Aux délices des fruits : Les succulents confits qui font recette

Entouré de ses trois frères, de son oncle et de trois amis qui travaillent Aux délices des fruits, Vishal Seerutton, l’aîné, parle de sa passion. Dans le commerce familial situé aux arcades Fon Sing à Port-Louis, les commandes affluent. Les sachets de fruits confits avec une coulée de tamarin servis avec « enn bon ti disel piman » ravissent le palais.

- Publicité -

Chez les Seerutton, les fruits confits sont une tradition et les recettes sont passées de père en fils. Ce qui a contribué, sans doute, à faire le succès de leur entreprise. Le point fort de Vishal Seerutton est qu’il parvient à cerner chacun de ses clients dont il connaît très bien les habitudes. Il lui arrive de côtoyer des gens avec quelques problèmes du quotidien, mais qui en sa présence trouvent du temps pour parler. Vishal trouve en chaque visiteur un client unique. « Oui, miss, oranges pour maman », « Enn delo koko pou mesieu, zu tamarin pou madam », lance-t-il. Pendant que son autre frère, Bavesh, s’exécute au comptoir.
Aux délices des fruits, les gens se pressent, histoire de se garder en bonne santé. Comme le dit Vishal, le coût de la vie fait que les légumes et les fruits ont pris une courbe ascendante. « Lontan pou Rs 100, tant frwi ranpli, aster bizin Rs 200 pou ranpli tant. Les Mauriciens n’achètent pas en gros, mais ne réduisent pas non plus leur consommation en fruits. »

Les fruits ne servent pas uniquement comme un rafraîchissement, mais ils ont aussi une note de sucré-salé-épicé Aux délices des fruits. On y voit souvent des gens acheter des fruits confits logés dans des sachets en plastique. Certains aiment aussi les jamalacs, bilimbis. Vishal Seerutton et son équipe ont la maîtrise de la découpe de ces fruits pour en conserver un maximum de chair.

« Frwi ena boukou bienfe »

La boutique est bien située et les étals propres donnent fière allure à la pièce bien aménagée. Vishal Seerutton est sur la place du marché à minuit et profite de la vente à l’encan pour faire le plein de ses fruits. Il raconte avoir délaissé les bancs de l’école en Form 1 pour aider son père. Depuis, 32 ans, il n’a pas décroché, son métier est à la fois sa manne quotidienne tout en permettant aux Mauriciens de rester en bonne santé. « Frwi ena boukou bienfe. »

Le père de Vishal Seerutton s’est lancé dans le métier en mars 1979, un an après sa naissance. Il a lui-même appris le métier de son beau-père. Vishal a consenti à faire plein de sacrifices. À l’époque, il avait une sacoche attachée à sa ceinture pour recueillir la recette de la journée. Aujourd’hui, à la tête de l’entreprise familiale, il parvient à tout gérer et à payer les employés. « Chacun ressort fier de sa journée et de son travail. On ne veut pas que nos clients manquent leurs fruits. On les prépare depuis chez nous, et à l’étal, l’hygiène est respectée ; gants, bocaux sont bien lavés. Nou klian dir nou konfi nimero enn. On a notre stratégie de travail. Il y a un avenir dans ce métier, mais pas pour les jeunes qui préfèrent étudier à l’étranger. À chaque génération, sa tendance. »

Ses frères Naresh, Nitish et Bavesh l’ont rejoint dans cette aventure. L’entreprise de Shyam & Sons voulait au départ se faire connaître comme restaurant de fruits. Mais la Tourism Authority leur a demandé de trouver un autre nom. Et depuis, Aux délices des fruits a connu un succès retentissant.

Selon Vishal, son père a maintes fois changé d’emplacement, notamment près de Rogers, avant de s’installer en face de Winner’s. Suivant la visite du cyclone dévastateur Hollanda, ils ont dû vendre leurs fruits dans un van pendant sept ans. La vente se faisait de bouche-à-oreille, non loin de l’emplacement de Mauritius Telecom. « Larzan pa ti fasil, me lavi ti mwin ser. »

Son père se réveille aujourd’hui à 6h du matin pour préparer les confits. Tout un travail s’effectue entre l’épluchage des fruits, les découper, les mettre à confire, avant la vente de 10h à 15h tous les jours. Les confits volent la vedette, mais aussi des fruits rares comme le melon d’eau à la chair blanche d’un goût juteux, l’ananas, le chouchou dont se régalent les habitués. L’offre comprend aussi fruits de Cythère, mangues, patates chinoises, jus limon, de tamarin. Sur l’étal des Seerutton, plusieurs fruits sont alignés dont des morceaux d’ananas, de mangue, de pomme, concombre macéré dans une préparation de vinaigre, d’eau, de sel, de piment, de sucre, lui donnant une saveur sucrée-salée-pimentée avec de la sauce de tamarin rajoutée.

« Un client content est un client qui revient. Nous, on est toujours à l’écoute de la demande, de la tendance saisonnière pour les fruits et surtout on propose beaucoup de variétés aux clients. Parmi, on note des clients qui viennent juste pour ce goût de coulis de tamarin relevé de sel pimenté. On a su fidéliser nos clients par la qualité et la fraîcheur », confie Vishal, heureux de constater que son entreprise propose un concept qui accroche.

Et voici son motif de plaisir : « Pa bizin atan lafin di mwa, tou le zour larzan rantre. Après, en fin de mois, il faut effectuer la paye de tout le monde, payer l’emplacement, acheter les fruits. » Ce métier lui a permis de voyager trois fois à Rodrigues, à La Réunion. Et il compte bien s’offrir des vacances l’an prochain en France. « Fer plezir nou klian, se nou priyorite. » Et ce métier, il se voit bien y rester au-delà de la soixantaine.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -