Echouage à Saint-Brandon : Inquiétudes et incertitude des pêcheurs sur le Yu Feng 67

Le raz-de-marée provoqué par le passage du cyclone Freddy dans le Nord et à l’Est a occasionné des dégâts aux embarcations des pêcheurs dans certaines régions. Toutefois, la majorité d’entre eux ont pu garder leurs pirogues à l’abri. Pour ceux qui pratiquent la pêche semi-industrielle, des préoccupations subsistent concernant le sort du Yu Feng 67, le bateau de pêche taïwanais, toujours drossé sur les récifs dans l’archipel de Saint-Brandon.

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Hier matin, la mer était plutôt calme sur la côte Nord, soit difficile à croire que la veille, une partie de la plage était inondée avec la montée des eaux. À Poudre-d’Or, les pêcheurs de la localité avaient mis leurs embarcations à l’abri dans une rivière, comme à chaque cyclone. Ceux qui n’ont pas eu de place ont laissé les leurs dans les cours ou sur la plage.

Un constat de la situation après le passage de Freddy a permis de constater qu’il n’y avait pas de dégâts matériels, confie un pêcheur de la localité. « À première vue, les pirogues n’ont pas été endommagées par le temps. Il faudra attendre maintenant que chacun fasse son inspection à son niveau. Pour ce qui est de la mer, la situation est revenue à la normale. Elle était même sèche le matin », indique-t-on.

Par contre, à Grand-Gaube, plusieurs embarcations de pêcheurs ont été affectées. Une rencontre a même été sollicitée avec le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, pour lui faire part de la situation. Le raz-de-marée a provoqué des inondations dans cette région, et les pêcheurs n’ont pas été épargnés.

Dans les autres régions, les pêcheurs n’ont pas été inquiétés par le mauvais temps. Le Sud et le Sud-Est ont été peu affectés par le cyclone. L’Ouest n’a pas connu de gros dégâts non plus. À Port-Louis, Judex Rampaul, président du Syndicat des Pêcheurs, confie que les pirogues avaient été mises à l’abri depuis samedi.

« Les bateaux de pêche semi-industrielle sont aussi rentrés et se trouvent à Trou-Fanfaron. En tant que pêcheurs en haute mer, on suit de près l’évolution du temps. Nous n’attendons pas les directives de Météo Maurice pour cela. Nous suivons aussi l’évolution à travers Météo France, notamment, ce qui nous permet d’anticiper en cas de mauvais temps », ajoute-t-il.

Ainsi, les bateaux semi-industriels n’ont subi aucun dégât et sont prêts à reprendre la mer vers la fin de la semaine. « Si nous avons le Clearance nécessaire, nous reprendrons notre campagne de pêche pour 15 à 20 jours en haute mer », avance des armateurs.

À ce sujet, les pêcheurs se disent inquiets concernant le sort du bateau de pêche taïwanais Yu Feng 67, qui s’était échoué sur les récifs de Saint-Brandon le 5 décembre dernier. À ce jour, la Salvage Operation s’est avérée vaine en raison de l’état de la mer, houleuse dans cette région.

Judex Rampaul confie que la situation s’était déjà aggravée avant le passage du cyclone. « Depuis le temps que ce bateau de pêche taïwanais est prisonnier des récifs de Saint-Brandon, il s’est enfoncé davantage avec les grosses vagues. Maintenant, avec le passage du cyclone, nous ne savons dans quel état il se trouve. J’espère que les autorités joueront la carte de la transparence à ce sujet. »

Plus le bateau reste longtemps sur les récifs, fait-il comprendre, plus il détruira les coraux. Sans compter le risque qu’il se brise, comme cela avait été le cas pour le MV Wakashio. Judex Rampaul dresse un parallèle avec la déclaration de l’Attorney General, Maneesh Gobin, à l’effet que l’État veuille annuler le bail permanent de Raphaël Fishing sur une partie de l’archipel.

« Je crois qu’avant d’aller se battre pour récupérer les îles, il faudrait commencer par protéger notre environnement marin. Sauvons Saint-Brandon avant qu’il ne soit trop tard et, surtout, veillons à ce que ces bateaux de pêche étrangers qui opèrent dans nos eaux soient conformes aux règlements», affirme-t-il.

Judex Rampaul fait en outre ressortir que pour un petit bateau semi-industriel, les autorités exigent une assurance de Salvage à hauteur de Rs 25 millions en cas de naufrage. « Qu’en est-il des gros bateaux étrangers qui pêchent dans nos eaux ? Le cas du Yu Feng 67 nous amène à nous poser des questions », se demande-t-il.

Dans la foulée, le président du Syndicat des Pêcheurs dénonce la décision du gouvernement de prolonger le permis d’importation de poissons. « On avait dit que ce serait uniquement jusqu’à décembre 2022, car il y avait des risques de pénurie, mais nous sommes en février 2023 et on continue les importations », dénonce-t-il en plaidant en faveur de la pêche locale.

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