(MV Wakashio) Jean Yves Chavrimootoo (syndicaliste) : « La Mauritius Ports Authority à la base de fausses informations »

Le négociateur syndical du port, qui dit être bien informé, a déclaré ouvertement que la MPA « ne voulait pas participer à l’opération de sauvetage »

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La maintenance des remorqueurs à la MPA une nouvelle fois pointée du doigt

Les travaux de la Court of Investigation pour faire la lumière sur le naufrage du MV Wakashio, le 25 juillet 2020, s’est poursuivi hier avec l’audition du syndicaliste Jean Yves Chavrimootoo. Avant de déposer, le témoin a informé le panel qu’il avait reçu une boîte remplie de documents divulguant des informations les unes plus compromettantes que les autres. D’où sa démarche de mettre ces faits devant le public.

Documents à l’appui, le négociateur syndical du port s’est évertué à démontrer que la Mauritius Ports Authority a donné de fausses informations quant à ses remorqueurs afin de ne pas prendre part à l’exercice de sauvetage. « Si ti bizin partisipe, ti pou bizin ferm lepor de-trwa zour. Ena enn gro problem de mintenans bann tug. Se pou sa MPA inn donn tou kalite eskiz », déclare Jean Yves Chavrimootoo.

« Se bann alegasyon tre grav. Ou bizin kapav siport seki ou pe dir. Sinon ou asim ou responsabilite. Mo pa pe fer ou per me mo pe inform ou », devait lui faire comprendre le président de la Court of Investigation, l’ancien juge Abdurafeek Hamuth. Jean Yves Chavrimootoo devait répondre qu’il avait reçu une boîte en carton devant sa porte contenant plusieurs documents et qu’après avoir mené sa propre enquête, il estime que la Cour doit être en présence de ces informations dans le cadre de son investigation. « Se bann informasion dintere nasyonal », a-t-il fait valoir.

Jean Yves Chavrimootoo a indiqué être bien au courant de ce qui se passe en interne. « J’ai mes contacts. J’ai le nom de plusieurs personnes qui sont disposées à venir témoigner mais par peur de représailles, elles souhaitent le faire à huis clos », a indiqué le témoin. « Zot pa pou kapav fer li a vizaz dekouver. Bizin fer li en katimini », a déclaré l’ancien juge Hamuth. Jean Yves Chavrimootoo a fait comprendre que le but de son témoignage était de démontrer, par le biais des documents qu’il avait reçus, que la MPA a fait circuler de fausses informations pour ne pas prendre part à l’opération de sauvetage.

Présentant un document qui donne la capacité de remorquage du Sir Édouard, Jean Yves Chavrimootoo a souligné que les autorités ont donné des informations erronées. « J’ai appris dans la presse que le capitaine Barbeau est venu dire en Cour que la capacité du remorqueur est de 30 à 70 tonnes. Le document montre qu’il a une capacité de 80 tonnes », a soutenu M. Chavrimootoo. L’assesseur Jean Mario Geneviève devait noter que le document date de 2016 au moment de la construction du Sir Édouard.

Maintenance

« Le capitaine Barbeau a aussi dit que la capacité du Fire Fighting Pump est de 300 mètres cubes par heure. Mais il y a d’autres remorqueurs qui ont de plus grosses pompes. Au fait, la MPA a donné de fausses informations pour ne pas participer à l’opération de sauvetage », affirme le témoin. « Si ti bizin partisipe, ti pou bizin ferm lepor de-trwa zour. Ena enn gro problem de mintenans bann tug. Se pou sa MPA inn donn tou kalite exkiz », ajoute-t-il. Ce dernier a aussi présenté en Cour des échanges de courriel entre le capitaine Barbeau et la compagnie d’assurances du MV Wakashio. « Les e-mails en date du 23 août 2020 évoquent la capacité des remorqueurs et le capitaine Barbeau y affirme que la MPA ne pourra mener l’opération par manque d’équipements. »

Jean Yves Chavrimootoo a fait ressortir que des personnes ont des formations internationales en Salvage And Rescue mais que la MPA n’a jamais reconnu ces compétences. Il a indiqué que dans le passé, les remorqueurs de la MPA ont pu sauver certains navires dans les eaux mauriciennes. « Au moment du naufrage du MV Wakashio, il n’y avait que le Sir Édouard qui était disponible. Il y a un sérieux problème de maintenance. Si on a un autre cas comme le Wakashio, on fera face au même scénario. J’ai des informations que pendant trois jours des activités ont cessé dans le port parce qu’un caoutchouc est coincé dans un remorqueur en location. Quand la MPA vient dire qu’elle a quelques remorqueurs, ce n’est pas exact. Il y en a qui sont pourris et d’autres dont on ne peut se servir », déclare le témoin. Et d’attirer l’attention sur le fait que les autorités avaient dit qu’elles n’avaient pas le droit de monter à bord du MV Wakashio, mais que « ce n’est pas vrai car les lois maritimes donnent à l’État la souveraineté de prendre des décisions sur les navires dans ses eaux territoriales ».

Auparavant, l’ancien Port Master, le capitaine Premananda Ponambalum, a déposé pour souligner que la priorité autour du MV Wakashio aurait dû être la protection de l’environnement marin. « The first thing I would have done would have been to call for a meeting to get rid of the oil on board. It should have been done on the second day itself. Unfortunately, the director of Shipping is a marine engineer, a captain would have been more knowledgeable. The first thing to do when there is a wreck is to protect marine environment. They could have at least attempted », fait-il comprendre. Les auditions reprennent le lundi 31 mai.

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