400 travailleurs sur le pavé à la veille de Noël

  • Alors que certains ont travaillé jusqu’à fort tard hier, ils se sont retrouvés devant la grille cadenassée ce matin

L’usine de textile Texto Ltée, située à Vallée-des-Prêtres, a fermé ses portes, laissant ses 400 travailleurs dans le désarroi. Alors que la paie à la quinzaine pour les ouvriers aurait dû se faire aujourd’hui, la direction de l’usine a préféré mettre la clé sous le paillasson sans même en informer les employés. Récemment, cette usine était encore pointée du doigt car elle devait Rs 3,5 M au National Pension Fund (NPF), représentant la contribution des travailleurs. Environ 200 ouvriers bangladais n’ont pas reçu leur salaire du mois de novembre. Sans le sou, ils n’ont rien à manger non plus. Quant au directeur, Patrick Lee Chung, il n’a donné aucune nouvelle.

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La police a eu toutes les peines du monde à faire entendre raison aux employés de Texto, qui avaient investi la route de Vallée des-Prêtres ce matin. Ces ouvriers et membres de l’administration ont eu la surprise de voir la grille de l’usine cadenassée à leur arrivée ce matin, seul un panneau indiquant que l’usine est fermée jusqu’à nouvel ordre. Ces hommes et femmes en colère refusent de collaborer avec la police.

« Dir zot donn nou nou kass apre nou pou ale. Fer nou travay kouma bef, apre met nou deor kouma lisien », grondent-ils. Jean compte 22 années de service chez Texto. Il témoigne des conditions difficiles, mais s’est toujours accroché. « Ici, on confectionne des t-shirts. Nous travaillons jusqu’à fort tard. Mais quand il faut payer, il y a toujours un problème. En plusieurs occasions, nous avons reçu notre salaire en retard. Mais aujourd’hui, c’est un choc pour nous de voir l’usine fermée. Comment allons-nous faire ? » s’interroge-t-il. Wahiza, qui compte elle aussi une vingtaine d’années de service, affirme qu’hier, la responsable des ressources humaines leur a annoncé que la paie à la quinzaine, qui aurait dû se faire aujourd’hui, allait être versée lundi. « On a fait travailler les gens jusqu’à minuit et le matin, ils ferment l’usine. Que va-t-il se passer pour nos salaires et le boni de fin d’année ? Déjà que le staff et les expatriés n’ont pas eu de salaire de novembre… » déplore-t-elle.

Vanajah Ragoonaden, la responsable des ressources humaines, est elle aussi dans la rue. Elle confie que la direction lui a demandé d’annoncer le renvoi de la paie de la quinzaine à lundi mais qu’à aucun moment, il n’a été question de fermeture. « Nous avons entendu dire à plusieurs reprises que l’usine avait des difficultés financières. Mais jamais on ne m’a dit qu’on allait fermer. Hier, les expatriés ont travaillé jusqu’à minuit pour honorer les commandes. Il paraît qu’un receiver manager a été nommé. Nous attendons voir. »

De son côté, le syndicaliste Atma Shanto dénonce la manière de faire de la direction de Texto. « Ce n’est pas la première fois que nous nous retrouvons devant une telle situation. En 2015, l’usine voulait licencier 40 travailleurs. Elle a dû faire marche arrière quand nous avons protesté en bloc. Je lance un appel aux travailleurs pour qu’ils restent unis cette fois également. L’employeur a ses tactiques pour nous diviser et nous affaiblir, il faut être vigilant. » Ce dernier a préféré donner le mot d’ordre à ses membres de se mobiliser devant le ministère du Travail au lieu de manifester devant l’usine. « La décision doit se rendre ici. Nous attendons une réunion urgente avec le ministre du Travail pour trouver une situation. Nous sommes en pleine période de fêtes, à quelques jours de Noël. Ce n’est pas évident pour ces travailleurs de se retrouver dans une telle situation. »

Atma Shanto rappelle également que cela fait un certain temps qu’il y a des problèmes avec cette usine. « Elle devait Rs 3,5 M au NPF, représentant la contribution des travailleurs. Nous avons fait pression pour qu’elle paye cette somme afin que les employés puissent bénéficier de la Negative Income Tax. Alors qu’en janvier ces travailleurs auraient dû avoir droit à la compensation salariale et au salaire minimum, ils se retrouvent sans emploi. »

Le syndicaliste se dit déterminé à camper devant la Victoria House tant qu’une solution ne sera pas trouvée. A la mi-journée, il avait déjà eu une rencontre avec le directeur de l’Enforcement Division du ministère. Toutefois, il insiste pour que le ministre Callichurn prenne le dossier en main. Selon le ministère du Travail, Texto Ltée n’a donné aucun avis de fermeture, comme préconisé par la loi. On fait également ressortir que ce n’est pas la première fois qu’il y a des problèmes de relations industrielles avec cette usine.

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