“Zenn batiser zordi ek demin” : Rodrigues se prépare pour marquer les 18 ans d’autonomie

À la veille des 18 ans de l’autonomie, les autorités de l’île ont pris l’initiative d’inviter les jeunes à partager leur rêve pour l’île Rodrigues de demain. Dans ce contexte, une “conversation des jeunes”, placée sur le thème “Zenn batiser zordi ek demin”, s’est tenue au centre résidentiel de la jeunesse de Baladirou sademi dernier afin de réfléchir et de partager leurs aspirations pour l’avenir.

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À cette occasion, plusieurs personnes ont été citées en exemple, à l’instar de Stenny Emilien, Senior Analyst au sein de l’Assemblée régionale, le Dr Hilbert Leveque, un des premiers médecins rodriguais, mais aussi le travailleur social Christian Raboude, Jean Michel Ravina, Safety and Health Officer, Julien Norbert Baptiste, enseignant au Rodrigues College, l’enseignant à la retraite et travailleur social Maximilien Jean Louis, John Kevin Waterstone, Branch Manager du CEB, et Anatais Sara Inkissin, enseignante dans le préprimaire.

Depuis 2002, Rodrigues a pris en main son développement économique, social et culturel, entre autres, à travers la mise en place de l’Assemblée régionale. Et depuis cette date, les autorités travaillent via une démocratie participative pour l’avancement de l’île, afin que chaque Rodriguais soit un acteur du développement de son île. La commissaire de la Jeunesse, Rose De Lima Edouard Ravina, s’est ainsi dite « fière », en tant que « jeune bâtisseuse de l’autonomie », de partager ses rêves avec l’assistance.

« Ti ena enn gran lazwa dan mo leker kan, an 2002, ti dir Rodrig inn vinn otonom. Mem lane mo ti gagn 18 an. Ek sa lepok-la mo ti pe poz mwa kestion lor mo lavenir. Zordi, sak zenn bizin zot osi poz zotmem kestion lor zot lavenir ek kot Rodrig pou ete dan 10, 20, 50 an. Bizin nou tou ansam pou fer enn sel, nou tou ansam pou fer lotonomi. Kan nou ti gagn lotonomi, se Rodrige ki finn gagne. Car désormais, c’est le Rodriguais qui est appelé à prendre part pleinement au développement de son île », dit-elle.

Selon elle, l’autonomie a permis à Rodrigues d’avoir sept commissaires, « qui sont nos décideurs politiques responsables d’appliquer la vision politique » de l’île. « Avec l’autonomie, tous les secteurs ont connu une transformation. Et aujourd’hui, on constate une “rodriganisation” à tous les niveaux. Les préparations pour la célébration des 18 ans de l’autonomie se passent dans la démocratie participative, qui est une forme de partage dans les prises de décisions et des actions à venir. Nous voulons que les Rodriguais s’expriment sur leur ressenti par rapport à l’autonomie », poursuit Rose De Lima Edouard Ravina.

Selon la commissaire, il est « important de préparer les 18 ans à venir, avec le soutien et la participation des jeunes bâtisseurs ». Et de rappeler que le combat pour l’avènement de l’autonomie a pris 25 ans. Elle exhorte de fait les jeunes « à faire preuve d’engagement, de ferveur, de confiance et de patriotisme », tout en estimant que « beaucoup a déjà été accompli » et que Rodrigues « a grandi avec l’autonomie, en prenant une autre direction ».

Elle estime par ailleurs que, « trop souvent, les gens se concentrent sur tout ce qui est négatif, et pas assez sur le positif ». Elle reprend : « Il faut reconnaître tout ce qui a été accompli jusqu’ici. Tous ceux qui se mettent au service de Rodrigues sont des bâtisseurs, car l’autonomie, c’est aussi l’esprit de service en donnant de son temps pour le bien commun. Le Rodriguais est un peuple résilient, et c’est un grand acquis. » Avant de conclure que Rodrigues est « une terre d’opportunité, car l’autonomie est une chance pour tous ».

Pour Nicolson Lisette, chef commissaire par intérim, son parcours comme commissaire de la Jeunesse en 2002, alors qu’il n’avait que 26 ans, n’aura pas été facile. « Il y avait tout à construire sur de nouvelles bases à l’intérieur d’un système nouveau. Ce qui n’était pas évident. Et je me suis posé beaucoup de questions. C’était “le” challenge. Il fallait tout décentraliser, et ce n’était pas chose facile. Il fallait tout réorganiser, et ce n’était pas gagné d’avance, car certaines personnes restaient figées dans l’ancien système. C’est vrai qu’aujourd’hui les jeunes doivent vivre avec leur temps. Mais opposer, c’est facile, proposer, plus compliqué, et construire, encore plus difficile. »

Nicolson Lisette poursuit : « Nous devons construire sur les fondations existantes, en améliorant ce qui existe déjà. Certaines personnes disent qu’il n’y a pas d’avenir à Rodrigues, estimant que l’herbe est plus verte ailleurs. Mais l’herbe qui paraît plus verte ailleurs est en fait artificielle. C’est du gazon synthétique », dit-il. D’ailleurs, précise-t-il, « bâtir l’île Rodrigues de demain ne se repose pas entre les mains des dirigeants, mais entre celles de tout un chacun », mais aussi « sur le travail, la solidarité et la fierté, comme nos armoiries ».

« Cela doit rassembler tout un peuple en travaillant pour faire avancer le pays. Aujourd’hui, il y a des opportunités pour les jeunes pour donner leurs idées pour l’avenir de Rodrigues. Ce que vous, les jeunes, allez proposer à l’Assemblée régionale aujourd’hui sera historique », dit-il. Il n’a par ailleurs pas manqué de saluer le travail abattu par l’atelier du savoir.

Demandant aux jeunes de « ne pas manquer d’espoir dans l’avenir » de Rodrigues, Nicolson Lisette ajoute qu’il existe « un groupuscule à Rodrigues qui essaie de banaliser le sens même de l’autonomie ». Et de dire son souhait que « les jeunes prennent conscience que Rodrigues est certainement appelée à connaître une émancipation politique ». Il termine : « Cependant, il faut réaliser que l’outil politique qui a été mis entre les mains des Rodriguais, qui est l’autonomie, doit d’abord servir Rodrigues et faire ses preuves. Cela ne servira à rien de brûler les étapes. Dire que l’autonomie est bancale en essayant de diminuer le travail qui se fait n’est vraiment pas juste. Sa bann lespri-la pena zot plass dan Rodrig. Nous devons continuer à réfléchir afin de voir comment donner plus de pouvoir à l’autonomie. Nous voulons que les jeunes proposent leurs idées, en faisant part bien sûr des lacunes, mais tout en étant positifs. »

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