16e édition du Festival Kreol : Un tour de table et des assiettes en quatrième vitesse

Une carte de menus à la Kreol Morisien susceptible de plaire aux papilles gustatives les plus authentiquement exigeantes

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 La 16e édition du Festival Kreol – rebaptisé depuis 2019 Festival Kiltir ek Langaz Kreol Morisien – a été lancée à Mahébourg samedi. Au programme : cuisine traditionnelle créole, régate et concert, entre autres. Un constat unanime est que la carte de menu à la Kreol Morisien est en mesure de plaire  en quatrième vitesse aux papilles gustatives les plus authentiquement exigeantes.  Entre les produits de la mer, tel que le mangouak, et le totof et le gibier, comme le cerf et le sanglier, c’est l’incontournable ti vites qui a volé la vedette. Le salmi tang était ainsi le roi de la fête et dans presque toutes les assiettes.

Revoilà le Festival Kreol. Après une période de doute, le ministère du Tourisme a finalement mis fin au suspense en annonçant la 16e édition de l’événement, du 3 au 17 décembre. C’est à Mahébourg que le coup d’envoi a été donné, avec un salon culinaire et des régates au programme. Sans compter le grand concert, qui a duré jusqu’à 23h, avec une pléiade d’artistes de Maurice, mais aussi de Rodrigues, d’Agalega et des Chagos.

Si le Festival Kiltir ek Langaz Kreol a attiré beaucoup de personnes, dont des touristes, il faut dire que pour ce début ce n’était pas encore la grande foule habituelle. Idem au niveau de la participation. Une situation qu’on peut sans doute mettre sur le compte de la communication tardive et le fait que d’autres événements sont organisés en parallèle. De même, le salon culinaire se tient généralement le dimanche, ce qui permet sans doute à un plus grand nombre de personnes de se déplacer à Mahébourg, le temps d’une sortie en famille pour redécouvrir des goûts quelque peu estompés.

Toujours est-il que le déplacement en valait la peine. Alors que les pirogues se mettent en place et attendent l’heure du départ pour la grande régate, le parfum des grillades et autres salmi titille les narines et aiguise l’appétit des petits comme des grands.

Une halte dans les allées permet de constater que les incontournables de la cuisine créole sont bien présents. Le porc à toutes les sauces : rôti, salmi, curry, au miel… Mais aussi le cochon marron et le cerf, en salmi ou curry. Mais le roi du festival culinaire est incontestablement le salmi tang, qui trouve preneur très facilement.

Françoise François, qui gère le snack La Confiance, près du marché de Mahébourg, a déplacé ses activités sur le front de mer pour l’occasion. Au menu : le totof à l’étouffé, avec des épices, le bourse frit, mais aussi le ti vites. Avec un grand sourire, la cuisinière lance : « Salmi tang sa se obligatwar. Samem dimounn pli rode. Ena fini telefone pou rezerve a lavans. » Toutefois, confie-t-elle, le hérisson devient rare et se vend aujourd’hui de Rs 250 à Rs 300 la pièce.

Toute la famille s’est mobilisée pour l’occasion afin de pouvoir répondre à cette clientèle spéciale Festival Kreol. « Ceux qui n’ont pu faire le déplacement peuvent toujours venir nous voir à côté du marché de Mahébourg. Vous n’avez qu’à téléphoner sur le 5762-2011. Nous vous ferons découvrir les spécialités de Mahébourg, surtout les fruits de mer », laisse-t-elle entendre en affichant un large sourire au visage.

Un peu plus loin, toute l’équipe de Chez Doudou a fait le déplacement de Flic-en-Flac à Mahébourg. En l’absence de Lindsay Veerapen, Pascale Acis explique tous les préparatifs nécessaires pour pouvoir participer à un tel événement. « Nous n’avons presque pas dormi. Vendredi, nous avons passé la journée à préparer les viandes, que nous avions marinées toute une nuit. À 1h du matin, nous sommes passés à l’étape de la cuisson. Et nous resterons sur place jusqu’à 23h au moins », ajoute-t-il avec une joie de plaire incroyable.

