Universités bloquées – Des étudiants mauriciens pris en otage par les grèves en France

La mobilisation contre la réforme de la retraite en France a pris de l’ampleur depuis que le gouvernement français a eu recours à l’article 49-3, excluant le vote au Parlement, pour faire adopter le projet de loi. Depuis trois semaines, les jeunes ont rejoint le mouvement, avec pour résultat notamment que des universités sont bloquées dans plusieurs régions. Au milieu de tout cela, de nombreux étudiants mauriciens se retrouvent ainsi « pris en otage » et ne savent pas quand ils pourront reprendre les cours.

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Les manifestations pacifiques de ces dernières semaines ont fait place à des scènes de violences dans plusieurs régions de France. L’adoption du projet de loi sur la réforme de la retraite, en ayant recours à l’article 49-3, semble avoir allumé le feu. De plus, le président Emmanuel Macron a confirmé dans un entretien à TF1 en début de semaine que ce projet sera appliqué d’ici la fin de l’année, comme prévu.

La révolte a pris de l’ampleur, avec des universités bloquées par des étudiants manifestants. Résultats : pas de cours, examens renvoyés et surtout, stress pour beaucoup, notamment des étudiants mauriciens. Sébastien, étudiant en deuxième année de Master à Montpellier, se dit dépassé par les événements. « Je comprends tout à fait la colère des manifestants, mais je trouve que ce n’est pas juste de prendre les autres en otage. Moi, je suis Master 2 et j’ai des examens à prendre pour décrocher mon diplôme à la fin du semestre. Valeur du jour, je ne sais pas à quoi m’attendre, quand les cours vont reprendre, quand l’université sera débloquée… » se demande-t-il.

Julie, étudiante à Paris, se retrouve également dans la même situation. Cela fait trois semaines qu’elle n’est pas allée en cours et elle commence à s’inquiéter, car la colère ne faiblit pas. « Dans un premier temps, l’université a fermé volontairement ses portes en raison des débordements possibles lors des manifestations qui se tenaient à Paris. Et puis, dans un deuxième temps, ce sont des étudiants manifestants eux-mêmes qui ont commencé à bloquer la fac. C’était le cas la semaine dernière et également cette semaine. Du coup, je ne sais franchement pas quand cela va s’arrêter  », déclare-t-elle.

Cette dernière se dit d’autant plus inquiète qu’elle est en dernière année de licence et doit décrocher son diplôme dans quelques mois. « Selon le calendrier, les cours devaient se terminer en avril. Ensuite, j’ai des examens et un stage à faire, qui doit être validé par mon département. Honnêtement, je ne sais pas comment on va procéder. Si le blocage continue, cela sera très compliqué », s’inquiète-t-elle.

Les étudiants mauriciens rassurent tout de même par rapport à la sécurité. En dépit des images de violences diffusées à la télévision ou sur les réseaux sociaux, ils affirment que les étudiants ne sont pas pris pour cible. « C’est une révolte contre l’autorité, pas contre les étrangers. Il n’y a rien à craindre; il faut simplement éviter les endroits où il y a les manifestations », rassure-t-on.

Ces étudiants se disent également impressionnés par la mobilisation et la détermination des Français et du fait que le mouvement dure aussi longtemps. « À Maurice, nous ne voyons pas ce genre de choses. Une manifestation réunit à peine une centaine de personnes. Mais là, c’est vraiment la masse qui se mobilise. C’est impressionnant » , fait-on ressortir.

Julie ajoute que dans l’université qu’elle fréquente, ils sont allés même plus loin : « Une semaine avant la mobilisation de la jeunesse, des cours ont été annulés car… ils organisaient des ateliers pour expliquer aux étudiants comment faire la grève ! C’est quelque chose d’inimaginable à Maurice », confie-t-elle. De même pour l’initiative du député insoumis Louis Bayard, qui a lancé le #Blocus Challenge, invitant les étudiants à manifester et à poster leurs photos.

Il faut savoir que les enseignants sont très mobilisés et engagés dans ce mouvement de grève contre la réforme des retraites. Un syndicat a estimé le taux de participation à 60%.

Les syndicats d’étudiants, pour leur part, ont revendiqué une cinquantaine de facs bloquées. Parmi elles, on en compte plusieurs à Paris, dont La-Sorbonne, Dauphine, Paris 8, Nanterre… mais aussi ceux de St Etienne, Montpellier, Rennes, Lyon, Strasbourg, Lille, Bordeaux et Nantes, entre autres.

Soulignons que les épreuves du BAC se déroulent également en ce moment. Le ministère de l’Éducation français a pris les dispositions pour des surveillants supplémentaires afin de ne pas perturber ces épreuves. Quant aux jeunes Mauriciens, ils attendent vite que les choses se calment et qu’ils puissent enfin reprendre leurs cours. Surtout que certains sont en dernière année et doivent décrocher leur diplôme.

Lina, étudiante en Sciences du langage à l’université de Toulon

« Aucune échauffourée, mais le transport perturbé »

« À Toulon, dans le Var, les choses sont relativement calmes. S’il y a effectivement depuis quelque temps de grosses mobilisations citoyennes, aucune échauffourée n’a été signalée et tout se passe dans le calme ici à ce stade, contrairement à Marseille, juste à côté. Hormis quelques opérations escargot sur les routes principales par des employés d’Enedis (entreprise gestionnaire du réseau d’électricité) et le réseau Mistral, service de transport public desservant le centre-ville de Toulon et quelques communes du Var, par moments perturbés, les choses sont assez calmes ici actuellement.

« À mon niveau, par contre, ce qui me dérange, c’est que je ne peux pas me rendre à l’université, car la ligne U, par exemple, desservant la région universitaire de La-Garde, est fortement perturbée. J’ai aussi manqué quelques colloques importants, car les conférenciers en provenance d’autres régions ont été contraints d’annuler leur train. Toutefois, les gens évitent de sortir lors de grosses manifestations par peur que cela ne dérape dans cette petite ville de Toulon. »

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