Regressive Mark-Up : Le go-slow des pharmaciens se précise

— Si leurs doléances ne sont toujours pas prises en compte, une grève de trois jours pas à écarter

Alors que le leader de l’opposition se félicitait que suivant sa Private Notice Question (PNQ) en avril 2022 au ministre du Commerce sur le sujet le gouvernement avait décidé d’introduire le « regressive mark-up », soit la marge de profits en baisse sur les prix des médicaments qui augmentent le plus, les pharmaciens ne digèrent pas la pilule. Ils parlent de coup de massue pour le secteur, soutenant que si les prix des médicaments augmentent, ils ne sont nullement les responsables de cette hausse.

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Se disant « victimes » de cette décision du gouvernement, les membres de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM), qui ont tenu une conférence de presse la semaine dernière pour expliquer leur situation, menacent de faire un go-slow qui, eu égard à la non-réponse reçue face à leurs doléances, qui d’ailleurs ont fait l’objet d’une pétition déposée au bureau du Premier ministre, se précise ces jours-ci.

Selon la PAM, le mark-up de 35% évoqué pour appliquer aujourd’hui le regressive mark-up n’est pas un profit individuel de chaque pharmacien. « Nous n’avons pas 35% de profits, les profits sont répartis sur toute la chaîne, entre l’importateur, le grossiste et le distributeur », expliquent les pharmaciens. Plus précisément, 11% de la marge sont pour l’importation et la distribution, alors que 21,6% de la marge vont au détaillant. Ainsi, selon eux, si le gouvernement va de l’avant avec sa décision d’introduire une marge régressive sur une série de médicaments — sur huit des 11 types de produits pharmaceutiques, incluant plus de 550 articles, dont les inhalateurs, les vaccins et les produits antiacides, les produits biologiques, anticancéreux, cardiovasculaires, antidiabétiques, médicaments contre l’hypertension, et un maximum mark-up de 30% sur les autres produits pharmaceutiques —, ce sera la fin pour beaucoup de pharmacies. Et dans le sillage, il y aura de pertes d’emploi, soutient la PAM. L’association avance également que dans ce contexte, il y a un risque important que « certains médicaments ne seront plus disponibles sur le marché. » D’où la décision des pharmaciens de se tourner vers le Premier ministre, à qui ils ont adressé une pétition pour ne pas aller de l’avant avec cette mesure.

Concédant que le prix des médicaments a augmenté dans le sillage de la pandémie de Covid-19, la PAM soutient que les facteurs à l’origine du phénomène sont en dehors de son contrôle. En outre, il y a également la dépréciation de la roupie à tenir en compte et à laquelle il faut ajouter le coût du fret qui a augmenté de 50 à 60% par rapport à la période pré-Covid, ainsi qu’une hausse de 140% des matières premières sur le marché international. Outre les facteurs internationaux, la PAM avance qu’il faut considérer la hausse des tarifs d’électricité depuis le 1er février, la hausse du coût de la main-d’œuvre, les charges bancaires, les frais de location, le coût du carburant qui est de 50% plus cher par rapport à la période d’avant-Covid. « Les pharmaciens se retrouvent, après les coûts d’opération, avec une marge nette de 1,5 à 2%. Pour survivre et offrir un service de qualité au public, le business doit attirer une marge décente », expliquent les membres de la PAM.

L’idée de l’association est la tenue d’une réunion avec tous les opérateurs du secteur afin d’exposer les difficultés auxquelles ils font face, notamment s’agissant du service et la valeur ajoutée offerte, l’impact de la réduction du mark-up, les mesures d’accompagnement… Ils souhaitent cette rencontre avec l’objectif de trouver ensemble une solution globale, car l’introduction du regressive mark-up, martèlent-ils, représente un danger pour la survie du secteur pharmaceutique. Si les autorités continuent de faire la sourde oreille face à leurs requêtes et qu’aucune table ronde, comme ils le souhaitent, n’est organisée, les membres de la PAM, qui ont sollicité le Premier ministre sur la question à travers une pétition, entameront une opération go-slow à travers l’île pour se faire entendre. Et si cette opération qui se précise davantage au vu des non-développements en fin de semaine ne convainc toujours pas, une grève de trois jours n’est pas à écarter.

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