8es JIOI RODRIGUES: La botte secrète de Maurice

Ces dernières années, les sportifs rodriguais ont brillé dans différentes disciplines au niveau national et international. Les 8es JIOI sont une occasion de plus de découvrir le potentiel de ces sportifs, qui s’entraînent souvent dans des conditions plus difficiles que leurs confrères mauriciens. En athlétisme, en boxe ou en judo, Rodrigues pèsera de tout son poids dans la délégation mauricienne.
Lorsqu’on évoque les JIOI avec Daniel André, son coeur s’emballe et l’émotion pointe dans sa voix. L’ancien spécialiste du 400m a été le premier athlète rodriguais à porter très haut les couleurs de la république.
Depuis, les sportifs rodriguais sont nombreux à faire honneur au pays. Qu’il s’agisse des champions du monde en kickboxing, James Agathe et Facson Perrine, ou du spécialiste du 200m, Éric Milazar, ils ont toujours affirmé leur appartenance à leur île.
Fierté
Aux prochains Jeux des Îles de l’océan Indien, Rodrigues ne compte pas faire de la figuration. “Rien que dans l’équipe d’athlétisme, il y a 20 Rodriguais sur un total de 54 athlètes”, souligne fièrement Daniel André. Une telle performance est le fruit d’un travail sans relâche au niveau technique et aussi de la persévérance des athlètes.
Daniel André se dit heureux d’avoir pu contribuer à la mise en place d’une structure pour encadrer les athlètes à Rodrigues, même si cela lui a pris deux ans pour convaincre les autorités. “À mon époque, il n’y avait aucune infrastructure dans l’île. Quand j’ai été repéré par Vivian Gungaram, à 16 ans, j’ai dû venir finir mes études secondaires à Maurice.” Aujourd’hui, grâce à cette structure, des athlètes comme Éric Milazar ont pu être repérés.
Frottement
Mais l’athlétisme n’est pas la seule discipline où les Rodriguais sont présents. La délégation de boxe comptera aussi Rodney Prosper (-81 kg) et Rilo Augustin (-91 kg). Pour l’entraîneur Mandino Farla, Rodrigues a beaucoup plus de potentiel que cela. Sauf qu’il est difficile pour les boxeurs rodriguais de se mesurer aux Mauriciens, qui ont plus d’opportunités. “Pour qu’un boxeur puisse progresser, il faut qu’il puisse se frotter à d’autres pugilistes de haut niveau. Ce serait une bonne chose si nos boxeurs pouvaient participer à des stages dans d’autres pays. Cela leur permettrait de s’améliorer.”
Mandino Farla souligne qu’il aurait souhaité voir Rodrigues participer aux Jeux comme une entité propre. “Je ne sais pas où commence et où s’arrête l’autonomie, mais cela donnerait plus de chance aux sportifs rodriguais.” Il révèle que pour pouvoir suivre ses boxeurs aux Seychelles, il a dû payer son billet de sa poche. Il avait dû faire la même chose pour les Jeux de Madagascar.
Ensemble
En matière d’autonomie sportive, Daniel André estime qu’il ne faut pas rêver. “Je ne pense pas que Rodrigues puisse un jour être une entité à part.” En revanche, en tant que coach, son objectif est de faire en sorte que les Rodriguais puissent faire de leur mieux pour trouver leur place dans la sélection nationale. “Peut-être qu’un jour, au lieu d’aligner 20 athlètes sur 54, nous aurons l’honneur d’en avoir 54 sur 54.”
Quoi qu’il en soit, Maurice et Rodrigues ne sont pas en compétition et le plus important est que la délégation rapporte un maximum de médailles, rappellent les deux entraîneurs. C’est ce que soutient également Éric Milazar, le fer de lance de l’athlétisme rodriguais. “Aux Jeux, il n’y a pas Maurice ou Rodrigues. Nous défendons tous les mêmes couleurs.”
Le champion du 400m rappelle que c’est aux JIOI qu’il a eu l’occasion de réaliser ses premières grandes performances. “On doit passer par là pour aller plus loin.” Aujourd’hui devenu un modèle pour les jeunes Rodriguais, Éric Milazar encourage ces derniers à se donner à fond et, surtout, à être patients. “J’ai moi aussi commencé à Rodrigues. Il a fallu beaucoup de persévérance et de discipline avant de pouvoir percer sur le plan national et international. L’athlétisme, ce n’est pas seulement une performance sur la piste.”
Ambiance
Même si pour des raisons personnelles, Daniel André a dû refuser son billet pour les Seychelles, il suivra de très près le parcours de ses protégés. Il estime qu’Elvino Pierre-Louis au lancer du disque; Enrico Louis au 4x100m; Maxwell et Nancy Evenor, respectivement à la longueur et à la perche; ainsi qu’Éric Milazar et Antonio Vieillesse au 400m, sont des médaillés potentiels.
Mais les JIOI, ce n’est pas uniquement des médailles et des records. Les jeux, c’est aussi un moment de fraternité entre sportifs. “J’ai participé à de grandes compétitions internationales, mais les Jeux des Îles, c’est différent. L’ambiance est plus conviviale.”
Aujourd’hui Senior Youth Officer dans l’île et encadreur par passion, Daniel André se rappelle lui aussi des bons moments passés aux JIOI. “Ma première participation remonte à 1985, à Maurice. C’est aussi le meilleur souvenir que j’ai des Jeux. Le jour où Maurice a remporté la médaille d’or en football, j’ai vu devant moi une nation. Le pays était uni, il n’y avait ni race ni communauté. Les Mauriciens de tous bords sont descendus dans les rues de Rose-Hill pour applaudir l’équipe de foot… C’était un moment très fort.”

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