Père Labour : « Nous rêvons 
d’une île Maurice verte »

Père Labour, vous avez troqué l’espace de quelques heures, votre soutane en faveur de l’environnement pour le projet Tiny Forest à la Cathédrale, en quoi consiste votre démarche?

 Exactement. Nous avons arraché la place de la Cathédrale à un désordre de parking, de chiens errants et de poubelles, en 2009. Nous voulions alors démontrer que la ville doit respirer et avoir des espaces verts.

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Petit à petit, au fur et à mesure que la conscience écologique se frayait un passage dans le pays, nous avons découvert ce concept de Tiny Forest. C’est une prise de conscience que la forêt demeure un poumon sur la planète terre et que la ville s’enlise sous les bétons, l’asphalte et les voitures.

D’où l’idée d’un grand projet, de plusieurs Tiny Forests répartisdans l’île et le faire sur la place de la Cathédrale en premier lieu a valeur de symbole. C’est une place très prisée des Mauriciens et avec la chaleur ambiante qui prévaut autour du béton et de l’asphalte, les experts indiquent que quand nous entrons dans une Tiny Forest, la différence de température est de l’ordre de 4°C à 5°C de moins que la température ambiante.

En sus de cela, cette mini forêt crée un éco-système. Une sorte de biosphère qui favorise le micro-organisme qui fait revenir les papillons, les oiseaux. Les gens sont étonnés de voir qu’il y a trois plantes sur un mètre carré, et, toutes des plantes endémiques, à savoir des plantes uniques à Maurice.

Un professeur japonais a fait une expérience lors d’un tsunami en Malaisie que ce sont les plantes endémiques qui ont le plus résisté à l’envahissement
de la mer et de l’eau salée, détruisant toutes les autres plantes.
C’est sur la base de cette expérience que nous avons pensé au concept des Tiny Forests pour Maurice. Les racines sont interconnectées entre elles, ce qui
fait qu’elles se protègent et éliminent tous les parasites.

Quel effet cela vous fait de voir la mobilisation des étudiants de
diffèrents collèges sur le parvis de la Cathédrale ?

Je souhaite que cet élan venant des écoles et des collèges deviennent un symbole pour les jeunes. London, Muslim Girls, Muslim School de
Plaine-Verte,  GMD Atchia, Lorette, BPS et même les élèves des écoles
primaires, dont Notre Dame RCA, sont venus pour planter. Nos enfants
ont pris conscience qu’ils seront les premiers à être en danger, si
notre terre nourricière est menacée par les inondations, érosions et
autres…

La réalité du réchauffement climatique est incontournable. Il n’y a qu’à
voir la chaleur qu’il fait en ce moment. Ce sont les jeunes qui doivent être les premiers à être sensibilisés à cette noble cause de protection de la terre.

Comment s’effectue le procédé  de l’aménagement de cette Tiny Forest pour
l’embellissement de la Cathédrale?

Nous avons fouillé la place de la Cathérale sur deux pieds et demi de profondeur, à la base, nous avons mis  du biomass des feuilles, des branches
sèches réduites. Et également, une couche de fumiers offerte par diffèrentes
compagnies. Puis, nous avons versé la terre à un niveau au-dessus du niveau normal parce qu’au fur et  à mesure que le biomass va pourrir, cela permettra au sol d’avoir un aspect naturel.

Nous sommes sur une superficie de 400 mètres carrés, et le projet Tiny Forest  comprend la mise en terre durant trois jours de 1 200 plantes endémiques ou indigènes. Chaque quadrillé constitue un mètre carré, où nous pouvons trouver trois plantes endémiques  spécifiques, numérotées par les experts.

C’est une démarche très scientifique, bien calculée. Quand une plante meurt, nous la remplacerons par une autre plante identique.

Ce qui est davantage intéressant dans la démarche de ces collèges, c’est le
reflet du mauricianisme, car tous se sentent partie prenante du projet Tiny Forest. Votre réaction?

Je dirai un grand oui, nous avons découvert une immense solidarité pour ce projet, car c’est toute l’île Maurice qui est menacée par le problème de l’écologie, de la hausse de température. Nous devons montrer que c’est toute Maurice indépendamment de nous, n’importe quelle culture. il n’y a pas de religions dedans, Dieu nous a donné la nature pour que l’homme dépend de cette nature pour que l’humanité sache le gérer.

Il faut montrer à nos enfants comment faire revivre cette nature, la nourrir et la préserver pour qu’elle nous le rende bien au final.

Et qu’en est-il du nombre de collèges participants qui ont mis les
mains dans la terre pour créer cette Tiny Forest ?

Rien que pour ce jeudi, nous avons eu entre 250 à 300 élèves des écoles primaires et secondaires. Le but est de faire prendre conscience à ces élèves et adolescents de l’importance de la nature, et eux, mêmes en tirent une vraie satisfaction. Ils en ont planté de leurs mains et ils savent quel carré appartient à leur collège.
En conclusion, quel est votre sentiment face au projet Tiny Forest of
Mauritius ?
En cet anniversaire de l’indépendance, nous sommes en train de rêver d’une île Maurice verte, une île Maurice qui réussit à maîtriser la nature pour qu’elle serve à l’humanité et non pas que  nous détruisons notre nature. Nous sommes heureux de nous engager dans cette action écologique citoyenne.

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