Expropriation des planteurs : négociations à Harare en vue d’une compensation éventuelle aux expatriés mauriciens

Rencontre à Harare entre de hauts officiels des ministères des Affaires étrangères du Zimbabwe et de Maurice

Une rencontre de haut niveau entre les représentants des ministères des Affaires du Zimbabwe et de Maurice s’est déroulée à Harare la semaine dernière. Cette rencontre a permis de donner le coup d’envoi des négociations en vue de trouver une solution concernant le dédommagement des agriculteurs mauriciens, qui ont été expropriés de leurs terres sous le régime du président Robert Mugabe.

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La délégation du Zimbabwe était dirigée par James Manzou, secrétaire permanent au ministère zimbabwéen des Affaires étrangères, alors que la délégation mauricienne était menée par l’ambassadeur Haymandoyal Dillum. Cette rencontre a été organisée à la suite d’un message spécial adressé par le président E. Mnangagwa, par le biais de l’ambassadeur du Zimbabwe, accrédité à Maurice, D. Hamadziripi, pour inviter Maurice à la table des négociations en vue de trouver une solution à l’amiable au problème des fermiers mauriciens qui ont été dépossédés de leurs terres dans le cadre du programme de réforme agraire de 2017.

La demande présidentielle était basée sur les relations fraternelles qu’entretiennent le Zimbabwe et Maurice, avait fait ressortir le secrétaire permanent du ministère zimbabwéen des Affaires étrangères lors de la réunion bilatérale la semaine dernière. Il avait, par la même occasion, souligné les excellentes relations entretenues entre nos deux pays au niveau régional et international. Et de remercier le gouvernement mauricien pour l’aide accordée à son pays après passage du cyclone Idai, ainsi que pour les bourses offertes aux étudiants zimbabwéens et pour la donation de vaccins durant la pandémie de Covid-19.

Pour sa part, l’ambassadeur Dillum a considéré que la réunion constituait un Breakthrough et une avancée historique concernant un dossier aussi important. Il a remercié le Zimbabwe pour le soutien accordé à Maurice concernant les Chagos. Tout en soulignant les flux d’investissements des deux côtés dans les secteurs innovants.

Il a ajouté que c’est dans un esprit de solidarité que Maurice a répondu positivement au début des années 1960 à l’appel du Zimbabwe en vue d’établir une industrie sucrière dans le pays. Par la suite, les agriculteurs mauriciens sont venus avec leurs familles investir dans le Planters Settlement Scheme. Ils ont énormément contribué à l’économie agricole du Zimbabwe, dit-il encore.

L’ambassadeur Dillum a également indiqué que Maurice avait pris bonne note des trois options proposées par le Zimbabwe en ce qui concerne l’indemnisation des agriculteurs. Cependant, comme leurs fermes n’étaient plus disponibles pour la reprise de possession et que leur expulsion date de 20 ans, la plupart des agriculteurs sont devenus assez âgés et n’étaient pas disposés à recommencer tout le processus.

Dans ces circonstances, les agriculteurs ont opté pour une compensation financière pour la perte de leurs biens. M. B. Lagesse a été mandaté par les agriculteurs mauriciens pour négocier en leur nom une indemnisation appropriée. Il était par conséquent présent à la réunion afin d’apporter son aide. M. Fayd’Herbe est également l’un des agriculteurs qui opèrent toujours au Zimbabwe.

Le principal problème auquel sont confrontés les négociateurs est que l’accord de protection et de promotion d’investissement conclu entre Maurice et le Zimbabwe n’a pas encore été ratifié par le parlement du Zimbabwe. D’où la nécessité de développer un processus approprié, qui devra par la suite être approuvé par le Parlement.

L’ambassadeur Dillum s’est dit satisfait qu’un terrain d’entente ait été trouvé en ce qui concerne le nombre d’agriculteurs mauriciens touchés par le programme de réforme agraire au Zimbabwe. Il garde de fait espoir qu’une solution acceptable sur le montant de l’indemnisation soit trouvée et qu’un tiers ne doive pas être impliqué dans le processus. Il a également remercié le secrétaire permanent du Zimbabwe pour son dévouement personnel dans le processus. Le Zimbabwe s’est engagé à offrir des réparations aux agriculteurs qui ont été touchés par le Programme de réforme agraire.

Durant sa visite au Zimbabwe, la délégation mauricienne a aussi rencontré le ministre des Affaires étrangères et du Commerce international du Zimbabwe, F. M. Shava. Ce dernier a estimé important que nos deux pays se rencontrent souvent pour consolider leurs relations bilatérales. Il a aussi exprimé sa gratitude à l’effet que les agriculteurs mauriciens soient venus au Zimbabwe au début des années 1960 pour introduire l’industrie de la canne à sucre dans son pays.

« L’objectif principal du Programme de réforme agraire est un moyen de rétablir l’injustice envers les Zimbabwéens pauvres », a-t-il ajouté. « C’était une question très délicate pour eux. Cependant, le Zimbabwe s’est engagé à offrir des réparations aux agriculteurs qui ont été touchés par le Programme de réforme agraire », a fait comprendre le ministre.

L’ambassadeur Dillum a ensuite saisi l’occasion pour informer le ministre que le gouvernement mauricien propose de faire don au Zimbabwe de 60 000 vaccins Sinopharm, dont la date d’expiration est de 2023. Le ministre F. Shava s’est félicité de la proposition relative aux vaccins. Le SFA a également sollicité la collaboration du Zimbabwe pour la mise en place de l’industrie pharmaceutique biotechnique à Maurice.

La délégation mauricienne a aussi été invitée à une visite sur place dans l’une des fermes de B. Lagesse dans la banlieue de Harare. Les officiers zimbabwéens ont également accompagné la délégation pour faciliter l’entrée dans la ferme, car elle était déjà occupée par un Zimbabwéen. Ils ont également pris connaissance de visu de l’état négligé de la ferme et des ruines des bâtiments et autres infrastructures créées à l’époque par B. Lagesse.

Les tracteurs et autres matériels achetés par M. B. Lagesse étaient toujours là, mais tous rouillés et inutilisés dans les hangars. La clôture autour de la parcelle a également été endommagée et les granges à tabac abandonnées, ce qui montre clairement la négligence et le manque d’intérêt du propriétaire en place pour cultiver la terre.

Les officiers du côté zimbabwéen ont été surpris de voir l’état de la ferme. M. et Mme Lagesse, qui accompagnaient la délégation, ont expliqué où ils avaient fait des investissements dans cette exploitation et quels types d’activités étaient menées sur cette parcelle de terrain.

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