(Tirs croisés) Éducation : quel avenir pour les jeunes de l’Extended Programme ?

Lorsqu’en 2014 avait démarré la réforme ayant mené à l’Extended Programme (EP), ces trois objectifs étaient mis en avant : qualité, équité et inclusion. Toutefois, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se posent des questions, particulièrement s’agissant de la qualité et de l’équité. En effet, sur 3 291 élèves en 2018, quelque 2 000 seulement ont pris part au National Certificate of Education (NCE) et seuls 71 ont réussi.

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Analysant la situation, Pascal Nadal, ancien formateur au MIE, et actuellement directeur adjoint et chef de formation au SEDeC, est d’avis qu’ « un programme inadapté vient quotidiennement rappeler à l’enfant que l’école n’est pas faite pour lui ».

S’agissant de l’inclusion de ces élèves dans le Mainstream, s’il reconnaît que « l’estime de soi de l’apprenant est effectivement boostée », il interroge le sens même de l’inclusion, demandant si « cela veut forcément dire essayer de faire de cet apprenant une copie conforme de ses pairs du Mainstream à travers des critères uniquement académiques ». Il ajoute : « pouvez-vous avoir de l’ambition pour un poisson à qui vous demandez de grimper à un arbre ? » Pascal Nadal dit espérer que lorsque l’on parle d’une alternative au NCE, « on a en tête un programme d’études différent et qu’on ne gardera pas le même programme pour ensuite évaluer les élèves de l’EP différemment ».

Mahend Gungapersad, député et ancien recteur, souligne pour sa part que la réforme a poussé les élèves vers un ghetto pédagogique. Il questionne la pertinence de proposer le NCE aux jeunes ayant échoué le PSAC, alors même que parmi les élèves du Mainstream, il y a 30% d’échec. « Il faut donner le choix aux enfants et aux parents. Si certains élèves veulent concourir à ces examens, pas de souci ! Mais il ne faut pas donner un examen compétitif à ceux qui ont échoué. » Il recommande des Multiple Pathways  pour ces élèves basé sur un Skilled Based System, où on peut les évaluer sur leur potentiel. Il faudrait un système qui n’accorde de la place qu’à 10% de l’aspect académique et 90% devrait être Competency and Skill Based.

L’ancien ministre de l’Education et pédagogue, Dharam Gokhool, explique la situation actuelle du fait que « le projet de l’EP a démarré sans planification et sans un diagnostic de la situation ». Il estime que l’accent n’a pas été suffisamment mis sur l’IT Literacy. « Ces 3 291 élèves de Grade 1 à 2022, incluant le retard entraîné par le Covid-19, ont passé 11 ans dans notre système éducatif sans pouvoir maîtriser la littératie, la numératie et l’IT Literacy. Or, il s’agit de compétences de base », regrette-t-il. Avec la promotion automatique, ajoute-t-il, les enfants éprouvant des difficultés ont cumulé les défaillances. L’ancien ministre ajoute : « la situation est très grave. C’est un massacre envers ces jeunes. Le programme doit être revu de fond en comble. Il ne correspond pas aux learning needs and aspirations of the learners. Il faut un diagnostic et des mesures appropriées pour gérer le problème. »

PASCAL NADAL (Head of Training au SEDeC) :

« Un programme inadapté rappelle à l’enfant que l’école n’est pas pour lui »

La question de l’Extended Programme revient sur le tapis. Alors que le but était de favoriser l’inclusion en accueillant les élèves ayant échoué au PSAC dans les collèges et combattre la stigmatisation, force est de constater que cela a été un échec. La ministre a récemment confirmé que seuls 71 candidats sur 3 291 ont réussi au NCE. Le but visé était-il trop ambitieux ?

Je retiens deux mots en particulier de votre question : inclusion et ambitieux. Dépendant de la perspective que l’on adopte, on peut conclure que l’estime de soi de l’apprenant est effectivement boostée lorsqu’il est exposé au même cursus, lorsqu’il a les mêmes enseignants et lorsqu’il occupe le même espace physique que ses pairs de la filière régulière.

Mais d’un autre point de vue, est-ce que inclusion veut forcément dire essayer de faire de cet apprenant une copie conforme de ses pairs du Mainstream à travers des critères uniquement académiques ? C’est à ce niveau que la démarcation entre inclusion et obstination est devenue un peu floue dans le cas de l’EP. Idem pour ce qui est de l’ambition. C’est bien d’avoir un programme ambitieux, mais pouvez-vous avoir de l’ambition pour un poisson à qui vous demandez de grimper à un arbre ?

