Projet hôtelier sur la plage d’Anse La Raie : Le groupe Gopee fait marche arrière 

« Face à la multiplication des calomnies, j’ai pris la décision de renoncer à ce projet », déclare le directeur Avinash Gopee Osman Mohamed : « Il a capitulé face à la vague de soulèvement populaire »

Coup de théâtre dans l’épisode du projet controversé d’aménagement d’un 5-star Luxury, sustainable & Eco-friendly Resort de 100 arpents autour de la plage d’Anse La Raie. Le groupe N-G et son directeur Avinash Gopee, qui avait jeté leur dévolu sur ce havre de paix connu pour ses eaux turquoise et ses mangroves, ont annoncé, samedi, dans un communiqué de presse, avoir  pris la décision de renoncer à ce projet de développement touristique, sous prétexte d’une « multiplication de ces calomnies éminemment politisées et dans un souci de protéger nos employés ainsi que l’entreprise. » Le  député rouge Osman Mahomed, qui a levé le lièvre caché dans les tiroirs du ministère des Terres et du Tourisme, le 8 juin, au Parlement, déplore « les motifs fallacieux utilisées par Avinash Gopee pour expliquer ce rétropedalage », en ajoutant qu’ « il a capitulé face à la vague de soulèvement populaire. »

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La semaine écoulée aura été particulièrement agitée dans ce village du Nord-Est de l’île, où les habitants et les pêcheurs , sous la houlette du travailleurs social Vashish Bijloll, avaient prévu de participer en grand nombre à une marche pacifique qui aurait été organisée le 2 décembre prochain. Vashish Bijloll ne croyait pas si bien dire lors d’un point de presse du collectif PA TOUSS NOU ANSE LA RAIE qui s’est tenu, jeudi, à l’hôtel St-Georges à Port-Louis : « C’est la pression populaire qui les fera reculer », a-t-il-dit, comme un pied de nez au Premier ministre, Pravind Jugnauth qui avait déclaré le 10 novembre, à la célébration de la fête de Diwali organisée par la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation (MSDTF), à Petit-Raffray, que « le  projet de développement à Anse La Raie se poursuivra comme prévu. »

Outre Osman Mahomed, Vashish Bijloll, les activistes Ivan Bibi, Alain Malherbes, Georges Ah Yan et Ingrid Charoux, le collectif PA TOUSS NOU ANSE LA RAIE a en son sein l’avocat Richard Rault qui n’était pas allé avec le dos de la cuillère, jeudi, en soutenant que « les plages seront un enjeu électoral en 2024 et plus tard avec pour toile de fond, la question de priver les Mauriciens de leur loisir de base, qu’est la plage, dans le but de créer une ségrégation de type apartheid où ceux gravitant autour du cercle du pouvoir voudront placer des murs, alors que les plages se réduisent comme peau de chagrin. » Me Richard Rault a évoqué l’éventualité d’entamer des actions légales contre ce projet, ne sachant pas qu’Avinash Gopee et le groupe N-G allaient mettre un point final à leurs velléités 48h plus tard.

« Ma société et moi-même avons été la cible d’attaques injustifiées, alors que notre seul but était de développer, de manière inclusive et respectueuse, un projet hôtelier à Anse La Raie », peut-on lire dans le premier paragraphe du communiqué de presse rédigé par Avinash Gopee, qui ajoute avoir « entrepris toutes les démarches nécessaires auprès des autorités compétentes qui a mené à l’octroi d’une Letter of Reservation pour ledit terrain. »

En catimini
Osman Mahomed, responsable des affaires liées au logement et à l’aménagement du territoire au PTr, réfute les dires du directeur du groupe N-G, en soutenant que « la demande associée à la Strategic Environment Assessment, adoptée aux assises de l’environnement en 2020, n’a pas été entreprise avant la mise sur pied du Master Plan des 100 arpents du projet. Le Speaker a opposé une fin de non-recevoir à cette question lors de la dernière séance du Parlement. Qu’il ne vienne pas parler de transparence, alors que le projet a été échafaudé en catimini par sa société, qui ne possède que Rs 10,000 comme actif, sans aucune consultation avec les habitants. » Dans son communiqué, Avinash Gopee affirme pourtant avoir déjà « entamé des discussions constructives avec bon nombre d’habitants qui fondent beaucoup d’espoir sur la réalisation de ce projet, de par les perspectives d’emplois susceptibles d’être générés et le potentiel de développement que cela représente pour toute cette région. »

