REFONTE – Économie : Les coopératives centenaires se donnent une nouvelle jeunesse

Remplacement des Regional Cooperatives Centres par des Cooperatives Business Centres pour contrer la Régression du nombre de société de 1 000 à 800 en moins de cinq ans.

Le secteur des coopératives, déjà centenaire à Maurice, veut se redonner une nouvelle jeunesse. Certes, 2 880 sociétés coopératives ont été enregistrées de 1913 à juillet 2021. Mais en 100 ans, ce secteur a aussi été confronté à de nombreux défis, avec pour conséquence une régression graduelle du nombre de ces sociétés.

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Ainsi, en l’espace de cinq ans, soit de 2016 à la mi-2021, le pays en a perdu tellement qu’il ne compte plus aujourd’hui qu’environ 800 sociétés coopératives. De ce fait, pour relancer ce secteur, dont les membres sont pour beaucoup des personnes âgées, une refonte graduelle des coopératives est envisagée. Avec comme première mesure, le remplacement des Regional Cooperatives Centres par des Cooperatives Business Centres.

Le rapport commandité par l’Office of Public Sector Governance (OPSG) par la division des coopératives du ministère du Développement industriel souligne l’urgence de redynamiser le secteur. « Il faut insuffler un nouveau dynamisme au mouvement coopératif », peut-on y lire. Pour y arriver, plusieurs axes sont ainsi définis, notamment en donnant les moyens au mouvement coopératif de répondre aux défis de la mondialisation, en utilisant les ressources de façon judicieuse tout en misant sur l’efficacité et l’innovation.

Le ministre du Développement industriel, Sunil Bholah, affirme que la première mesure qui sera mise en œuvre est la transformation des Regional Cooperative Centres (RCC), répartis à travers le pays, en Cooperative Business Centres (CBC). En fusionnant les RCC par zone et en les redéployant ensuite sous la forme de CBC, « cela permettra une gestion plus efficace ». C’est ce qu’il estime. Concrètement, les 12 RCC actuels disparaîtront au profit de 5 CBC, situés à Rivière-du-Rempart, Port-Louis, Saint-Pierre, Henrietta et Rose-Belle. « Ces CBC seront des One Stop Shops pour les coopératives. Cette transformation a été avalisée par le Conseil des ministres en août dernier », dit-il encore.

« Les RCC ont vu le jour dans les années 90 suite à une décision du ministère de mettre en place le concept de bureau régional des coopératives. Mais aujourd’hui, avec le développement technologique et la connectivité, que ce soit en termes de transport et de télécommunications, nous pouvons centraliser les services par zone », dit-il. Ces bureaux avaient initialement pour objectif de conseiller et guider les coopératives. « Mais au fil des années, les visites à ces bureaux ont drastiquement diminué ». Sans compter que l’état de ces centres commençait à se détériorer.

« Ces cinq CBC offriront un environnement plus convivial pour les employés, que ce soit en termes d’infrastructure ou de logistique », poursuit Sunil Bholah. Avec un objectif : offrir des services « plus professionnels ». Il poursuit : « Ces centres seront accessibles et appropriés. Sous peu, des travaux de réaménagement seront entamés. Et personne ne sera laissé sur la touche. »

Le CBC pour la zone 1 sera situé à Rivière-du-Rempart, dans le bâtiment du MCIA. Il s’occupera d’environ 200 sociétés coopératives de Rivière-du-Rempart, Fond-du-Sac, Triolet, Pointe-aux-Piments, Plaine-des-Papayes, Petit-Raffray, Goodlands, Piton, Grand-Gaube, Belle Vue Maurel, Cottage, L’espérance, Poudre-d’Or, Roches-Noires et les régions avoisinantes.

Pour la zone 2, il se situera dans le bâtiment du ministère des Coopératives, au LIC Building et prendra en charge 250 coopératives de Port-Louis, Montagne-Longue, Sainte-Croix, Bois-Marchand, Cassis, Crève-Cœur, Baie-du-Tombeau, Terre-Rouge, Petite-Rivière, Plaine-Lauzun, Richelieu, Saint-Martin, Pailles, Bambous, Albion, Case-Noyale et La Gaulette.

La zone 3 bénéficiera d’un espace offert par le conseil de district de Moka/Flacq à Saint-Pierre, couvrant ainsi 230 coopératives de Saint-Pierre, Bel-Air, Flacq, Quartier-Militaire, Trou-d’Eau-Douce, Grande-Rivière-Sud-Est, Dubreuil, Camp-de-Masque, Sébastopol, Clémencia, Alma, Melrose, Montagne-Blanche, Mont-Ida, Quatre-Cocos, Quatre-Sœurs, Ébène et Réduit.