Ce qui a pu être constaté par les principaux partenaires durant ces sept dernières années, c’est qu’il n’y avait pas de progrès chez ces jeunes qui ne maîtrisaient pas la littératie et la numératie, et qui devaient malgré tout prendre part au NCE, avec un programme allégé. Le programme ne répondait pas suffisamment à leurs besoins. Pensez-vous qu’il faut maintenir le NCE pour ce groupe d’élèves ?

La ministre vient d’annoncer qu’une alternative sera trouvée au NCE pour ces élèves. Cela veut tout dire. Mais en même temps, il ne faut pas oublier l’essentiel : le curriculum. J’espère que lorsqu’on parle d’une alternative au NCE, on a en tête un programme d’études différent et qu’on ne gardera pas le même programme pour ensuite évaluer les élèves du EP différemment ou alors faire toutes sortes d’ajustements au niveau de la notation.

La question préoccupante aujourd’hui est la suivante : que deviennent et que deviendront ces élèves, qui vivent déjà diverses formes de vulnérabilité, si un programme adapté à leurs besoins leur permettant de progresser ne peut être mis en application… Ne les condamne-t-on pas davantage à l’échec pour le reste de leur vie ?

Il est bien de reconnaître que ce n’est pas le programme d’études qui les condamne. Ils sont pour la plupart déjà condamnés par la situation familiale et sociale dans laquelle ils vivent, pour ne pas dire survivent.

Mais un programme inadapté vient définitivement exacerber le problème. Il vient quotidiennement rappeler à l’enfant que l’école n’est pas faite pour lui. Même l’enseignant se remet en question. Il est aussi, voire encore plus, désarmé que l’apprenant, car son expérience et sa maturité lui permettent de présager certaines choses peu réjouissantes, qui échappent encore à l’innocence de l’apprenant.

Le but devrait-il être d’aider ces élèves à rattraper leurs pairs se trouvant dans le Mainstream ou atteindre le progrès académique à leur rythme ?
Une année de Foundation ne suffira jamais pour rattraper plusieurs années de retard accumulé au primaire. Surtout lorsque vous avez un programme d’études surchargé à compléter.

Quel est pour vous le système qui serait le mieux adapté à ce groupe de jeunes tout en gardant la vision de l’inclusion et de l’absence de stigmatisation ? La ministre vient d’annoncer que des changements seront apportés dès cette année. Quelles améliorations apporter à l’Extended Programme ?

D’abord, il faudrait écouter les premiers concernés : c’est-à-dire les jeunes en situation d’échec. J’espère que ces changements qui sont annoncés feront écho à la voix de ces apprenants. Je n’ai pas de réponse toute faite à votre question, mais je crois que la solution pourrait résider dans la recherche de la complémentarité plutôt que de penser toujours en termes d’alternatives.

Voyez par exemple, pour démontrer le bien-fondé de l’EP, on vient mettre en exergue les manquements du Prévocationnel, instauré par le ministre Obeegadoo en 2004. Certes, le programme avait ses faiblesses, par exemple l’absence de manuels – surtout au début – pour permettre aux instituteurs d’enseigner de manière thématique et pluridisciplinaire. Mais la dimension pratique était intéressante et aurait pu être prise en compte lors de l’élaboration de l’EP.

Il faudrait aussi que ceux en position d’autorité ne soient pas condescendants par rapport aux initiatives que prennent les partenaires éducatifs, çà et là, pour pallier les manquements observés. La perspective de devoir entreprendre un travail additionnel n’enchante personne, et tous se seraient volontiers contentés de ce que les autorités ont à leur proposer s’ils étaient convaincus que cela ferait vraiment l’affaire. De même, ces différents partenaires ne devraient pas adopter la posture du : « Il n’y a plus rien à attendre des autorités. » Comme aime le rappeler le cardinal Maurice Piat, travailler ensemble n’est pas une option, mais une nécessité.

En conclusion ?
On a parlé des apprenants, des enseignants et des décideurs, mais il ne faudrait pas oublier les parents. Ces derniers ont un rôle à jouer. Auparavant, on disait que c’était le rôle le plus important, mais de nos jours, si certaines familles ne jouaient qu’un rôle mineur, cela soulagerait déjà grandement les enseignants. Il est trop facile de toujours blâmer le système.

