Blanchiment de Rs 83 M : Le fils du CP veut éviter de se faire photographier

Des gros bras accompagnant Chandra Prakashsing Dip, ayant bénéficié de la parole de la State House contre une précédente peine d’un an de prison, tentent d’intimider la presse

La nouvelle comparution de Chandra Prakashsing Dip, le fils du commissaire de police, Anil Kumar Dip, celui-là même qui a bénéficié d’une peine d’un an de prison commuée en une simple amende, était de nouveau, hier, devant la Financial Crimes Division.

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C’était dans le cadre d’un nouveau procès instruit au criminel par l’Independent Commission Against Corruption dans une affaire de blanchiment au préjudice de l’ex-Bramer Banking Corporation Ltd. Ce déplacement en Cour a été marqué par une tentative d’éléments composant une escorte autour de lui, se croyant tout autorisé pour intimider des membres de la presse.

Dans ce procès se déroulant devant la magistrate Darshini Gayan, hier, le fils du patron des Casernes centrales fait face à une accusation de blanchiment de Rs 25 millions dans l’affaire de détournement de Rs 80 millions au préjudice de la Bramer Banking Corporation − ses trois présumés complices étant Dharmendra Mulloo, Sheik Mohamed Khadafi Jany et Mohammad Irfaan Hausmuddy.

L’affaire a été appelée pro forma hier devant la Financial Crimes Division de la Cour intermédiaire et visiblement Chandra Dip s’est fait accompagner par des individus de forte corpulence pour tenter de le protéger et éviter qu’il se fasse prendre en photos par la presse. Après les formalités découlant de leur présence dans le box des accusés, le fils du commissaire de police a visiblement fait preuve d’hésitation pour évacuer la salle d’audience.

Pour cette nouvelle comparution, il n’a pas eu droit à l’ascenseur VIP utilisé par les magistrats et le personnel de la Cour, comme cela avait été le cas lors de sa comparution du 1er mars dernier. De ce fait, il avait été contraint de sortir par la grande porte.
Dans un premier temps, le Court Usher est venu à son secours. « Zot pa gagn drwa tir foto dimounn isi. Ena dimounn pe dir zot inn pran so foto », a tenté de faire comprendre le responsable de salle d’audience No 21.

Les membres de la presse se sont appesantis sur le fait qu’ils ne faisaient que leur travail et savaient pertinemment qui ils devaient photographier. Face à cette levée de boucliers, Chandra Prakashsing Dip n’a eu d’autre choix que de sortir. Les Bodyguards du jour ont tenté de faire écran mais c’était peine perdue. L’un d’eux s’est même montré menaçant et a tenté de bousculer une journaliste et de taper dans son téléphone portable. « Ki foto to pe tire ta ? », a-t-il lancé.

Aussitôt au rez-de-chaussée de la Cour intermédiaire, le fils du commissaire de police était escorté jusqu’à la sortie, un de ses proches rouspétant que la presse mitraillait celui-ci, qui avait bénéficié de la clémence de la Commission de Pourvoi en Grâce, entérinée par la State House pour éviter une peine de prison de douze mois à la veille du Noël de l’année dernière. Il avait été condamné dans une affaire de fraude et de blanchiment de Rs 3 millions aux dépens de l’ex- Barclays Bank.

Les quatre accusés étaient tous présents en Cour hier, avec leurs avocats respectifs, mais visiblement ces derniers n’avaient toujours pas encore eu le temps d’étudier tous les documents relatifs à cette affaire. Dharmendra Mulloo, qui devait être assisté de Me Samad Goolamally, était accompagné hier de Me Sanjeev Moloye car son principal homme de loi a eu un empêchement personnel et n’était pas au pays. Cependant, le représentant de l’ICAC a fait comprendre que l’avocat de Mulloo n’avait pas encore réclamé formellement le Case Brief de l’affaire.

Me Shailesh Seebaruth, représentant Chandra Dip, et Me Tawheen Choomka assistant Mohammad Irfaan Hausmuddy ont réclamé du temps pour se pencher sur le dossier très volumineux de l’ICAC.

Une vingtaine de témoins ont été assignés dans ce nouveau procès logé par l’ICAC, dont l’épouse du CP. Chandini Dip. Elle figurait parmi les personnes arrêtées dans cette affaire, son nom figurant sur la liste des bénéficiaires de l’argent transféré. Le CP Anil Kumar Dip avait, lui, aussi passé une nuit en cellule policière dans le cadre de l’enquête de détournement de ces Rs 80 millions.

En effet, Chandra Dip est en liberté conditionnelle dans cette affaire et est considéré comme étant le cerveau de ce mécanisme de détournement de fonds de l’ordre de Rs 83 millions à l’ex-Bramer Banking Corporation Ltd.. Le principal concerné répond de 13 accusations de blanchiment d’argent d’un total de Rs 1 415 000, et est poursuivi devant la Financial Crimes Division. Dharmendra Mulloo fait, lui, face à 146 charges différentes de blanchiment d’argent totalisant Rs 18,5 millions.

Le fils du commissaire de police Anil Kumar Dip aurait agi de mèche avec Younousse Kotoaroo, ancien officier de la Bramer Bank, pour ces prétendus virements bancaires. Par la suite, l’argent est passé sur le compte de plusieurs sociétés, dont certaines étaient fictives. Ainsi, la police avait procédé à l’arrestation de Chandini Dip.

Des entreprises – dont la mère serait à la tête – ont reçu de l’argent de la fraude. L’argent détourné des comptes des clients, dont celui d’un Angolais, a ensuite été crédité sur les comptes des complices, le montant s’élevant à plus de Rs 83 millions. Des terrains et des voitures de sport ont été achetés avec l’argent détourné. Plusieurs voitures avaient été saisies après l’éclatement de l’affaire et des Attachment Orders avaient été émis pour interdire toute transaction de ces biens suspects.

Le tribunal de Port-Louis avait par ailleurs, en 2016, rayé la charge provisoire qui pesait contre 28 personnes dans le sillage de cette affaire.

La magistrate Darshini Gayan a fixé l’affaire au 17 avril prochain, afin que tous les représentants légaux retenus par les accusés puissent avoir amplement le temps pour préparer leurs arguments.

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