CADO DE 2011: Les jeunes sont déboussolés et sans repères, déclare Ragini Rungen

Le deuxième week-end CADO de 2011 se tient actuellement pour une quarantaine de jeunes, soutenus par une quinzaine d’animateurs du Groupe A de Cassis/Lakaz A. L’exercice est abrité par le Bible Centre de Trou-aux-Biches. Ragini Rungen, coordinatrice du Groupe A/Lakaz A, explique que « ce n’est pas parce que les jeunes vivent dans des maisons en béton, s’habillent bien et ont l’apparence d’être en forme que tout va bien pour autant ! Lors des sessions d’écoute et de partage que nous avons chaque lundi, et lors des week-ends CADO, on réalise à quel point ces jeunes sont déboussolés, dépassés par leur entourage et les progrès trop rapides. Ils en perdent leurs repères… »
C’est dans ce but, pour tenter de pallier à certaines de ces lacunes, « parce que nous ne sommes ni équipés ni suffisamment formés pour pouvoir tout prendre en charge », souligne notre interlocutrice, que le Groupe A de Cassis/Lakaz A compte parmi ses nombreuses activités ces deux week-ends annuels où des groupes de jeunes, membres de CazAdo (les ados de Lakaz A), sont réunis dans un même endroit. Là, durant ces deux jours ensemble, « ils peuvent parler et s’exprimer, évoquer leurs soucis, ce qui les tracasse, les agace. En somme, se livrer et partager avec d’autres comme eux ce qui les empêche de vivre pleinement leur vie d’adolescents. » Une activité complémentaire à une année de rencontres hebdomadaires, quand elles ne sont pas plus fréquentes, des jeunes de CazAdo avec les membres de Lakaz A.
« C’est un exercice, une expérience enrichissante et très intense pour chacun, participant autant qu’animateur », estime Ragini Rungen. « À tel point que souvent, nous avons des demandes de la part de jeunes souhaitant renouveler l’expérience. Mais ce n’est pas toujours évident, car nous faisons de notre mieux pour donner la chance au plus grand nombre de bénéficier de ces week-ends. » Lakaz A compte, à cet effet, sur « les dons de quelques bénévoles et sponsors pour financer le séjour, la prise en charge et la nourriture. »
« Mais ce qui nous fait réfléchir et nous inquiète surtout, poursuit Ragini Rungen, c’est quand ces jeunes parlent d’eux-mêmes. Nombre d’entre eux manquent de confiance en eux. Quand on leur parle, on se rend compte que même s’ils vivent dans des maisons en dur, qu’ils s’habillent bien, qu’ils ne touchent pas aux drogues dures ni n’ont de vices tels que jouer ou parier, ce n’est pas pour autant que tout va bien dans leur vie. Ils éprouvent des problèmes à vivre pleinement leurs vies d’ados. » Et renchérit notre interlocutrice : « Les progrès technologiques comme les portables, Internet, Facebook etc., ça les égare. Ils se sentent un peu largués, paumés… » Mais le plus dur, précise Mme Rungen, « c’est le manque de dialogue et de communication au sein de leur famille. »
Traumatisés à vie
Certains des jeunes de CazAdo sont des enfants de pensionnaires de Lakaz A, donc des fils et filles d’anciens toxicomanes, ou d’autres qui sont sur la voie de s’en sortir, des enfants de travailleuses du sexe, des proches de parents séropositifs, entre autres. Donc, « des enfants issus de foyers à problèmes, et qui ont été témoins et traumatisés par des choses qu’ils ne devaient pas voir normalement, explique Ragini Rungen. Des enfants qui ont été témoins de violences subies ou perpétrés sur ou par leurs parents. Ces images ont définitivement bouleversé leur vie, affecté leur subconscient et les ont marqués à jamais. »
Qui plus est, ajoute notre interlocutrice, « même au sein d’une famille dite normale, donc qui n’a pas de problèmes avec la toxicomanie, l’alcool ou le sida, on a remarqué qu’entre parents et enfants, il manque cruellement de dialogue. La communication va surtout dans un sens. Par exemple : “Comment c’était l’école aujourd’hui ? Les devoirs, les leçons, ça va ?” Donc, des questions, et non des dialogues entre les parents et leurs enfants. »
Or, souligne Ragini Rungen, « ces jeunes, quand ils sont ensemble, évoquent le fait qu’ils auraient souhaité que leurs parents leur parlent plutôt que de les questionner simplement. Qu’il y ait un partage où l’enfant pourra confier qu’aujourd’hui, tel ami l’a blessé par son attitude, ou telle chose l’a rendu heureux… » Des petits riens du quotidien mais qui ont une importance capitale dans la vie d’un jeune de 2011 !
D’où le fait qu’ils se sentent « mieux ensemble, entre jeunes qui ont du mal à vivre et traînent souvent au centre, plutôt que de rentrer chez eux. » Ragini Rungen ajoute : « C’est tant mieux s’ils restent ici entre eux. Mais les dangers et les pièges faciles comme l’alcool, les drogues, les jeux, le sexe les guettent et ils peuvent devenir des proies faciles. Autant que possible, nous essayons d’éviter cela. »
Lors des week-ends CADO, l’ONG invite, à chaque fois, « des personnes ayant un parcours et un vécu pour partager et briser les barrières. » L’un des derniers a été Den Ramsamy, ancien toxicomane et quatrième Mauricien à avoir annoncé vivre publiquement avec le sida.
—————————————————————————————————————————————————————

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -