Zones inondables : Secteur foncier en eaux troubles

La carte aux trésors. Durant la semaine écoulée, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval (XLD), a abordé un sujet glissant au Parlement, adressant une question au ministre des Infrastructures publiques, Bobby Hurreeram, sur les “Flood-prone areas and areas on a natural drainage path in Mauritius” et sur les raisons pour lesquelles de telles informations cruciales pour le secteur foncier local et pour le public en général n’ont pas encore été rendues publiques.

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Dans l’intérêt public justement, le ministre de tutelle a lui déclaré que “we do not want to create any sort of chaos.” Le tant attendu Land Drainage Masterplan contenant toutes les informations sur les systèmes de drainage à Maurice est à l’étude par le cabinet ministériel.

Il est question de plusieurs choses — qui plus est techniques — dans cette affaire. Si la liste officielle et dynamique des zones inondables a été largement communiquée au public (voir encadré pour voir la liste détaillée des quartiers, rues et maisons concernés) indiquant les 305 zones inondables, dont 67 à haut risque, la carte topographique, soit le Digital Elevation Model (DEM) de Maurice détaillant les Natural Drainage Paths, n’a elle pas été rendue publique. Confié uniquement aux autorités concernées, le DEM est généralement utilisé pour déterminer si oui ou non un terrain est propice à un quelconque développement foncier, par exemple.

En effet, dans un entretien accordé à Week-End l’an dernier, le directeur de la Land Drainage Authority (LDA), Nuvin Khedah, faisait état que depuis fin 2020, la LDA détient une carte digitale de Maurice et de Rodrigues qui permet de générer et de visualiser le drainage naturel des eaux de pluie, notamment en cas de grosses averses. Un Digital Elevation Model obtenu grâce à un avion qui a survolé l’île pendant plusieurs mois et qui a pris les niveaux digitaux avec une précision de 10 cm. Des données essentielles, recueillies par des experts d’une firme sud-africaine, AAL Geomatic, pour avoir l’alignement optimal du système de drains.

Le Saint Graal pour ceux dans le secteur foncier qui pourraient ainsi avoir des informations sur la planification urbaine de certaines régions et notamment sur la valeur de terrains vendus ou à être vendus. C’est d’ailleurs cela dont XLD fait mention dans son discours au Parlement et lors de sa conférence de presse.

Il a évoqué notamment les cas de morcellements dans l’ouest du pays (voir carte) qui se trouveraient dans des zones inondables “inconstructibles”, dont le morcellement De Chazal à Albion, le Morcellement Splendid View ; à Flic-en-Flac, Bismic, le Morcellement Anna et le Morcellement Chinien. Une mine d’or d’informations qui devraient, selon le leader de l’opposition, être du domaine public pour permettre aux futurs acheteurs et investisseurs de savoir où ils mettent littéralement les pieds.

Une mine d’or qui est pourtant accompagnée de son lot de conséquences. Ainsi, les autorités concernées affirment que seules les personnes ayant les compétences techniques pour décrypter ces données topographiques peuvent avoir accès à ce DEM, notamment la LDA et la NDU. Et ce, afin d’éviter le “chaos” total dans le secteur.

Lors de sa conférence de presse, XLD a indiqué que plusieurs morcellements se trouvent dans des zones décrétées inondables.

Ces informations seraient, selon des sources proches du dossier, remises aux potentiels acheteurs. “Les collectivités locales utilisent ces cartes depuis presque deux ans”, affirment ces dernières. Et en ce qu’il s’agit du Land Drainage Masterplan qui contiendrait des informations détaillées et des recommandations, il est en ce moment à l’étude par le Cabinet. Ce Land Drainage Master Plan a été initié en novembre  2019 avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD) et a été confié à des consultants étrangers et locaux, notamment Suez Consulting,  Mega Design Ltd, Acterra, DAY Marine et Scene-Ries Consult Ltd. Et ce, au coût de Rs 70 millions.

Tributaire du changement climatique et de la topographie du sol mauricien, le secteur foncier déjà lourdement impacté par les facteurs externes, dont la hausse des prix de matériaux de construction, pourrait se trouver dans des eaux troubles. Le Land Drainage Master Plan serait-il la planche de salut ? Affaire à suivre.

Pour info, selon les derniers chiffres du National Flood Management Programme, pas moins de Rs 633 millions ont été investies dans les travaux de construction de drains. À ce jour, 199 projets ont été complétés, et 222 sont en chantier.

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