Adieu Julien

Adieu Julien Lourdes, l’ami, le défenseur des plus démunis et des malmenés de la vie. J’ai connu Julien Lourdes alors qu’il avait sorti de terre le projet « Terre de Paix » qui n’était alors qu’une tente plantée à Camp Créole, Albion.
J’ai connu Julien à l’occasion de la descente aux enfers d’un proche, happé par l’alcoolisme et qu’il avait accueilli à bras ouverts ainsi que son fils à Terre de Paix. Terre de Paix accueillait tous les malmenés de la vie qui frappaient à sa porte, adultes, adolescents et enfants. Qui a oublié Ton Canon, David presque aveugle, la jeune Heidi et tant d’autres qui ont trouvé à Terre de Paix la chaleur d’un accueil et une prise en charge face à des lendemains qui ne chantent plus depuis longtemps. Julien Lourdes avait réussi le tour de force de créer à Terre de Paix une école maternelle pour les petits et un atelier du savoir pour les adolescents.
Au détour d’une sombre affaire faite d’allégations malfaisantes qui avaient trouvé un écho dans un journal dominical, Julien Lourdes a été dépouillé de Terre de Paix. Ce dimanche-là Julien m’a appelé de l’aéroport pour me demander s’il pouvait venir à la maison. Bien sûr qu’il le pouvait. Il est venu, m’a raconté son désarroi, lâché par sa congrégation et l’Église catholique qui ont préféré écouter la parole des accusateurs plutôt que la sienne. Dans les jours qui ont suivi, Rada Gungaloo et moi-même avons essayé de renouer le fil du dialogue entre l’ancien supérieur de la congrégation et Julien, faisant l’aller-retour entre les deux.
Dépouillé de Terre de Paix, Julien Lourdes a plié, mais il ne s’est pas rompu. Il a poursuivi son oeuvre en d’autres régions-la-misère, notamment à Ste-Croix auprès des jeunes. Mais ni l’Église catholique ni un hebdomadaire n’ont présenté des excuses à Julien Lourdes quand l’enquête a démontré que les allégations calomnieuses proférées ne reposaient sur rien.
Julien Lourdes n’a jamais abandonné son combat prophétique pour les plus démunis, pour les malmenés de la vie. Terre de Paix n’est plus Terre de Paix, mais le souvenir de l’oeuvre de Julien Lourdes à Albion (et ailleurs) demeure.
Lorsque nous l’avons revu à l’hôpital il y a peu, il était plein de vie, malgré sa chute et sa maladie qui l’ont confiné à un lit d’hôpital. Il était serein, avec son frère et ses livres à ses côtés et rien ne laissait présager un possible départ.
Adieu, Julien, mon frère.

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