Les inondations « directement liées » à la planification du développement

– Précipiatiion pour construire des infrastructures à cause des promesses faites par le gouvernement

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Face à la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme. Un professionnel du Geographical Information System (GIS), spécialisé en Flood Modelling et Urban Planning et exerçant dans le privé comme consultant, met en garde contre les inondations en particulier, qui ne cessent de prendre de l’ampleur, cela en tenant compte de la vérité implacable à l’effet qu’il n’existe pas moins de 300 Flood Prone Areas dans le pays. « Les inondations sont un désastre naturel qui va augmenter de plus en plus dans le futur et il est impératif de s’adapter à ce phénomène », prévient-il. Il existe quatre types d’inondations à Maurice : Flash Flood, Riverine Flood, Coastal Flood et Urban Flood.
Ce consultant rappelle que les inondations peuvent être meurtrières, comme il y a dix ans, le 30 mars 2013, avec la mort de 11 personnes, lorsqu’il a plu pendant deux heures d’affilée, avec 152 mm de pluie à Port-Louis, et 123 mm de pluie dans le Sud. Ses observations s’agissant des inondations du 7 et 8 ont trait à deux régions du Sud du pays. Et il remet en cause la manière même dont certains développements ont été planifiés et effectués.
D’abord, concernant le village de Souillac, le professionnel souligne qu’en dix ans, de nombreux développements en termes de morcellements et de travaux routiers ont eu lieu, en amont de Lady Barkly Street. « Ces développements sur dix ans ont canalisé l’eau des grosses pluies vers les régions les plus basses de Souillac, avec une vélocité énorme, ce qui a endommagé l’infrastructure ainsi que les résidences privées. Les inondations sont directement liées à la planification du développement d’infrastructure. Lorsque l’on planifie des infrastructures, il faut penser aux cours d’eau et à comment les canaliser. Le développement d’infrastructure ne doit pas représenter des risques d’inondation…», fait-il ressortir.
Il dit également avoir relevé que les rivières sortaient de leur lit, « cela peut se produire avec l’intensité des averses mais cela survient aussi lorsque ces constructions ont été établies les années précédentes, augmentant la poussée de l’eau vers les rivières. En outre, si l’on n’entretient pas nos systèmes de canalisation d’eau, cela augmente aussi le risque d’inondation. »
Pour ce qui est du village de Chemin-Grenier, plus précisément la New Mosque Road, si des drains ont été aménagés pour faire face aux inondations récurrentes à cet endroit, « ceux-ci n’ont pas fonctionné », dit ce consultant. Et ce, avant de se demander : « A qui la faute ? A-t-on investi l’argent public pour faire du gaspillage et rendre la communauté encore plus vulnérable aux inondations ? » Il insiste une fois de plus que le développement est important pour l’économie et le progrès du pays, « mais il faut un développement d’infrastructure qui soit sain et qui ne mette pas à risque d’autres infrastructures, l’économie et la vie même de tous les citoyens. »

Problème de maintenance

Le consultant ne mâche pas ses mots sur le sujet, arguant que le problème d’inondation va s’accentuer « parce que pendant 40 ans, nous avons eu droit à un développement au petit bonheur, qui ne prend pas en considération la protection de nos cours d’eau. On ne peut revenir sur nos erreurs du passé, mais il faut apprendre la leçon et rectifier le tir, notamment en termes d’études de génie civil pour les constructions et prendre en considération les risques d’inondation. »
Il déplore également que suivant tous les développements de routes et d’infrastructure des dernières années, « il y a un énorme problème de maintenance qui est devenu incontrôlable à travers le pays tout entier ! Je fais surtout référence aux drains, aux ponts, aux ponceaux, aux rivières et aux voies de drainage. » À cet égard, il souhaite que les autorités émettent de communiqués sur les actions concrètes qui sont conduites régulièrement à travers le pays pour la maintenance des canaux et des drains, entre autres. Au passage, ce professionnel se demande ce qu’il advient du gros budget de nettoyage de ces structures importantes pour l’écoulement de l’eau dans le pays, tant au niveau du gouvernement que des collectivités locales.
D’autre part, au regard des sommes astronomiques allouées à la construction de drains par le présent gouvernement, il trouve dommage qu’on ne voie pas ces projets « aboutir  comme il faut ». À ce sujet, sur un ton énigmatique, il se pose des questions : «le gouvernement opère-t-il comme il faut ? Y a-t-il de la bonne gouvernance dans ses pratiques ? Y a-t-il The right man in the right place ? Et jusqu’à quand la population va-t-elle continuer à payer les pots cassés des décisions de certaines personnes ? »

Beaucoup de questions, peu de réponses…

Ce consultant déplore que « les autorités se précipitent pour faire des développements, à cause des promesses faites, notamment en termes de logement social, et ce sans même faire les études appropriées sur les sites concernés, mais encore une fois c’est la population qui fera face aux graves conséquences dans le futur… »
À ce titre, il demande également ce que compte entreprendre le gouvernement pour venir en aide aux personnes victimes des inondations : « Que fera le gouvernement pour les aider à reconstruire leur vie ? » Ce professionnel estime qu’une Daily Allowance ne suffit pas car ils ont perdu leurs meubles, leurs appareils électroménagers, sans compter le traumatisme qu’ils ont vécu « à cause de mauvaises décisions de ce gouvernement, » et donc il est logique, d’après lui, que le gouvernement leur vienne en aide. Il conclut que « malheureusement on se pose beaucoup de questions au fil des ans, mais on a peu de réponses ! »

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