Pour justifier sa décision de renoncer à ce projet de développement touristique à Anse La Raie, il souligne « la multiplication de ces calomnies éminemment politisées et dans un souci de protéger mes employés ainsi que mon entreprise. »  Il met à l’index le PTr qui, dit-il, « à travers certains de ses dirigeants, a lancé une campagne visant à me discréditer et à saboter notre projet qui sont accompagnés d’attaques portant atteinte à mon intégrité en tant que personne et entrepreneur, alors que l’ambition de diversification de notre Groupe dans le secteur touristique découle d’une logique économique tout à fait légitime. » Réplique sans équivoque d’Osman Mahomed : « Le PTr a bon dos en ce moment. Avinash Gopee doit avoir le courage d’avouer qu’il a capitulé face à la vague de soulèvement populaire dans la circonscription, au lieu de prétextes fallacieux sans queue ni tête ! »

Avinash Gopee conclut sa rédaction en soulignant se réserver le droit d’entreprendre les actions légales qui s’imposent, y compris de demander le remboursement du dépôt conséquent effectué auprès des autorités, selon la procédure établie, pour assurer la réservation du terrain en question. Une affirmation qui suscite l’incrédulité d’Osman Mahomed : « Sur quel fondement il entend entreprendre des actions légales dans la mesure où c’est lui qui a formellement annoncé que c’est lui qui se retire du projet ? Ses déclarations ont de quoi rendre perplexe ! »

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La polémique s’infiltre à Palmar…
Quand il n’y en a plus, il y en a encore. La polémique s’infiltre dans chaque coin de l’île car après l’épisode d’Anse La Raie, un nouveau chapitre dédié au phénomène d’accaparement des plages s’ouvre, cette fois-ci, à Palmar, sur une superficie de 238 arpents et 10 perches de terrain pied dans l’eau. Il concerne un projet hôtelier dont les contours ont été présentés dans un Master Plan.
La date limite pour l’appel d’offres pour les investisseurs potentiels à l’Economic Development Board (EDB) a été clôturée jeudi. Osman Mahomed évoque ses inquiétudes quant à l’impact environnemental ainsi qu’au choix du promoteur auquel il sera attribué. « Selon le Master Plan, la construction est censée être effectuée à partir d’une zone tampon de 30 mètres des zones humides, distance minimale prévue par la loi. Ce qui est insuffisant car une distance de 30 mètres ne représente rien du tout », souligne le député. Affaire à suivre…

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Les pêcheurs se disent soulagés

Les pêcheurs opérant dans le lagon d’Anse La Raie peuvent pousser un ouf de soulagement après le rétropédalage du groupe N-G en ce qu’il s’agit du lancement de projet hôtelier. Nitin, qui souligne avoir obtenu sa carte de pêcheur il y a tout juste six mois, énumère les raisons pour lesquelles ce projet allait bouleverser leur train-train quotidien.

Vendredi 24 novembre. Les pêcheurs d’Anse La Raie sont sur le pied de guerre. « Si bizin, nou pou desann lor simin pou kapav sov sa patrimwan la », lance Nitin qui avait participé la veille à la conférence de presse du collectif PA TOUSS NOU ANSE LA RAIE. La plage publique était notre point d’embarcation pour une rencontre avec Nitin et un de ses collègues qui ont accepté de nous conduire en bateau sur cette partie de la plage alors encore dans le viseur du potentiel promoteur. La journée a commencé sous les meilleurs auspices pour les deux principaux concernés qui s’adonnent à ce métier depuis leur tendre enfance. Leur navire regorge de poissons en tout genre.

À en croire Nitin, cette moisson abondante risquait de ne pas se répéter si le groupe N-G n’avait pas fait marche arrière : « Le rétrécissement de la plage aurait exacerbé les tensions entre pêcheurs et skippers qui opèrent dans cette zone propice pour la fouille en vue de trouver des appâts utilisés pour la pêche au casier. Les pêcheurs de Grand-Gaube, Petit-Raffray, Saint-François et Cap-Malheureux y viennent en grand nombre pou rod sa labwet la. La moitié des mangroves attirant un grand nombre de poissons aurait été détruit avec ce projet hôtelier. »

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