Pour la zone 4, le centre opérera à La Marie Road, Henrietta, et concentrera 180 coopératives de Vacoas, Henrietta, Quatre-Bornes, Curepipe, Forest-Side, Belle-Rose, Eau-Coulée, Rose-Hill et Saint-Paul.

Et enfin, le 5e CBC sera à Rose-Belle et s’occupera de 190 coopératives de New-Grove, Mahébourg, Surinam, Chemin-Grenier, Grand-Bois, Nouvelle-France, Vieux-Grand-Port, Rivière-des-Anguilles, Plaine-Magnien et Union Park. « Si tout se passe comme prévu, les cinq CBC seront opérationnels début décembre », dit le ministre.

Le rapport de l’OPSG recommande aussi le remplacement de la Cooperatives Development Unit en Cooperatives Development and Research Unit, dont le but sera de promouvoir la recherche et l’innovation pour le développement des coopératives. De même, ses auteurs estiment qu’il faut consolider le Cooperatives Division eRegistration Project pour les services en ligne.

Enfin, ils proposent d’offrir « des formations plus poussées et des plans de soutien » mouvement coopératif, ainsi que la mise sur pied d’une Enforcement Unit. « Il est en effet essentiel d’avoir des départements performants pour assurer un accompagnement efficace », soutient Sunil Bholah.

Dans le sillage du rapport, le ministère a élaboré un plan d’action en juillet, qui sera mis à exécution en trois phases. « Il ne suffit pas de changer de bureau. Il faut aussi améliorer les services proposés par la division des Coopératives en innovant et en nous adaptant aux nouvelles exigences socio-économiques », fait-il ressortir.
En conclusion: « les coopératives demeurent un modèle de business pouvant nous aider à atteindre nos objectifs contre la pauvreté et les inégalités entre hommes et femmes, et pour la création d’emplois et la promotion d’une économie durable. »

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QUESTIONS À | Chintaram Beekarry (président de la Cooperative Staff Technical Union) : « Le mouvement coopératif a peut-être eu tort de ne pas vulgariser ses services »

Quelle est la situation des sociétés coopératives ? Comment expliquer leur baisse au fil des ans ?
La baisse n’est pas un problème. Nous avons noté une baisse avec la récession et le Covid-19. Cette chute est survenue car certaines sociétés coopératives n’avaient pas les outils nécessaires pour opérer. Certaines ont peut-être cherché un terrain, mais ne l’ont pas obtenu. D’autres n’avaient pas les capitaux nécessaires. Et il y a aussi des sociétés qui se sont formées mais ne réussissent pas, d’où leur mise en liquidation. Cependant, en tant que syndicat, nous ne voulons pas travailler en termes de quantité, mais de qualité. Nous voulons des coopératives qui travaillent pour l’économie nationale.
Le mouvement coopératif a peut-être eu tort de ne pas vulgariser ses services et de développer sa crédibilité. À travers les centres, nous donnerons des informations à travers l’île. La loi sur les coopératives nous permet aussi de mettre en place des joint-ventures. Nous allons encourager les coopératives en ce sens.

Les membres des sociétés coopératives sont plutôt âgés. Mais quid des jeunes ? Sont-ils au courant des avantages du secteur ?
Nous organisons des campagnes d’informations et nous offrons des cours aux jeunes. Nous avons aussi le Local Production Boost Scheme, qui offre Rs 150 000 aux coopératives en cadeau. C’est un grand avantage. Le Cooperative Development Fund comprend plusieurs plans pour les sociétés coopératives.

Quels sont les défis à relever pour relancer le secteur ?
Nous avons une population vieillissante dans le mouvement coopératif, surtout dans les sociétés agricoles, où la relève est difficile. Mais grâce aux compagnes d’informations, nous constatons que les jeunes commencent à s’y intéresser. Je suis d’avis que le mouvement ira de l’avant.

Quelle est votre vision pour le secteur ?
C’est à nous de sensibiliser les gens pour prendre avantage du mouvement coopératif. Si nous nous asseyons dans nos bureaux, les gens ne connaîtront pas ces avantages. Les officiers doivent se rendre chez les coopérateurs et animer des réunions dans les villages.

Il apparaît difficile de prendre des actions contre les coopératives qui ont fauté. Que faire ?
À travers l’Enfoncement Unit qui sera mise en place, nous aurons la capacité de poursuivre. Mais il faudra suivre les étapes. Je crois que d’ici un an, cette unité sera opérationnelle. Nous avons pris des actions contre certaines sociétés coopératives, mais nous ne pouvons pas les poursuivre. De ce fait, les cas deviennent caducs. Mais grâce à l’Audit Unit, qui travaille avec nous, je peux assurer que la situation a déjà changé.

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