AFFAIRE AUSTIN : L’ICAC dans l’oeil du cyclone

L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) pourrait se retrouver très bientôt dans l’oeil du cyclone au sujet de la fuite d’informations relatives au rendez-vous entre le Chief Investigating Officer de cette institution et un autre responsable avec Kathi Lynn Austin, Executive Director de Conflict Awareness Project. Cette affaire, qui suscite la controverse avec la confirmation que des membres de la famille Mohamed ont été en mesure de servir des documents pour un procès en diffamation à Kathi Lynn Austin à Londres, a été soulevée à l’Assemblée nationale mardi. Ce nouveau scandale pourrait être relancé très bientôt avec des indications précises au sujet de l’identité de la taupe, bénéficiant des connexions bien placées stratégiquement au sein de l’ICAC. En parallèle, les informations disponibles indiquent que l’enquête de l’ICAC sur cette affaire de trafic d’armes illégal ne sera axée que sur des délits éventuels de corruption lors des procédures pour l’octroi du Air Operation Certificate au nom d’Island Air Systems Limited et de Money Laundering avec les transferts de fonds effectués.
Jusqu’à la fin de la semaine, les interrogations au sujet de ce tip extrêmement crucial, qui a permis de déjouer les plans de Kathi Lynn Austin au sujet des Legal Proceedings sont restées sans réponse. D’ailleurs, à l’Assemblée nationale, mardi, répondant à une interpellation du député Showkutally Soodhun, le Premier ministre par intérim, Rashid Beebeejaun, a pris pour paravent la section 81 de la Prevention of Corruption Act pour soutenir que « it would be contrary to law for the Commission to disclose at this stage any information on the case ».
Alors que dans un premier temps, des soupçons auraient pu être entretenus au niveau de la haute commission de Maurice à Londres au sujet de cette fuite d’informations sur le déplacement de Kathi Lynn Austin dans la capitale britannique durant ce week-end précis, les derniers recoupements d’informations pourraient ouvrir une autre piste à Maurice. Une correspondance de dernière heure, circulant dans un cercle restreint, évoque la possibilité que la taupe, ayant communiqué cette information précise, bénéficierait de liens étroits et stratégiquement bien placés au sein de l’ICAC.
Cet intermédiaire, qui ne fait pas partie du personnel de l’ICAC, aurait été, par le biais de ses connexions privilégiées, « privy to extremely high level confidential details » au sujet de la décision de dépêcher à Londres des limiers de la Commission en vue de consigner la version des faits de Kathi Lynn Austin portant sur les dessous de ce projet de trafic d’armes avec Maurice en tant que tremplin. Ce qui expliquerait les démarches entreprises en vue de servir des Legal Papers, dont des Summons de la Cour suprême, à l’Executive Director du CAP à Londres.
En guise de récompense et de gratitude à cette « mission quasi impossible », vu que ces informations venant de l’ICAC sont extrêmement confidentielles pour ne pas dire secrètes, la taupe, qui est un des principaux lieutenants politiques des membres du gouvernement dans la capitale, a été promise un poste de Senior Adviser dans un important ministère avec tous les Fringe Benefits d’usage.
La communication dénonçant les dessous de cette affaire ajoute que le dossier de nomination de ce nouveau Senior Adviser n’attend que le feu vert au plus haut niveau ces jours-ci à moins d’un changement de dernière heure pour éviter les répercussions. L’auteur de cette lettre souligne que vu les connexions de l’intermédiaire, la nomination devrait passer comme une lettre à la poste et ajoute que « the source of my information is unquestionable ». En cas de la confirmation de ce scénario, l’ICAC devrait traverser une période d’extrême turbulence.
Du côté de l’opposition, l’on se prépare à revenir à la charge de ce dossier vu l’importance de l’institution en question dans la préservation de l’intégrité et de la lutte contre la corruption. D’ailleurs, intervenant à l’Assemblée nationale, mardi, le leader de l’opposition, Alan Ganoo, s’est appesanti sur le fait que « The information that this House wants to have from the hon. Ag. Prime Minister is the following : since we have learnt that when this lady was at the High Commission, she was served with a Summons, process papers in the context of a private civil suit. So, the question that the nation wants to know is : how come when a lady who is a witness and who has been given an appointment by the ICAC in our High Commission, a third party, the usher or the lawyer appears and serves a Court document on the said witness ? Wasn’t this a trap ? This is what we want to know ! »
Entre-temps, les recoupements d’informations qu’a effectués Le Mauricien indiquent qu’avec la déposition de Kathi Lynn Austin à l’ICAC, confirmant dans les grandes lignes la teneur de son rapport sur le projet de trafic d’armes, disponible sur internet et repris par la presse internationale et à Maurice, il n’est pas exclu qu’après les auditions du 19 au 21 mai au siège de la haute commission de Maurice à Londres des compléments d’informations soient recherchés auprès de Kathi Lynn Austin pour la suite de l’enquête initiée par l’ICAC depuis juillet de l’année dernière.
Les deux principales lignes d’enquête privilégiée par l’ICAC sont des délits éventuels de corruption et de trafic d’influence lors des démarches engagées par les promoteurs d’Island Air Systems Ltd (Mauritius) et de Money Laundering. Dans un premier temps, la Banque de Maurice avait entamé un « Special Examination » au niveau de sept banques commerciales aux termes de l’article 43 de la Banking Act en vue de s’assurer que les procédures prévues dans la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment de fonds étaient suivies.
Les clients concernés de ces banques sont Island Air Systems Ltd (Mauritius) ; Aeron Ltd ; Gibson and Hills Investment Ltd (Mauritius) ; Superfly Aviation (Mauritius) ; Superfly Holidays (MRU) Ltd ; Marie Teddy Sergio Harrison ; Andrey Kosolapov et Sergey Denisenko. Ces enquêtes ont confirmé depuis la fin de l’année dernière que pas moins de trois de ces banques commerciales n’étaient pas en règle avec les « prudential norms » imposées par la Banque de Maurice.
La Financial Intelligence Unit a également mobilisé ses ressources pour des enquêtes dans cette affaire. Ainsi, par rapport aux activités d’Island Air Systems Ltd, la FIU a procédé à l’examen de trois Suspicious Transaction Reports transmises par trois banques commerciales entre le 23 juillet et le 30 juillet 2012. Ces informations avaient été révélées à l’Assemblée nationale le 15 novembre de l’année dernière par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, suite à une Private Notice Question de l’ancien leader de l’opposition, Paul Bérenger.
L’ICAC, qui avait été informée de cet état de choses, devait conclure le 27 septembre 2012 que « the latter’s evidence has not disclosed elements of offences falling under the FIAML Act 2002. (Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act). » Ce même jour, la FIU était en présence d’une autre communication de Suspicious Transaction Report venant d’une banque à ce même sujet. Près d’un mois après, soit le 26 octobre 2012, l’ICAC devait revenir sur sa décision du 27 septembre en informant la FIU que « the report made by the FIU on 24 August 2012 is still under investigation at its level. »

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