Les aides sociales sont là, et parfois certains en abusent même, par exemple en n’envoyant leurs enfants à l’école que le nombre de jours nécessaires pour être éligibles à l’allocation prévue par la sécurité sociale. Plusieurs de ces familles vivent certainement de terribles détresses et ces vulnérabilités impactent grandement le fonctionnement de l’école, engendrant ainsi un cercle vicieux.

MAHEND GUNGAPERSAD (député et ancien recteur) :

« Y a-t-il Equity et Quality avec ce programme ? »

La question de l’Extended Programme (EP) revient sur le tapis. Alors que le but était de favoriser l’inclusion en accueillant les élèves ayant échoué le PSAC dans les collèges et combattre la stigmatisation, force est de constater que cela a été un échec. La ministre a récemment confirmé que seuls 71 candidats sur 3 291 ont réussi au NCE. Le but visé était-il trop ambitieux ?

Dès le départ, à l’annonce de l’EP, on pouvait voir que cette réforme allait mener ces élèves vers l’échec, car c’était un programme mal adapté. Lorsqu’on vient avec une réforme, c’est pour l’épanouissement de l’enfant. Réformer signifie améliorer ce qu’il y avait, soit le Prevocational System. Il s’agissait donc de rectifier des choses qui ne fonctionnaient pas. Mais on a débuté avec 3 291 élèves en 2018 et l’an dernier, il n’y en avait qu’environ 2 000 à prendre part aux examens. Et seuls 71 ont réussi. La ministre ne dit pas où sont passés les quelque 1 000 autres élèves durant ce parcours. Cette réforme a poussé les élèves vers un ghetto pédagogique, une sorte d’abattoir. Il y a eu dans cette réforme une sorte de colmatage artificiel pour soi-disant apporter des solutions à l’échec scolaire. Or, ce n’est pas là la solution.

La ministre soutient que ne serait-ce qu’un enfant qui réussissait, elle serait satisfaite. Mais non. Combien de partenaires ne s’inquiètent-ils pas de cette situation, à commencer par le cardinal Piat, qui plaide pour une solution en faveur des élèves en échec scolaire. Mais aussi des syndicalistes, des managers de collège, des enseignants… Certains, au ministère et au MIE, sont en train de décrier à voix basse ce programme. Même le Pr Carpooran de l’UoM trouve que le programme est mal adapté. Il faut souligner par ailleurs que parmi les élèves du Mainstream, il y a 30% d’échec. Maintenant, proposer le même examen aux élèves qui ont échoué au PSAC, je ne comprends pas la logique…

Il ne faudrait donc pas maintenir le NCE pour ce groupe d’élèves ?
Il faut donner le choix aux enfants et aux parents. Si certains élèves veulent concourir à ces examens, pas de souci ! Même si certains ont quitté le système et veulent à 20 ans, lorsqu’ils se sentent prêts et matures, prendre part au NCE, on peut le leur permettre. Mais il ne faut pas donner un examen compétitif à ceux qui ont échoué. Ce n’est pas sorcier. Je ne comprends pas la pertinence de maintenir obstinément le même examen. Qu’est-ce que Equity et Quality ? Y a-t-il Equity et Quality avec ce programme ? Avant même les résultats du premier examen NCE, j’avais dit qu’il faut de Multiple Pathways pour ces jeunes.

Quel est pour vous le système qui serait le mieux adapté à ce groupe de jeunes ?
Pour moi, il faut un Skilled Based System, un Competency Based System comme cela se fait ailleurs. Ces jeunes ont un problème sur le plan académique. Ils ne peuvent pas prendre part à des examens au même titre que les High Flyers. Ces jeunes ont des aptitudes autres qu’académiques. On peut les évaluer sur leur potentiel, par exemple, à fabriquer des meubles, préparer des repas, confectionner des vêtements, etc. Il faut chercher dans quels domaines ils peuvent montrer leurs talents.

Faut-il apporter des améliorations à l’EP ou revoir complètement le système ?
Il faut revoir le système complètement, car l’EP se focalise purement sur le plan académique. Moi, je pense qu’il faudrait un système qui n’accorde de la place qu’à 10% de l’aspect académique. Il leur faut un Basic Literacy and Numeracy et 90% de leur programme devrait plutôt être Competency and Skill Based. Or, là, c’est 100% académique. Si on ne fait rien pour rectifier le tir aujourd’hui, on poussera définitivement 12 000 autres élèves qui sont actuellement dans le système vers l’échec scolaire. Or, maintenant, d’après ce qu’on me rapporte, c’est qu’on est en train de revoir les NCE Assessment Objectives. Il y a quatre aspects : Knowledge and Understanding; Application; Analysis et Evaluation. Pourquoi ces pédagogues du panel censé travailler sur la révision me parlent ? Parce qu’ils ne sont pas d’accord, mais ils sont forcés de le faire. J’ai parlé à plusieurs parents et élèves. Ils ne veulent pas d’un tel programme. Comment donc forcer ces jeunes à aller vers un système qui les mène directement vers l’échec ? Je pose la question : va-t-on baisser les Passmarks pour le NCE juste pour augmenter le taux de réussites ? Viendra-t-on avec un Deloading des papiers d’examen ?

Le programme du NCE pour ces élèves a déjà été allégé avec l’accent sur le Literacy and Numeracy.
Oui, mais le One Size Fits All ne marche pas. C’est ce que je veux faire comprendre. Moi, j’ai pris l’engagement que si j’arrive au gouvernement, nous allons réorganiser ce système. J’ai discuté avec des pédagogues. Nous avons une solution.
Il y a une perception que ces élèves sont issus d’une certaine section de la population. Ce n’est pas vrai. Ce sont tous nos enfants. Ils sont en ville comme à la campagne. Ils viennent de divers types de famille. Ils sont dans mon voisinage et ailleurs. Je connais ces enfants, je connais leurs parents. Il n’y a pas que des raisons cognitives qui expliquent leur échec, mais de multiples raisons. Il faut donc leur donner les capacités nécessaires. Je ne comprends pas pourquoi on ne tire pas les leçons de l’échec constaté. Le cursus n’est pas adapté aux besoins de l’enfant mauricien.

La question qui préoccupe aujourd’hui : que deviennent et que deviendront ces jeunes, qui vivent déjà plusieurs formes de vulnérabilité. Sont-ils voués à l’échec ?
Imaginez 12 000 élèves qui sont actuellement dans le système. Ce sont 12 000 élèves que l’on pousse vers un précipice pédagogique. Ce ne sont pas ces élèves qui sont en train d’échouer, c’est la réforme qui est un échec. J’implore la ministre au nom de ces enfants de revoir le programme. On ne peut avoir une réforme uniforme pour le Mainstream et ceux qui ont échoué au PSAC. Il faut une pédagogie adaptée à leurs besoins. Je parle au nom des enfants, des parents, des managers de collèges, qui disent que si le taux d’échec dans le Mainstream est de 30%, quid de ces élèves ?

DHARAM GOKHOOL (Ancien ministre de l’Education) :

« Le programme doit être revu de fond en comble »

La question de l’Extended Programme (EP) revient sur le tapis. Alors que le but était de favoriser l’inclusion en accueillant les élèves ayant échoué au PSAC dans les collèges et combattre la stigmatisation, nombreux sont ceux faisant ressortir que cela a été un échec. La ministre a récemment confirmé que seuls 71 candidats sur 3 291 ont réussi au NCE. Le but visé était-il trop ambitieux ?

Rétablissons d’abord les faits : la réforme de l’actuelle ministre a démarré en 2014 et les trois objectifs qui ont été mentionnés étaient qualité, équité et inclusion. La ministre dit qu’elle est inspirée par les objectifs du développement durable des Nations Unies, mais elle en omet le quatrième objectif, qui est Lifelong, Learning, Opportunities.

Ses objectifs ont exclu ce quatrième objectif. Les partenaires du secteur constatent aujourd’hui un nivellement par le bas. D’autres mesures comme les 5 Credits empêchent nombre d’élèves de poursuivre leurs études. Quant à l’EP, 3 291 élèves ont pris part au NCE et seuls 71 ont réussi. 487 sont allés au MITD. Mais quid des 2 733 jeunes de cette cohorte 2022 ? Il y a donc seulement 2% de réussite et 98% d’échec. C’est dramatique !

La vision était-elle trop ambitieuse ?
Quand on regarde en arrière, on voit que le projet a démarré sans planification, sans un diagnostic de la situation. Le rapport de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) en 2006 avait mis en avant que la réforme Obeegadoo avait démarré sans diagnostic : « The Way Forward (2001) do not contain any educational diagnosis. » Cela parlait pour la réforme 2001-2005. Je peux dire que la réforme de la présente ministre a démarré sous les mêmes conditions, sans diagnostic, sans plan d’ensemble. On a démarré avec le PSAC sans vision globale.

