Santé : Les parents déplorent la gestion sanitaire du Covid-19 en milieu scolaire

– Des écoles transformées en foyers de contamination

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– Des vans scolaires pointés du doigt

Du fait de la flambée de cas de Covid-19 dans les établissements scolaires depuis la reprise des cours en présentiel, des dizaines d’institutions du pays sont devenues des clusters où le virus se répand sans aucun contrôle. Aussi, en lieu et place d’un sentiment de sérénité pour la reprise des cours, le stress et la panique ont gagné enseignants, parents et enfants.

La situation est chaotique, et si les parents sont heureux que l’école ait repris, en revanche, nombreux sont ceux à dénoncer la gestion du volet sanitaire en milieu scolaire. L’apparition de nouveaux cas à l’école est mal gérée, disent-ils. En outre, les vans scolaires sont également mis en cause pour non-respect de la distanciation sociale. « Les écoles se présentent comme des foyers de contamination et personne ne semble vouloir trouver de solutions. Comme d’habitude, nous ne faisons que prendre des décisions et après, nous réalisons que dans la pratique, la situation est beaucoup plus complexe à gérer. Et alors, c’est déjà trop tard… Le gouvernement n’a pas pris en compte qu’il y aurait une explosion de cas à gérer dans les écoles », se lamente une mère de famille.

La vice-Première ministre et ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, continue de jouer la carte « Tou Korek », en affirmant que « nous prenons des précautions pour qu’il n’y ait pas de contamination à l’école ». Mais les parents ne partagent pas cet avis. « Oui, nous sommes contents que l’école en présentiel soit une réalité, car nous avons bien lutté pour cela. Mais là, c’est comme si rien n’avait été préparé en amont pour gérer le volet sanitaire de la reprise des classes. Nous nous sommes contentés que de gérer le côté académique. Nous sommes dans une situation de crise, même si certains veulent faire croire qu’ils gèrent bien la situation », ajoute un père de famille inquiet. Résultat des courses : les enfants sont livrés à eux-mêmes tandis que les parents tentent tant bien que mal de gérer les cas positifs qui se présentent dans l’établissement que fréquente leur enfant.

« Zanfan antase dan van »

« Comment gérer tous ces cas ? Les vans scolaires sont bondés. Les enfants sont les uns sur les autres. Y a-t-il un protocole qui a été décidé pour les vans scolaires ? » lâche un parent, dont l’enfant fréquente une école primaire. Certains déplorent que les Van Lekol n’aient pas adapté leur mode opératoire en fonction de la pandémie et ont repris leur business normalement.

Un parent de Quatre-Bornes raconte que le van que prend sa fille « pass pran zanfans partou, dan Palma, dan lekol Émilienne Rochecouste, Sookun Gaya, sir Veerasamy Ringadoo ek Baichoo Madhoo ». Il poursuit : « kouma pou respekte distansiasion ladan ? Tou zanfan diferan lekol pe antase dan mem van. Personn pa veye si pe met mask bien, parski zanfan sa, bizin vey zot. Eski sa bann van-la pe pran tanperatir ? Eski zot dezinfekte li ? Komyen fwa ? » Pire : lorsqu’il pleut, il n’y a pas d’aération dans les vans scolaires.

Les parents reviennent sur le fait que pour enrayer la propagation du virus, le port du masque, la prise de température, la désinfection des lieux et la distanciation sociale sont des éléments incontournables. Ainsi, nombreux sont ceux à s’inquiéter que certaines écoles ne soient pas désinfectées correctement. Un parent explique : « certaines écoles n’ont pas de First-Aider. Or, il faut un minimum de deux personnes pour aider les enfants et leur apprendre à faire des tests et les rassurer, etc. » À ce chapitre, les Testing Caravans sont aussi mis en cause. Certains parents disent ainsi n’avoir pas encore vu l’ombre de ce véhicule.

Manque de communication

Autre point noir : le manque de transparence. Il y a une absence de communication totale dans certaines institutions scolaires sur les cas qui sont détectés, dit-on. Par peur de créer la panique, les responsables d’institutions scolaires préféreraient en effet garder le flou total sur la situation sanitaire réelle… Ni les parents, ni les enfants ne sont informés lorsqu’il y a des cas.

Résultat : en l’absence d’informations, les précautions d’usage ne peuvent être prises, ni par les parents, ni par les enfants, et la contamination se poursuit dans les classes où des cas ont été détectés pendant la journée. Cela alors que la ministre de tutelle s’est dédouanée jeudi dernier en déclarant : « personne ne sait où ils ont contracté le virus. »
Une déclaration qui fait d’ailleurs bondir des parents. « Doit-on jouer aux devinettes avec les autorités concernant la santé de nos enfants ? C’est choquant. À l’école, on nous dit qu’on n’a pas le droit de dire aux autres enfants qu’il y a eu de nouveaux cas. L’école ne communique rien. Donc, nos enfants continuent de se faire contaminer sans le savoir ! Drôle de protocole Mme Dookun ! » maintient un parent. Et un autre de rajouter : « cette absence de transparence est un manque de respect total pour les enfants, les parents et les enseignants. Il s’agit de santé publique. Nous avons le droit d’être informés. Je dirais même que c’est le devoir des établissements scolaires de tenir les parents informés afin de ne pas propager l’épidémie dans les écoles. »

Désinfection des classes

D’autres s’interrogent sur le rythme de désinfection des classes. « Quand un enfant est testé positif, souvent, on attend la fin des cours pour procéder à la désinfection des lieux, et pendant toute la journée, la chaîne de contamination continue », indique un parent. Tout comme lui, d’autres estiment qu’il faut donner davantage de moyens aux établissements scolaires pour la désinfection des lieux. « Pour planifier tout ça, les autorités ont eu beaucoup de temps pendant que les écoles étaient fermées. Mais rien n’a été prévu et, aujourd’hui, le service médical vient vous dire qu’il est saturé par la flambée de cas », regrette-t-on.

De nombreux parents s’insurgent ainsi contre la manière dont la crise sanitaire est gérée en milieu scolaire. « Il y a beaucoup trop de cas. Savez-vous que dans une classe de Grade 1, il y a 15 cas ? On ne peut pas rouvrir les écoles en un claquement de doigt sans avoir mis en place les mesures adéquates pour gérer la flambée de contaminations. Kouma dir nek ouver lekol pou less enn troupo bef rantre. Apre dir nou debrouye aster. Gouvernman finn lav lamin », dénonce un père de famille.

«Transfert de ma fille »

Avec la situation difficile, notamment dans les écoles gouvernementales, selon des parents, certains ont carrément fait le choix de changer d’école. En témoigne cette mère de famille : « J’ai fait transférer ma fille dans une école privée. Dans les écoles privées, le protocole est bien spécifique. Cette école est équipée pour bien désinfecter les classes régulièrement. La prise de température se fait correctement, on veille au respect du port du masque et, s’il y a des absences, le syllabus continue en ligne. »
Pour nombre de parents, le message est clair : les responsables du ministère de l’Éducation doivent prendre la situation au sérieux, car il n’y a pas que le volet académique qui compte : il faut impérativement mettre de l’ordre dans la gestion du volet sanitaire dans les institutions scolaires.

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