Service d’écoute gratuit — Dre Émilie Rivet-Duval : « Actuellement, les gens sont en souffrance »

L’Action for Integral Human Development (AIHD), entreprise opérant sous le diocèse de Port-Louis, relance son service d’écoute gratuit avec le soutien de la Mauritius Commercial Bank (MCB) Forward Foundation. Disponible de janvier à juin 2023, le service d’écoute est destiné à tous, adultes et adolescentes à partir de 12 ans, avec le consentement des parents. Dans le contexte actuel de crise économique, les professionnels de santé mentale s’inquiètent et tendent encore une fois l’oreille à celles et ceux dans le besoin. Un rendez-vous peut être pris par téléphone sur le 5 450 8888. Dre Émilie Rivet-Duval, psychologue clinicienne et directrice de l’AIHD, nous en parle.

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En 2022, 200 personnes ont accédé au service d’écoute gratuit et plus de 90% de ces dernières ont dit s’être senties écoutées, soulagées avec un grand sentiment d’apaisement. C’est ce que nous affirme Émilie Rivet-Duval. « Les bienfaits d’une écoute de qualité, sans jugement, et avec beaucoup d’empathie sont nombreux. L’on se sent ainsi entendu et rejoint face à un sentiment de solitude. » En effet, deux ans après le Covid et une crise économique mondiale, le constat est glaçant. « Actuellement, les gens sont en souffrance », dit-elle. D’où la raison de relancer ce service gratuit, ouvert à tous, cette année encore, pour tenter de soulager au maximum ces adultes et adolescents en détresse émotionnelle.

Ainsi, avec un service d’écoute conçu par des professionnels de santé mentale, les personnes peuvent partager ce qui les tracasse en toute confidentialité, tout en bénéficiant d’un suivi psychologique adéquat. « Souvent, lorsque l’on est dans l’écoute, on a tendance à être dans le jugement ou à ressentir le besoin de conseiller, ou alors on essaie d’apaiser la souffrance de l’autre en résolvant le problème auquel il fait face. Et cela est humain et découle de bonnes intentions, mais les recherches ont prouvé que l’écoute, c’est accompagner l’autre, par exemple, en validant ses sentiments en disant : Je vois que tu es triste, parle-moi de cela. »

Émilie Rivet-Duval explique, par ailleurs, qu’il est important d’aider l’autre à se reconnecter et à « accéder à ses propres ressources pour qu’il se sente soutenu et pas assisté. » Pour elle, la personne doit sentir et penser qu’elle a les ressources nécessaires pour avancer. Dans le cadre de la rentrée scolaire, elle souligne qu’il est important de rester à l’écoute des enfants. « Si l’on voit que l’enfant rentre de l’école, angoissé ou triste, l’on peut lui parler en utilisant des phrases comme : Je t’ai entendu, je t’ai vu et essaie de reformuler tout cela pour t’aider à te sentir mieux. » Le but est « de l’aider à réfléchir aux moyens pour faire face à des difficultés qu’il ou qu’elle rencontre. »

D’ailleurs, la psychologue clinicienne met l’accent sur cet aspect-là. « Il est important d’aider les enfants à développer leurs capacités psychosociales pour faire face à la vie. » Elle déplore, dans la même foulée, le manque de psychologues dans les écoles avec un ratio d’un psychologue pour environ 4 622 élèves, de même que l’absence de service d’écoute dans les lieux de vie publics, dont les dispensaires ou les centres communautaires. « Il n’y a pas de suivi régulier de ces personnes-là qui, souvent, ne sont pas suffisamment informées sur les problèmes liés à la santé mentale. Les gens ne savent pas gérer. » Émilie Rivet-Duval soutient que ce type de service d’écoute mis en place par l’AIHD aurait dû normalement déjà exister dans les établissements publics…

Revenant aux adolescents qui souhaiteraient accéder au service d’écoute, elle souligne qu’il est important que les parents prennent conscience de l’importance d’un tel outil. « Ils doivent savoir qu’un adolescent se sent parfois plus à l’aise de se confier à une personne extérieure et que cela ne veut pas dire que l’enfant ne pourra pas construire des liens solides avec eux. Au contraire, les parents et l’adolescent peuvent ensemble aller vers un professionnel pour faire face à une difficulté », explique-t-elle. Pour rappel, le numéro est le 5 450 8888.

 

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