Un tableau installé affiche le menu : salmi canard, salmi tang, sali porc, briani porc. Ici également, la star c’est le salmi tang. C’est aussi le plus difficile à trouver sur le marché. « Depuis deux semaines, nous  en cherchons, et ce n’est que deux jours avant l’ouverture du festival que nous avons eu une réponse positive. Nous en avons eu trois pour Rs 1 000. C’est un prix en gros qu’on nous a fait, parce que nous avons acheté en grande quantité », poursuit-il.

Kot Nini, autre enseigne de Mahébourg, marque également sa présence au Festival Kiltir ek Langaz Kreol Morisien. Virginie Parisot, la gérante, confie que c’est un événement qu’elle prépare toujours à l’avance, étant donné la rareté de certains ingrédients. « Le salmi tang est le préféré, mais cela devient de plus en plus rare également. C’est pour cela que je prends mes dispositions et que je les achète à l’avance, vers le mois de septembre ou octobre. Ensuite, je les garde au congélateur. Autrement, nous  risquons  de ne pas en avoir au moment voulu », rassure-t-elle.

Autre star du menu : le salmi de cochon marron. Très prisé également, le gibier s’achète toutefois plus facilement dans une chasse. « Ces menus demandent beaucoup de préparation. Il faut commencer la veille. J’ai commencé à cuire à 5h du matin », confie-t-elle. Virginie peut compter sur le soutien de toute sa famille, dont son père, cuisinier à la retraite. « Cela demande une bonne organisation .»

Le salmi tang a beau être le roi de la table, on ne vient cependant pas à Mahébourg sans manger le mangouak, fruit de mer spécialité de la région. Des snacks de la localité bâtissent leur réputation sur le minn bouyi mangouak. DE son côté, Ansooya Guya a choisi de faire découvrir le farata à la rougaille de mangouak. Un délice dans cette partie de l’île et à l’occasion.

Il faut dire que cette habitante de Ville-Noire est aussi une incontournable dans ce domaine, puisqu’elle fournit les restaurants du village en mangouak. « Depuis de nombreuses années, je ramasse le mangouak avec mon époux. C’est un fruit de mer qu’on trouve dans de l’eau saumâtre. Il faut le décoller de la roche. Ensuite, il faut détacher la chair de la coquille et le bouillir, avant de le préparer », explique-t-elle.

Comme le hérisson, le mangouak devient de plus en plus rare, surtout depuis la marée noire provoquée par le naufrage et la marée noire subséquente du Wakashio. « Au départ, quand j’avais commencé, on vendait le mangouak Rs 30 la livre. Aujourd’hui, cela coûte de Rs 200 à Rs 250 la livre », rappelle-t-elle. Pour une partie de pêche, Ansooya Guya et son époux peuvent en ramasser quatre ou cinq livres.

Pendant que les cuisiniers sont à l’œuvre pour satisfaire les papilles, les équipages des régates sont en position pour la course du jour. Le coup d’envoi est donné vers 13h30. Les passionnés y trouvent pour leur compte avec ces voiles colorées qui glisse sur la baie avec en toile de fond Sa Majesté la Monagne de Lion.

Deux heures plus tard, et après plusieurs tours, c’est l’équipage du Krrish qui franchit la ligne d’arrivée en premier, suivi du St Joseph. Une belle victoire pour ces régatiers, qui ont su assurer le spectacle à leur manière.

Sur l’esplanade, au même moment, les artistes font monter l’ambiance. Alime dife ! Anonyme, Denis-Claude Gaspard et Rico Clair, entre autres, ont su donner le ton pendant la journée, en attendant le grand concert du soir, avec Laura Beg et Alain Ramanisum notamment.

En tout cas ce n’est que le début du festival Kreol Morisien, thème mobilisateur de la nation mauricienne…

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