Trafic humain : Des pratiques abusives » à l’encontre des ouvriers étrangers dénoncées

– « Avec la complicité de hauts cadres de certaines compagnies, des sommes allant de Rs 5 000 à Rs 10 000 réclamées à des ouvriers pour ne pas perdre leur emploi ! »

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Le syndicaliste Faizal Ally Beegun monte en première ligne pour dénoncer des pratiques abusives aux dépens des ouvriers étrangers. « Une compagnie se trouvant dans les hautes Plaines-Wilhems procède actuellement à un exercice de transfert de certains de ses employés, plus précisément ceux qui sont étrangers. Et ce, parce qu’elle devra, selon mes renseignements, très probablement bientôt mettre la clé sous le paillasson pour cette unité spécifique. Or, selon ces mêmes sources très proches de cette compagnie, quelques hauts cadres, dont des responsables des ressources humaines, s’adonnent ces jours-ci à un odieux chantage… Zot pe get figir travayer avan donn transfer ! » déclare-t-il.

« Il m’a été rapporté que les cadres de cette entreprise réclament des sommes astronomiques – entre Rs 5 000 et Rs 10 000 – aux employés qui auront la chance de décrocher leur transfert, et ainsi ne pas se voir déportés », dit-il.  Ce qui, selon lui, est « tout simplement abject, car c’est du trafic humain ».

Faizal Ally Beegun s’appuie sur les récents amendements à la Workers’ Rights Act contenus dans le cadre de la Finance (Miscellaneous Provisions) Act 2024 à l’effet que « tout employeur désireux de mettre fin au contrat de travailleurs étrangers doit informer le ministère du Travail, et remplir une série de conditions ».

Le syndicaliste explique : « ces escrocs qui opèrent au sein de certaines compagnies, dont celle en question, n’hésitent pas à faire la pluie et le beau temps tout en se remplissant les poches ! Et cela, sous les yeux des patrons de ces entreprises. Une fois pour toutes, ces mauvaises pratiques qui nous font honte chaque année dans le rapport des États-Unis sur le trafic humain doivent cesser. »

Le syndicaliste interpelle le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, sur la question : « Récemment, lors d’un atelier de travail, le DPP a déclaré qu’il était très sensible à ce problème et qu’il avait créé une unité qui, désormais, enquêtera sur les cas de trafic humain. Je demande à Me Ahmine, s’il souhaite sérieusement comprendre et aider à résoudre ce problème à Maurice, de commencer par enquêter sur les agents recruteurs. Ces personnes sans scrupules plument en effet les ouvriers étrangers qui souhaitent venir travailler à Maurice. »

« Ces agents contraignent ces travailleurs à contracter des dettes énormes. Ena vann zot later, zot bizou, zot pran kass prete ou vann tou seki zot ena ki ena valer pou satisfer kriter azan rekriter. Ces personnes prennent jusqu’à Rs 500 000 par travailleur étranger pour leur permettre d’arriver dans notre pays. » Une situation « intolérable », selon notre interlocuteur. « Depuis 30 ans que Maurice fait appel aux travailleurs étrangers, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur de tels agissements » , dénonce-t-il.

Le syndicaliste, très remonté, poursuit : « j’ai été très touché du fait que le bureau du DPP ait exprimé son souhait de contribuer à en finir avec le trafic humain. » Dans le même souffle, il demande à Me Ahmine à « prendre également en compte les cas des Malgaches qui se font embobinées, encore une fois par la faute d’agents recruteurs, et sont exploitées sexuellement une fois qu’elles arrivent à Maurice ».

Il attire ainsi l’attention sur le fait que « plusieurs de ces femmes pensent qu’elles ont décroché du travail dans des salons de coiffure ou d’esthétique, pour finalement être séquestrées et vendues quand elles débarquent ».

Faizal Ally Beegun estime par ailleurs que le gouvernement doit, de son côté, donner la liberté aux entreprises de recruter directement leurs employés étrangers sans avoir à passer par des agents recruteurs. « Ces derniers ne sont pas un maillon fort dans cette chaîne ! Ena ki roul restoran, lot ena supermarket, lot ena filling ! Zot amenn lavi prins lor ledo malere ! C’est honteux. Il faut en finir avec tout cela. »

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