma maison s’était littéralement transformée en entrepôt pour donner à manger à ceux qui n’avaient rien à mettre sous la dent dans ma circonscription.

J’avais préparé des packs de nourriture pour 1 000 familles. Mais je n’ai pas voulu faire étalage de ce j’ai fait. Il faut savoir respecter la personne qui reçoit cette nourriture. Au niveau des fêtes religieuses, j’ai offert ce qui était nécessaire aux dévots. J’ai honoré mes engagements.

De mon côté, j’ai fait tout ce que j’ai pu. N’oublions pas que nous ne sommes pas au gouvernement. Mais je suis resté très proche de mes mandants.

Quel est le “mood” dans la circonscription ?

Les mandants sont très en colère. Pour être honnête, plusieurs personnes veulent descendre dans la rue. Mais je leur ai dit de ne pas se presser. Il y a une discipline à respecter. Une fois que la demande faite est agréée, d’autres démarches seront enclenchées. Je prévois que le 11 juillet, la capitale sera débordée pour la manifestation prévue. Je sais ce que je dis.

Vous étiez un ancien président du conseil de district de Pamplemousses et vous avez lancé des projets environnementaux. Avez-vous toujours des idées pour que notre environnement soit préservé ?

Il est malheureux que le gouvernement n’ait pas accordé autant d’importance aux collectivités locales. Nous pouvons avoir de grands projets, mais si le quotidien des gens ne s’améliore pas, à quoi bon ces gros projets ?

Nous pouvons améliorer le système de service de voirie. Nous pouvons acheter des balayeuses pour ce travail. Nous avons 12 autorités locales qui n’ont pas de balayeuse. Ni le ministère de l’Environnement n’en possède une. Le coût de ces balayeuses n’est pas exorbitant. Si chaque année, on importait une ou deux balayeuses, les conseils de district et les municipalités en seraient pourvus.

Un pays moderne n’a-t-il pas besoin de cela ? L’autre aspect où le pays a failli lamentablement concerne le tri de déchets pour le recyclage. Les camions qui sont destinés pour le ramassage de déchets doivent avoir la présence d’un inspecteur. Ce dernier s’assurera que les déchets sont triés avant que les éboueurs ne les ramassent. Si la personne ne respecte pas les règles et mélange tous ses déchets, on lui émet une contravention.

En 2050, nous déchets augmenteront de 70% et seront de 3,4 milliards de tonnes chaque année. Ce sera un défi pour les collectivités locales si aucune décision n’est prise rapidement. J’espère que le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, réalise rapidement ses projets. S’agissant de Mare-Chicose, la fosse qu’avait créée le gouvernement du PTr se remplit. Il faudra y trouver une solution.

Par ailleurs, depuis 2011, une compagnie privée utilise les déchets pour la fabrication d’électricité sans qu’aucun sou ne soit donné au gouvernement. Il est grand temps pour le gouvernement de revoir ce contrat car la compagnie ne peut pas exploiter gratuitement ces déchets. Le gouvernement lui donne toutes les matières premières alors que la compagnie reçoit des déchets tous les jours.

Au niveau de l’éclairage public, il faut qu’un système de rotation soit établi pour que le travail se fasse le soir. Les techniciens doivent aller dans différentes régions la nuit et voir s’il faut améliorer l’éclairage. Le niveau d’éclairage doit être standard dans tout le pays. Il est aussi temps qu’on arrête avec les oriflammes. Cela coûte de l’argent et c’est une horreur pour l’environnement. Il est plus que jamais nécessaire qu’on arrête de placer les oriflammes partout. C’est illogique de se baser sur les oriflammes pour montrer sa force. Il faut plutôt analyser le programme des partis politiques. Si je pouvais être dans la position qu’il faut, j’aurais banni les oriflammes.

Le ministre de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, est pointé du doigt dans l’affaire Saint-Louis. Qu’en pensez-vous ?

Le fait que le Premier ministre ne puisse décider du sort d’Ivan Collendavelloo lance un mauvais signal. Cela montre qu’il est aussi impliqué dans ce deal. C’est malheureusement l’impression qu’il donne.

Comment il a pu décider sur Raj Dayal, Roubina Jaunboccus, Kalyan Tarolah et Sanjiv Teeluckdharry, et non sur Ivan Collendavelloo ? Le “walk-out” de l’opposition de l’Assemblée nationale alors que le ministre de l’Énergie devait prendre la parole est un signal que ce dernier doit partir.

Et le gouvernement a profité de cette occasion pour que le Committee of Supply se déroule rapidement. C’est la première fois que cet exercice est bâclé de cette façon. On ne peut pas continuer ainsi. Est-ce que les dotations budgétaires peuvent être approuvées en une heure alors que ce document compte plus de 400 pages ? C’est grave !

Certains disent que la COVID-19 Act permet au gouvernement de faire ce qu’il veut. Nous observons aussi que ce projet de loi favorise les licenciements. En tant que directeur de compagnie, est-ce que ce projet de loi est en votre faveur ?

Les licenciements ont toujours été une chose facile. Avec cette loi, les patrons font ce qu’ils veulent des employés. N’oublions pas que la compagnie d’aviation nationale Air Mauritius est sous administration et cette loi facilite le licenciement de plusieurs personnes. Nous devons demander au ministre du Travail ce qu’il fait avec les compagnies locales qui sont à la recherche de travailleurs étrangers. Il faut lui demander comment il contrôle l’entrée des travailleurs étrangers.

Le budget fait aussi la part belle au secteur de la construction. Étant vous-même dans ce secteur, ces mesures ne vous incitent-elles pas ?

Il y a une différence entre la période de 2008 lorsqu’il y avait la crise économique et ce que l’on vit en ce moment. Je ne suis pas contre l’investissement dans la construction mais il faut qu’on sache quels sont les projets de construction qui sont nécessaires. Les investissements doivent être orientés vers le secteur du port qui rapportera plus de revenus. Mais revenir avec le projet de “dam”, c’est du réchauffé. Nous n’avons rien fait lorsque le pays avait de l’argent. Analysons les projets du gouvernement. Par exemple, le stade de Côte-d’Or. Ce projet ne rapporte rien par rapport au projet de la route Terre-Rouge/Verdun qui fait économiser la facture de carburant et allège le trafic routier. On ne peut pas faire d’extravagances dans une période pareille.

Il semble que ce budget vous inquiète. Pourquoi ?

Le gouvernement a changé les lois en sa faveur. La Covid-19 Act a entraîné des changements dans les règlements de la Banque de Maurice. Désormais, il n’y a plus de sécurité lorsque nous prenons de l’argent de la Banque centrale. Dans le passé, lorsque le PTr était au pouvoir, il y avait un léger déficit.

Mais ce budget présente un déficit de Rs 60 milliards. Ces Rs 60 milliards sont diluées dans le budget. Le gouvernement a ouvert un chemin pour faire ce qu’il veut. Mais le plus grand scandale, c’est le National Pensions Fund.

Est-ce que la société civile, les syndicalistes et les employés ont été consultés avant de proposer ce changement ? Les employés connaissent-ils le montant auquel ils auront droit lorsqu’ils seront éligibles pour leur pension ? Avec le système de Contribution sociale généralisée, les caisses de l’État augmentent de Rs 4 milliards. C’est une contribution de la taxe mais de manière déguisée. Il faut dire que c’est une taxe et non une pension. C’est à l’âge de 65 ans que les gens toucheront cette pension. Nous avons déprécié la roupie de 25%. Est-ce qu’on peut la déprécier de cette façon ?

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