Ce qui a pu être constaté par les principaux partenaires durant ces sept dernières années, c’est qu’il n’y avait pas de progrès chez ces jeunes qui ne maîtrisaient pas la littératie et la numératie, et qui devaient malgré tout prendre part au NCE avec un programme allégé. Le programme ne répondait pas suffisamment à leurs besoins. Pensez-vous qu’il faut maintenir le NCE pour ce groupe d’élèves ?

Nous avons constaté l’échec total, l’échec pédagogique, l’échec intellectuel de tout ce programme. D’après la réforme, le Nine-Year Continuous Basic Education devait, après neuf ans, préparer les enfants à maîtriser les compétences de littératie et de numératie. Dans le contexte actuel, il aurait fallu ajouter la maîtrise de l’IT Literacy. On n’a pas mis suffisamment l’accent sur l’IT Literacy. Or, ces 3 291 élèves, de Grade 1 à 2022, incluant le retard entraîné par le Covid-19, ont passé 11 ans dans notre système éducatif sans pouvoir maîtriser la littératie, la numératie et l’IT Literacy. Ce sont des compétences de base.
Pourquoi n’y a-t-il pas eu une évaluation continue pour prendre des mesures correctives ? De plus, avec la promotion automatique, les enfants éprouvant des difficultés ont cumulé les défaillances. Ce programme ne correspond donc pas aux learning needs and aspirations of the learners. Une grande part de responsabilités repose sur le MIE. L’ancien directeur Om Varma soutenait ce projet à fond. Aujourd’hui, il est conseiller au ministère, mais il reste silencieux.

La question préoccupante aujourd’hui est la suivante : que deviennent et que deviendront ces élèves, qui vivent déjà diverses formes de vulnérabilité, si un programme adapté à leurs besoins leur permettant de progresser ne peut être mis en application ?
Neuf jours après la PNQ sur la question, la ministre a animé une conférence de presse pour dire que 71 élèves ont pu intégrer le Mainstream en Grade 10. Selon mes renseignements, ces élèves n’arrivent pas à s’adapter au curriculum de Grade 10 et pas mal auraient abandonné. Deuxièmement, parmi les 487 jeunes qui sont allés au MITD, pas mal auraient abandonné aussi. Qu’en est-il des 2 733 autres ? Le ministère est-il concerné par l’avenir de ces 3 291 jeunes, par tous les problèmes que sont la drogue, le chômage, la pauvreté ? A-t-on fait un suivi pour un soutien à ces jeunes ? Je suis inquiet de voir l’absence de réactions de l’Ombudsperson for Children sur ces résultats désastreux de l’EP. Ne devrait-elle pas ouvrir une enquête pour voir ce qui se passe avec ces enfants, car il y aura une autre cohorte. Y aura-t-il la même situation ?

Quel est pour vous le système qui serait le mieux adapté à ce groupe de jeunes tout en gardant la vision de l’inclusion et de l’absence de stigmatisation ? La ministre vient d’annoncer que des changements seront apportés dès cette année. Quelles améliorations apporter à l’Extended Programme ?

Le programme doit être revu de fond en comble, car, dès le départ, il n’était pas calqué sur les learning needs and aspirations de ces jeunes. Pour faire un curriculum, il faut d’abord établir un diagnostic : qu’est-ce que ces enfants pourront accomplir dans leur vie ?
Einstein disait que si on prend un poisson pour le faire grimper à un arbre, il ne pourra jamais le faire. Il passera toute sa vie à croire qu’il est stupide. Voilà la situation dans laquelle on a mis ces enfants. Il faut un diagnostic et des mesures appropriées pour gérer le problème.

En conclusion ?
À court terme, il faut abandonner l’Extended Programme et rénover le Prevocational Programme. Quand j’étais ministre, je n’ai pas abandonné ce programme qui était utilisé par mon prédécesseur. À moyen et long termes, il faut considérer les learning needs and aspirations of the learners. Sans cela, on ne pourra avoir un programme adapté à leurs besoins. Il faut un encadrement psychosocial pour la cohorte d’élèves de 2022 et en collaboration avec l’Ombudsperson for Children.

Le ministère doit introduire un programme d’encadrement pédagogique et psychosocial pour la cohorte 2023 pour minimiser les dégâts. Mais il faut s’attendre aux mêmes résultats avec la cohorte 2023. Pour moi, la situation est très grave. C’est un massacre envers ces jeunes. Il faut un Fact Finding Committee, car il y va de l’avenir de nos jeunes.

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