Mauriciens coincés à l’étranger – Brian Penny, République dominicaine : « Si le pire devait arriver, on ne sait pas si on sera soignés »

République dominicaine. Treize Mauriciens sont actuellement coincés dans un hôtel aux Antilles. Brian Penny, un des employés dudit hôtel, essaie depuis des mois de contacter les autorités mauriciennes. Il nous raconte son calvaire.

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« Nous sommes coincés dans l’hôtel et ne sortons que pour faire quelques courses », dit-il. La situation s’aggrave de jour en jour dans cette partie du monde et ces 13 citoyens mauriciens ne savent même s’ils seront soignés si le pire devait arriver. « La priorité est naturellement donnée aux citoyens de la République dominicaine et déjà qu’il n’y a pas de places dans les hôpitaux, on se demande comment on va faire si le pire devait se produire », se demande-t-il, inquiet. Pour combler le tout, cela fait plusieurs mois depuis que ces 13 Mauriciens n’ont aucun contact avec les autorités mauriciennes.

« Notre employeur a mis fin à nos contrats depuis mars 2020 et nous commençons à sentir des difficultés financières. Nous avons eu plusieurs appels avec une personne de l’ambassade de Maurice à Washington, qui nous a plusieurs fois dit qu’il y aurait des vols prévus, notamment un le 7 juillet qui a ensuite changé pour le 11, mais qui ne peut nous accueillir à bord. Nos parents ont reçu plusieurs appels à Maurice disant qu’il fallait qu’on contacte l’ambassade d’urgence. À chaque reprise, la personne de l’ambassade n’avait aucune idée du sujet en question. Washington nous a finalement dit que nous serions rapatriés via l’Europe, mais qu’il n’avait aucune information à ce sujet. J’ai alors décidé de contacter l’ambassade à Paris et à Londres, qui à leur tour nous ont renvoyés vers Washington », explique-t-il.

Perdus, ils ne savent plus qui contacter pour avoir ne serait-ce qu’une simple réponse. « Même si l’on nous disait “non”, ce n’est pas grave. Mais au moins cela aurait été une réponse de nos autorités locales qui confirment qu’elles savent que nous existons et que nous sommes coincés à l’autre bout du monde. » Brian Penny tient bon, même si les autres Mauriciens et lui ont actuellement le strict minimum en termes de logement et de nourriture. « Mais on ne se plaint pas, c’est déjà beaucoup. » Il explique aussi que seuls des Mauriciens et quelques Sénégalais sont actuellement dans l’hôtel, étant donné que les autres employés d’autres nationalités ont déjà été rapatriés.

« On est prêts à acheter nos billets, à payer nos tests PCR et même la quarantaine. C’est navrant de voir des avions rentrer avec des places vides. Nous ne sommes qu’une dizaine de Mauriciens ici, ils auraient pu nous inclure sur la liste des passagers », regrette-t-il. Brian Penny espère ainsi que le ministère des Affaires étrangères prendra contact avec eux pour au moins leur indiquer quoi faire en attendant les prochains vols de rapatriement et éventuellement l’ouverture des frontières.

Sachin Rajcoomar : « Nous devenons des boulets pour nos compagnies »

Ce cauchemar qui n’en finit pas. Les employés de bateaux de croisière sont toujours dans la tourmente. Sachin Rajcoomar, Krisnna Moonesawmy, Allan Jean Antoine, Avinash Mahen, Adesh Parboo et Prakash Gooljur, tous employés du Emerald Princess, nous ont contactés. Ils ont actuellement débarqué dans le port de Rotterdam après trois longs mois dans le port de Manille aux Philippines.

« Nous sommes près de 60 Mauriciens à bord du bateau et sommes actuellement confinés dans nos cabines », nous relate Sachin Rajcoomar. « Tous nos autres collègues d’autres nationalités sont rentrés, seuls les Mauriciens sont restés à bord. Cela devient de plus en plus gênant, car nous sentons que nous devenons des boulets pour notre compagnie, qui fait de son mieux pour s’occuper de nous », dit-il. Fatigué lui aussi, il nous explique que c’est l’incertitude qui les tue à petit feu. « Le fait de ne pas savoir, de n’avoir aucune information, cela nous rend malades », dit-il. « On n’entend plus rien depuis le 1er juin. Pourquoi les autorités mauriciennes n’en parlent plus ? » se demande-t-il.

En contact constat avec son épouse et son enfant, il espère que le nombre de rapatriements augmentera, car « avec trois exercices par mois, on ne retournera pas d’aussitôt. » Comme lui, de nombreux pères et mères de famille prient pour que leurs noms figurent sur la liste. « Nos compagnies ont accepté de payer pour nous, on ne comprend pas pourquoi l’État mauricien prend autant de temps », dit-il.

289 Mauriciens rapatriés hier

Il est à noter que le vol d’Emirates a effectué son premier vol de rapatriement avec 289 personnes de 17 pays différents. Elles sont rentrées hier. Huit personnes, dont six du Pakistan, une des Émirats arabes unis et une d’Arabie Saoudite, ont été testées positives à la Covid-19 n’ont pas été autorisées à embarquer. Par ailleurs, les autorités précisent qu’il a été difficile de rapatrier les Mauriciens en provenance de certains pays en particulier. « Ce vol spécial avec une attention particulière pour le Pakistan, les États-Unis, l’Arabie Saoudite a été le plus délicat à monter, vu la disparité des situations et les contraintes liées à la propagation de la Covid-19 dans les pays de départ. Difficultés liées à l’identification des centres de dépistage et l’obtention des résultats à l’heure afin de permettre de prendre l’avion », est indiqué dans un communiqué officiel. Par ailleurs, le plan de rapatriement pour le mois de juillet prévoit trois autres vols, à savoir un vol de MK de Kuala Lumpur et un vol de MK en provenance de Londres, et un vol en provenance de Paris le 26 juillet. Deux vols spéciaux sont prévus pour les bateaux de croisière.

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