Selon de récentes études : Laissez les enfants se débrouiller avec leurs devoirs, c’est pour leur bien

Dans le domaine de l’éducation, les écoles de pensée sont nombreuses. Selon de récentes études, laisser les enfants se débrouiller avec leurs devoirs serait pour leur bien. Nous vous partageons un article de Katerina Bodovski, professeure en sciences de l’éducation à la Pennsylvania State University. Cet article publié l’an dernier rouvre les discussions quant au rôle des parents dans l’apprentissage de leurs enfants.

- Publicité -

Le début d’une nouvelle année scolaire peut être stressant tant pour les parents que pour les enfants. Mais il y a une source de tension que les parents d’élèves de primaire peuvent s’épargner : la supervision quotidienne des devoirs. Nous savons en effet que rien ne prouve l’impact positif de cette surveillance sur la réussite scolaire.
Si le débat est ouvert chez les éducateurs pour déterminer si les devoirs sont une bonne chose à l’école élémentaire, Katerina Bodovski pense quant à elle que tout dépend de la nature du travail demandé. Des tâches adaptées au développement de l’enfant sur des supports pertinents, réalisables en autonomie (sans nécessité de supervision par un adulte) contribuent, semble-t-il, à former des habitudes qui seront très utiles à l’enfant tout au long de son parcours scolaire. La règle des « 10 minutes par année scolaire » semble une pratique.

C’est au niveau de cette question de la « supervision par un adulte » que ses nouvelles recherches interviennent. Nous savons que l’aide parentale pour les devoirs est considérée depuis longtemps par les éducateurs et les décideurs comme un mécanisme efficace pour aider les enfants à réussir, mais après avoir étudié les pratiques parentales en tant que sociologue spécialiste de l’éducation et de l’enfance pendant plus de vingt ans, Katerina Bodovski s’est demandé si les données étayaient réellement cette hypothèse largement acceptée. Il se trouve que ses récentes recherches, menées à l’université de Penn State, suggèrent que les parents pourraient bien perdre leur temps.

- Publicité -

Son étude, qui utilise deux ensembles de données représentatifs au niveau national (américain, ndlr) concernant environ 20 000 enfants de la maternelle à la sixième, n’a pas montré qu’il était bénéfique pour l’enfant que ses parents l’aident à faire ses devoirs. En d’autres termes, aucun lien n’a été trouvé statistiquement significatif entre l’aide apportée par les parents pour les devoirs, autodéclarée et mesurée par niveau d’intensité (d’une aide quotidienne à moins d’une fois par semaine) pendant des interviews de parents à chaque vague de collecte de données, et les résultats en mathématiques et en lecture.

Priver l’élève du principal objectif des devoirs
Si ses recherches ne peuvent pas montrer les mécanismes qui entraveraient les potentiels bénéfices de l’aide parentale aux devoirs pour ce groupe d’âge, son équipe et elle ont suggéré trois possibilités : la perte cognitive, les effets négatifs sur le climat émotionnel du foyer et le transfert de la responsabilité. Stressés par l’idée qu’il faut finir les devoirs, les parents peuvent penser qu’ils aident leurs enfants en leur donnant les bonnes réponses. Mais d’autres recherches laissent penser que cette pratique prive l’élève du principal objectif des devoirs qui est, entre autres compétences, d’aiguiser leur capacité à résoudre des problèmes. Cette intervention parentale peut aussi cacher les lacunes cognitives ou de connaissances de l’enfant, qui auraient pu être repérées par le professeur.

- Advertisement -

L’implication quotidienne de la part des parents dans les devoirs est également associée à un impact négatif sur le climat émotionnel de la famille. Les parents peuvent être plus critiques que les professeurs, exercer trop de pression ou générer une situation globalement stressante en étant intrusifs ou en tentant de trop contrôler. Dans d’autres recherches, ce type de comportement parental est lié à de moins bons résultats scolaires, tandis qu’un comportement de soutien a un impact positif. Les adultes qui vérifient constamment les devoirs pour être sûrs qu’ils sont faits et bien faits peuvent également envoyer à l’enfant le message que cela ne relève non pas de sa propre responsabilité, mais de celle de ses parents. Développer l’idée qu’il est de la responsabilité de l’enfant de terminer une tâche est un comportement important que les devoirs peuvent contribuer à cultiver.

Katerina Bodovski soutient qu’elle n’est pas en train de suggérer que les parents ne doivent absolument pas s’impliquer dans les devoirs de leurs enfants. Ils peuvent améliorer l’expérience d’apprentissage à la maison en fournissant un espace propice (une ambiance paisible, sans distractions), et en transmettant un message clair sur l’importance de l’instruction – ce que les autres chercheurs appellent la « mise en scène ». Et il est important que l’enfant sache que s’il a vraiment des difficultés, un adulte peut l’aider. Mais cette aide ne doit ni être fournie automatiquement ni imposée.
Les parents peuvent aussi réorienter le temps conflictuel des devoirs vers des activités plus bénéfiques stimulant le développement émotionnel des enfants (ce qui, on le sait, a un impact positif sur leur future réussite scolaire), comme des conversations paisibles et positives à propos de l’école et de leurs amis, de ce qui leur plaît en classe et de leurs objectifs scolaires. Quand les parents mettent en place des relations chaleureuses et intimes, transmettre l’idée de l’importance de bien travailler à l’école devient une partie naturelle de la conversation et l’enfant n’a pas l’impression qu’on lui met la pression ou qu’on lui fait la leçon.

Soutenir sans pression
Le soutien des parents est d’une importance cruciale pour le développement du sentiment d’identité de l’enfant, ainsi que pour l’aider à construire sa confiance en sa capacité à atteindre divers objectifs. Encourager votre enfant à faire de son mieux est tout aussi efficace, plutôt que de le pousser à obtenir un résultat prédéterminé, comme avoir des 20/20 dans toutes les matières.

Les parents qui aident leurs enfants à faire leurs devoirs dépensent leur énergie à mauvais escient. Les recherches de Katerina Bodovski, qui prennent en compte la diversité des familles et les caractéristiques parentales, notamment les revenus et le niveau d’éducation des parents, la structure familiale et le niveau scolaire de l’enfant, remettent en question des recommandations largement acceptées, notamment certaines provenant du département de l’Éducation américain, et qui présentent les devoirs comme « une opportunité pour les familles de s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants ». Je pense que cela pourrait plutôt provoquer un stress superflu tant pour les enfants que pour leurs parents.

Lorsque vos enfants ramènent des devoirs à la maison, résistez à la tentation de trop vous impliquer. Laissez-leur l’opportunité de se donner du mal et de résoudre les problèmes tout seuls, même si cela veut dire qu’ils ne trouveront pas toujours les bonnes réponses. Un petit revers dans le cadre d’un devoir sans grande importance aujourd’hui peut préparer votre enfant à connaître de plus grands succès à l’avenir.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques