ÉCONOMIE: L’inflation à 5,5 %, un soulagement, selon Clency Appavou

La crise de l’euro se précise. L’inflation à Maurice n’affiche pourtant que 5,5 % au dernier pointage contre une prévision de 6,5 %. « Un soulagement », selon Clency Appavou de la Mauritius Employers Federation. Mais de nuancer toutefois que l’inflation n’est pas l’unique indicateur du climat économique.
Une zone européenne dans la tourmente, une situation diplomatique précaire dans diverses parties du globe. Manifestation d’une réflexion économique en perte de vitesse. Qui plus est, 2012 verra son contingent de jougs politiques avec des donnes qui devraient être bousculées dans plusieurs parties du monde. Incertitude quand tu nous guettes…
Le calme avant la tempête ? À Maurice, 2012 ne démarre pas mal. Au dernier pointage, le taux d’inflation se chiffre à 5,5 %. L’on prévoyait 6,5 % l’année dernière. Un « mieux que prévu » qui pourrait donner de la marge au budget Duval ou, tout au moins, qui pourrait faire gagner du temps.
Contrairement à certaines idées reçues, l’inflation n’est pas le summum bonum  de l’analyse économique, surtout par des temps où l’incertitude peut refroidir les investissements. L’on parle, dans la littérature économique, autant de gestion d’expectative que d’inflation… Ce qui pourrait conduire à dire que finalement l’on peut prêter plusieurs interprétations au même chiffre. Par exemple, un taux d’inflation à 5,5 % pourrait être lu comme un ralentissement économique. La demande des périodes de fêtes n’a pas été aussi soutenue comme prévu de sorte que les prix n’ont pas été gonflés par une consommation expansionniste. Une performance mi-figue mi-raisin, peut-être. En tout cas, une baisse de l’inflation équivaut à moins de pression sur les ménages (les textes de référence estiment une inflation « saine » autour de 3 % habituellement).
Clency Appavou, président de la Mauritius Employers Federation, accueille la nouvelle comme un « soulagement ». Toutefois, selon lui, « l’état actuel du marché traduit un manque de visibilité ». « Oui, il nous faut être réalistes. La crise en Europe s’annonce mal avec plusieurs pays qui engrangent des mesures sévères. On parle bien là de crise tangible ». Mais d’évoquer également la crise diplomatique entre l’Amérique et l’Iran. « Le coût du baril pourrait atteindre les USD 180, soit presque le double du chiffre actuel… Les petites économies risquent de souffrir… L’essence pourrait coûter deux fois plus cher ». Tant d’éléments qui peuvent crisper les plus hardis des investisseurs.
« Prudence mais pas d’inertie »
La prudence dictera certes le marché. Clency Appavou abonde dans ce sens. « Mais la prudence n’implique pas l’inertie », prévient-il. « Il faut continuer à bouger, stimuler l’économie, ne pas commettre les mêmes erreurs que certains pays, avance-t-il, faire comme la Grèce ou l’Italie, soit sacrifier la croissance sur l’autel du remboursement de la dette. » En période de crise donc « ne surtout pas regarder dans le rétroviseur en tentant de ne pas prendre de risque ».
Leitmotiv : rester dynamique. Et de nommer nos potentielles bouées de sauvetage : réorienter nos opérations vers les marchés émergents, Chine ou Afrique du Sud. Clency Appavou évoque ainsi les secteurs de l’immobilier et du tourisme, entre autres, qui pourraient apporter de l’air dans une conjoncture économique difficile.
Subsistent néanmoins certaines appréhensions : le touriste européen est-il compatible au touriste asiatique (en parlant des différences culturelles), l’investissement sud-africain dans l’immobilier créera-t-il une bulle, une flambée des prix ? « Concernant le tourisme, il faut s’adapter… Bien sûr, le marché dominant reste l’Europe mais une Europe en difficulté sous-entend bien qu’il faudra diversifier. » Selon Clency Appavou, le risque de bulle immobilière ne présente pas un cas de figure inédit à Maurice. « On se souvient par exemple de l’arrivée des Hong-Kongais à Maurice dans les années 70… On se sera prouvé capable de gérer cela et d’ailleurs le cadre légal s’assure que les étrangers n’investissent pas n’importe comment. »
Le National Resilience Fund de Duval a, selon Clency Appavou, déjà commencé à porter ses fruits. Les petites et moyennes entreprises devraient jouer un rôle dans le maintien de notre économie à flots.

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