Quel impact sur Maurice ? : Le nuage de cendres du volcan Hunga Tonga Ha’apai atteint les Mascareignes

Le nuage volcanique qui a été émis dans l’hémisphère sud par le volcan Hunga Tonga Ha’apai le 15 janvier, lors d’une éruption d’une rare violence, se déplace actuellement vers l’ouest en raison de la circulation atmosphérique globale dans l’hémisphère sud. Le nuage a déjà atteint l’Océan Indien, augmentant, selon Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement et océanographe, considérablement le risque de pollution sur les îles de notre région par des particules fines et persistantes et la formation de pluies d’acide sulfurique et d’acide nitrique à un instant où, en pleine saison cyclonique, l’atmosphère est saturée d’humidité. Le nuage de cendres se déplace à une vitesse de 45 nœuds ou 83 km/h.

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À ce stade, les autorités mauriciennes n’ont fait aucune annonce concernant ce phénomène atmosphérique susceptible d’avoir un impact sur la population et la végétation locale.

Vassen Kauppaymothoo rappelle que le volcan Hunga Tonga Ha’apai est entré en éruption à plus de 12,600 kilomètres à l’est de Maurice, dans le sud de l’océan Pacifique, le 15 janvier à 4h10 GMT, soit 8h10 heure de Maurice, provoquant un tsunami qui a frappé la capitale des îles Tonga, Nuku’alofa située à 60 kilomètres du volcan.

Pas d’effet du tsunami à Maurice…

Les îles Tonga ont été dévastées par le tsunami et la pluie de cendres toxiques qui a frappé l’île principale après l’éruption. Les communications ont été coupées et ce n’est que récemment que les avions de premiers secours sont arrivés. Ils ont heureusement pu débarquer pour apporter de la nourriture et de l’eau puisque localement, l’eau avait été contaminée par les éléments toxiques des cendres et les cultures vivrières, détruites.

« Cette éruption fut spectaculaire et surprit de nombreux scientifiques par sa puissance et ses effets. L’onde de choc créée par l’explosion du volcan a été entendue dans le monde entier, provoquant des effets notables sur la pression atmosphérique à travers le monde puisqu’elle a été enregistrée sur des baromètres jusqu’en France, à plus de 17,000 kilomètres. Le tsunami qui a été généré par cette explosion a touché le Japon qui a enregistré des vagues de plus de 1,19 m après seulement huit heures, tandis que la Californie aux États-Unis a été touchée après 10 heures et le Chili après 13,5 heures. Heureusement qu’aucun effet majeur n’a été enregistré à Maurice », nous explique Vassen Kauppaymothoo 

Les satellites d’observation ont enregistré plus de 2,000 éclairs durant la première heure après l’éruption, dus à l’ionisation des particules émises dans l’atmosphère par le volcan, et le panache de particules et de gaz a atteint une altitude de plus de 30,000 mètres (sachant que les avions de ligne volent en moyenne à une altitude de 10 000 mètres, couvrant la moitié de la distance entre la terre et l’espace).

…mais les panaches de cendres toxiques pourraient en avoir

Les scientifiques tentent toujours de déterminer pourquoi l’explosion a été si violente, mais elle semble être liée à une montée rapide du magma pouvant atteindre plus de 2,400 degrés Celsius à travers une eau de mer à 25 degrés qui a créé une explosion chimique majeure, depuis la surface du volcan qui était située à environ 200 mètres de profondeur. 

 « Cette éruption volcanique a également mis en lumière les effets globaux que peut avoir une telle éruption, en plus de l’onde de choc et du tsunami. Les panaches de fumées volcaniques contiennent de nombreuses particules fines et persistantes (les fameux POP) et des gaz dont le dioxyde de soufre et le dioxyde d’azote qui, en se combinant avec l’humidité de l’atmosphère, conduisent à la formation d’acide sulfurique et d’acide nitrique qui retombent sous forme de pluies acides toxiques. Dans le cas du volcan Hunga Tonga Ha’apai, on estime que la quantité de dioxyde de soufre émise dans l’atmosphère a atteint 0,4 Méga Tonnes, soit environ 400,000 tonnes de soufre, avec du dioxyde d’azote issu de particules fines et persistantes », commente l’océanographe.

Il ajoute que « les effets des pluies acides potentiellement causées par cette forte concentration de dioxyde de soufre et d’azote sur la santé et l’environnement sont catastrophiques : elles peuvent avoir des effets sur la santé humaine, détruire les cultures, affecter les biens, affecter tous les systèmes aquatiques terrestres et marins, avec des effets à plus ou moins long terme ».

Pour terminer sur ce nuage de fumée qui s’approche de Maurice, il se veut réaliste mais alarmiste.

« C’est à travers des événements comme l’éruption du volcan Hunga Tonga Ha’apai que nous devons réaliser à quel point nous vivons dans un système où tout est lié. Ainsi une éruption à plus de 12,600 kilomètres de nous sur une île du Pacifique Sud peut avoir un impact sur notre île, au milieu de l’océan Indien et dans le monde entier. Ce type d’événement doit nous rappeler que nous n’y sommes pas épargnés et qu’il y a quelques années, une série de séismes détectés à Mayotte ont mis en évidence la formation d’un volcan sous-marin. À Mayotte, à seulement 1 500 kilomètres. »

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